Chapitre XXI : Le Sanctuaire d'Okuninushi

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Yoko émergea lentement de sa torpeur, ses yeux clignotant pour s'habituer à la lumière tamisée qui filtrait à travers les rideaux de bambou. Elle prit conscience qu'elle était couchée sur un lit confortable, constitué de tiges de bambou tressées, recouvert de couvertures épaisses et moelleuses pour la réchauffer. Elle tourna la tête et aperçut Ezume assis à son chevet, les traits tirés et les yeux cernés par l'inquiétude et la fatigue. Il tenait sa main dans la sienne, la caressant tendrement, avec une expression de soulagement sur son visage, soulagé de constater qu'elle avait repris connaissance. Il s'inclina vers elle, esquissant un faible sourire, et lui demanda d'une voix douce :

- Comment vous sentez-vous ?

- J'ai un peu mal, mais je vais mieux, répondit Yoko d'une voix faible.

- Je suis ravi de l'entendre.

- Où suis-je ? demanda-t-elle.

- Vous avez été gravement blessée, donc nous n'avions pas d'autres choix que de vous transporter au sanctuaire d'Okuninushi, le kami des médecins et de la guérison. Vous avez été plongée dans un sommeil profond pendant une semaine, mais maintenant, vous êtes hors de danger. Je vais convoquer un guérisseur pour lui annoncer votre réveil.

La douleur persistait, et Yoko se retrouvait immobile, incapable de se mouvoir. Toutefois, l'environnement qui l'entourait avait quelque chose de rassurant. Elle se trouvait dans une vallée paisible, dans un écrin de verdure, où les montagnes s'élevaient fièrement, où les cascades bruissaient mélodieusement. Le sanctuaire, quant à lui, était baigné d'une atmosphère sereine, bénie par la présence d'une statue imposante, sans doute celle d'Okuninushi. À ses pieds, des offrandes abondaient en fruits et en légumes, prêts à être offerts aux dieux. Les bâtiments étaient à l'image du lieu, faits de bois ancien, toits de chaume et murs couverts de lichen, semblant avoir résisté au passage des siècles. Dans ce cadre apaisant, Yoko remarqua avec surprise ses deux ouvrages reposant près d'elle. Elle les pensait perdus à jamais, mais ils étaient là, témoins de sa mésaventure passée. Elle s'aperçut également des tâches de sang qui maculaient les pages, faisant ressurgir les souvenirs de sa nuit douloureuse. Cependant, malgré les douleurs qui la tenaillaient, Yoko ressentait une gratitude immense envers Tama et Ezume, qui l'avaient portée jusqu'ici et lui avaient permis de trouver refuge dans cet endroit paisible.

Ezume revint bientôt accompagné d'une guérisseuse aguerrie, portant avec elle un panier garni d'herbes médicinales et d'outils pour les préparer. Elle salua Yoko avec déférence et se mit aussitôt à l'ouvrage, concoctant une infusion d'herbes afin d'apaiser la douleur lancinante de la jeune femme. Elle expliqua à Yoko que ces plantes étaient renommées pour leurs vertus curatives et analgésiques. Elle lui administra également des onguents pour cicatriser ses blessures, puis l'aida à se plonger dans un bain d'herbes médicinales pour soulager ses douleurs et stimuler sa guérison. Utilisant des plantes telles que le romarin et la lavande, elle fabriqua des sachets qu'elle plaça sur le front de Yoko pour apaiser ses migraines. Enfin, avec délicatesse, elle massa les zones endolories avec des huiles de plantes médicinales pour améliorer la circulation sanguine de Yoko et hâter sa convalescence. Yoko se sentit instantanément soulagée, ses douleurs se dissipèrent et elle ressentit une certaine sécurité à présent.

Il se passa plusieurs jours durant lesquels Ezume demeura à ses côtés, prenant soin d'elle avec une diligence et une dévotion exemplaires. Il lui apportait de délicieux mets, préparés avec soin par les guérisseurs du sanctuaire, et veillait à remplir son bol d'eau fraîche, changeant avec minutie ses bandages. Néanmoins, il était tourmenté par l'absence de confidences de la jeune femme quant à ce qui s'était passé dans les sombres cavernes. Il avait conscience de l'ampleur de ses blessures, mais Yoko refusait obstinément de dévoiler la cause de ses malheurs. Il ne savait si elle cherchait à lui épargner des souffrances ou si elle avait elle-même peur de se remémorer ces événements pénibles. Cependant, il ne pressa point la question, préférant laisser les choses suivre leur cours. Il se tint simplement à ses côtés, lui prenant la main et la réconfortant de paroles douces et bienveillantes.

Les Élémentalistes T1 - Le Forgeur de CauchemarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant