5.Alma

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Cette conversation est vraiment n'importe quoi. Je balance à un inconnu tout ce que je retiens depuis des années et ce dont personne ne se serait douté. Mais en même temps il m'a poussé à bout
Il me fixe, c'est tellement pesant son silence avec ce regard sur moi. Je baisse mes yeux pour ne plus l'affronter.

« Tu sais que tu obtiens l'effet inverse de ce que tu souhaites?

- comment ça?

- Ben tu attires les regards sur toi. Les gens qui se cachent ont un gros sweat à capuche et des pantalons difformes.

- je m'en fiche, le seul regard que je ne supporte pas... c'est le mien. J'ai besoin de ça pour réussir à passer la porte de chez moi»

Je sens les larmes me monter, il faut qu'il arrête ça.

« Ça m'attriste vraiment ce que tu dis de toi... qu'est ce qui a bien pu se passer dans ta vie pour que tu en arrives là...

- je ne suis pas née avec le bagage « confiance en soi » »

Il lache un rire face à mon ironie avant de poursuivre.

« Ça on peut le dire, mais je peux savoir ce qu'il te manque pour avoir confiance en toi? Tu as un sacré caractère au fond, tu es belle et intelligente , je ne vois pas de barrière. »

Je déglutis. Il m'a dit que j'étais belle droit dans les yeux, sans ciller. Qu'est ce qu'il me fait? On est bien loin de la conversation que devrait avoir un interne et son étudiante.

« Merci...

- je t'en prie... si ça peut t'aider.

- je pense que rien ne pourra m'aider à retrouver l'estime que je devrais avoir envers moi même.

- tu n'es vraiment pas tombée sur les bonnes personnes »

Je lache un rire alors qu'il se lève pour se placer devant moi. C'est vrai que avoir été trompée trois fois ne m'a pas aidé à me sentir mieux.
Je lève le regard pour capter le sien, avec tout ça, j'en aurais presque oublié qu'il était vraiment beau. Et sa façon de me regarder , dans la lumière intime de cette pièce m'apaise étrangement. Il caresse ma joue, essuyant une larme qui y perlait.
Ses mains sont douces et chaudes comme je l'avais imaginé. Je les ai tout de suite remarquées ce matin alors qu'il examinait un patient. Je les trouvais parfaites visuellement, et maintenant qu'une d'elle est posée sur moi, ça ne fait que confirmer: parfaites. Il pose ses lèvres contre mon front et me serre dans ses bras. Un câlin, il me fait un câlin? Il a compris quand je lui ai dit que je ne voulais aucune attache? Mais maintenant que je suis blottie contre cette armoire à glace, entre ses bras chauds et tendres, je ne peux que savourer.
Il chuchote à mon oreille.

« Je vais t'aider à te voir telle que tu es vraiment... »

Pourquoi? Pourquoi? Bon sang je ne peux plus retenir mes larmes, je suis entrain d'inonder son pyjama vert. Et mes mains agrippent sa chemise dans son dos alors qu'il resserre son étreinte.
Bordel Max, qu'est ce qu'il te prend? Personne n'a été foutu de me dire ça avant toi? Aucun des pauvres cons qui ont croisé ma route. Pourquoi toi? Pourquoi tu t'intéresses à moi? Je n'ai aucun intérêt pour toi...
Je savoure ses paroles susurrées, est ce que c'est bien réel? Je ne sais pas, mais j'ai bien envie d'y croire.
Son bip retentit brisant le cocon qu'il venait de créer.

« Les affaires reprennent, ca va aller? »

J'acquiesce de la tête en essuyant mon visage. Je dois vraiment avoir une sale gueule, encore pire que d'habitude.

« Oui merci...

-J'ai le droit à un sourire maintenant que j'ai joué au gros nounours? »

Urgences Où les histoires vivent. Découvrez maintenant