6.Max

404 41 3
                                    

Je referme la porte de la chambre la laissant allongée sur le lit, non sans regret. Je ne sais pas si j'aurai fini par l'embrasser, mais je crois que cette fin était inévitable. J'en mourrai d'envie, ses lèvres m'appelaient comme un péché interdit. Mais le bip a retenti, nous arrachant à notre étreinte douce et apaisante. Je me secoue la tête pour me remettre les idées en place. Elle m'embrume l'esprit avec ses yeux saisissants et son sourire timide. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, j'ai envie de l'apaiser de ses tourments, lui montrer combien elle peut marcher la tête haute. Elle montre une femme forte à tout le monde mais il n'en est rien. La voir si fragile m'a donné envie de la prendre dans mes bras, et peut être même plus...

L'ascenseur s'ouvre sur le couloir menant aux urgences, je regarde l'horloge au mur: 4h du matin. La banette n'a qu'une seule planche d'étiquette. Je souris en me disant que je vais pouvoir vite retrouver ma belle.

Je traite l'urgence et fait mes prescriptions quand jenny s'avance vers moi.

« Alors c'était quoi?

- une probable appendicite, j'ai transféré à la chir à côté.

- tu vas pouvoir retourner te coucher »

Je regarde l'horloge 5h. Il reste 3h avant que la garde ne se termine, je soupire. Est ce que je dois vraiment retourner dans ce lit? Au fond j'en ai envie, mais peut être pas elle. Elle a été très claire dans sa façon de gérer ses relations, je ne sais pas trop sur quel pied danser. Et si elle attend que je revienne et que je n'y vais pas, ça ne fera que là conforter dans ce qu'elle pense déjà... bordel, ce dilemme me prend la tête. Allez j'y retourne, de toute façon je suis épuisé, au pire je me pose juste à côté d'elle et elle n'y verra que du feu.

En arrivant devant la porte j'hésite. Et si... et si rien du tout! J'actionne la poignée pour l'abaisser et ouvre doucement la porte. Je discerne son corps qui se dessine sur le lit, je souris, elle n'a pas bougé. J'enlève doucement mes sabots en plastiques et me faufile comme je peux à ses côtés. Elle me fait dos, je m'ose à poser un baiser sur sa tête, emplissant mes narines de leur effluve au passage.
Elle bouge un peu à mon contact, j'espère ne pas l'avoir réveillée. Je me remets sur le dos et fixe le plafond. Au fond j'aurai aimé qu'elle se réveille, qu'on reprenne là où on s'était arrêté. Mais c'est peut être mieux ainsi, qu'il ne se passe rien. Elle a été très claire dans ce qu'elle voulait comme relation avec les hommes et je sais ce que c'est que d'être en dernière année, à deux pas de la ligne finale, je veux pas m'immiscer et lui faire perdre ses objectifs.
Je la sens bouger à mes côtés, je me demande si elle sent que je suis là. Elle se retourne dans le lit, j'ai loisir à admirer son visage à peine éclairé par la réverbération des lumières extérieures. On dirait un ange quand elle dort, son visage est détendu et apaisé.

« Bonne nuit jolie Alma »

Je chuchote dans l'espace clos de cette pièce où j'aimerai que le temps s'arrête parce que je sais que quand on se réveillera, elle regrettera nos échanges.

Lorsque j'ouvre les yeux à la sonnerie de mon téléphone, comme je m'y attendais, je suis seul. Alma est déjà partie. Bordel mais qu'est ce qu'il m'arrive. Je me redresse, la tête encore endormie. J'attrape mon téléphone : 7h50. L'heure de rentrer au bercail.
Quand je me penche sur mon Sac pour attraper mes affaires, je remarque une feuille posée dessus. D'une jolie écriture, Alma m'a laissé un mot. Je me surprends à sourire comme un débile face à cette attention.

« Merci encore d'avoir sauvé le sommeil de ton externe et surtout merci d'avoir été un confident si compréhensif et attentionné. Passe un bon repos de garde, à demain. »

Mon externe...? Est ce qu'elle est juste mon externe aujourd'hui? Mais elle est quoi à vrai dire? Peu importe, son petit mot me touche, me témoigne que je me suis peut être trompé, qu'elle ne regrette pas, mais elle n'est pas restée, elle n'a pas voulu terminer notre aparté nocturne. Je pense la mettre réellement mal à l'aise, même si je ne fais que dire le fond de ma pensée.

Urgences Où les histoires vivent. Découvrez maintenant