37.Alma

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Allongés face à face sur le lit de cette chambre d'hôtel, on se regarde en silence. Je m'imprègne de ses traits qui m'avaient tant manqué. Il est beau, dans sa simplicité. Ses cheveux bruns décoiffés pas trop courts ni trop longs, ses yeux bleus de glace quelque peu tachés de bleu plus foncé tirant sur le vert, son nez fin, ses pommettes saillantes sur une mâchoire carrée, sa bouche parfaitement dessinée, je détaille chaque partie de son visage pour en faire une photo mentale, je ne sais pas si je les reverrai un jour. Je ne peux pas continuer à le faire souffrir. S'il a mal, moi aussi et c'est insoutenable de savoir que je suis la cause de sa détresse. Je ne peux pas arrêter mon stage et les mois qui suivent vont être d'une grande difficulté.
Il caresse doucement mon visage, et me chuchote.

« Dis moi ce que tu penses tresor... »

Je baisse les yeux, je n'arrive pas à soutenir son regard sachant qu'il n'y a plus d'avenir pour nous. Il soupire.

« tu penses que mettre fin à notre histoire pourrait nous faire aller mieux?

- je sais pas... non, mais poursuivre alors qu'on ne pourra rien changé au fait qu'on sera toujours à des kilomètres l'un de l'autre, non plus.

- et qu'est ce que tu veux toi? »

Je l'entends déglutir doucement, en suspens devant ce que je pourrais dire.

« Ce que je veux... c'est n'avoir jamais demandé cet interchu

- ... c'était ce qu'il fallait faire pour ta carrière. Tu as bien fait de le faire, c'est moi le fautif, c'est moi qui ai fait ce syndrome de sevrage à ma drogue.

- pourquoi Max? Pourquoi tu n'as juste pas fait ce que tu faisais avant de me connaître? Sans reproche aucun, quest ce qui t'est passé par la tête pour en arriver là?

- rien justement... je n'arrivais plus à y voir claire. Avant, quand je rentrais du boulot, je matais un film, je sortais boire un verre avec Greg et Tom, je parcourais internet... rien de palpitant. Et tu es entrée dans ma vie, et tu m'as apporté le pétillant dans ma vie, tous les jours...

- Mais quand on a rompu la première fois...

- tu avais coupé court, je n'avais pas d'autre choix que d'accepter et de reprendre là où j'en étais. C'était plus facile pour moi de me battre seul pour avancer que de me battre pour nous, pour faire que ça marche avec les contraintes que la vie nous imposait. »

Je soupire, il serait mieux si je sors de sa vie. Je murmure...

« Je suis toxique pour toi...

- Dis pas ca... tu es la meilleure chose que j'ai eu dans ma vie.

- La meilleure, mais la pire aussi. »

Les larmes reviennent, on ne s'en sortira pas, pas ensemble, je le sais. Et cette certitude me fait plus mal encore, si je veux le préserver, je dois m'écarter.

« Je t'aime Max... tu m'as apporté au delà ce que je pouvais espérer. C'est vrai, quand je regarde le chemin que j'ai parcouru depuis la fille complexée qui fuyait son propre regard, à aujourd'hui, je ne le dois qu'à toi. Tu m'as guérie, tu as ôté ce mal qui me rongeait depuis tant d'année. Avant toi j'étais incapable de faire la moitié de ce que je fais aujourd'hui. Le seul regard qui m'importait c'était le tien, et ce que j'y voyais me donnait la force de me surpasser et d'assumer celle que je suis.

- pourquoi j'entends un « mais » après cette magnifique déclaration? »

Je marque une pause, je dois le faire, pour lui.

« Je t'aime au delà de ce que tu peux imaginer, toi, celui que tu es. Mais... »

C'est tellement difficile, je ravale quelques sanglots avant de poursuivre.

Urgences Où les histoires vivent. Découvrez maintenant