Je jetais un rapide regard en biais autour de nous avant de localiser une pierre assez grande pour m'y asseoir. J'ignorais combien de temps allait durer notre petit entretien, mais je ne voulais pas en rater un mot. Et pour cause, c'était la première fois que mon professeur de combat rapproché initié le dialogue entre nous depuis qu'il connaissait ma véritable identité. Et je comptais bien en profiter pour mettre les choses au clair et essayer de résoudre enfin le mystère de son comportement à mon égard. J'avais besoin de savoir concrètement si, oui ou non, il était prêt à me sauter dessus au moindre signe de faiblesse.
A mesure que les minutes s'écoulèrent, les voix des filles s'estompèrent bientôt recouverte par le piaillement des oiseaux des alentours.
- Je vous écoute.
De Belloy se retourna vers moi. Ses cheveux blancs était attaché en une petite queue de cheval et les manches de son t-shirt étaient repliés sur ses avant-bras couverts de cicatrice. Je ne pus m'empêcher de noter que sa tenue de sport, bien que recouverte de poussière et de tache de boue, ne l'empêchait en rien de renvoyer le même charisme que d'habitude quand il portait ses pantalons de toile et ses fins polos d'hiver. En comparaison, Hector, le directeur des tueurs, ressemblait à un adolescent à peine pubère.
- Je voulais m'excuser, enchaina Monsieur De Belloy de suite.
- Sur quel sujet ? demandais-je pas très certaine de comprendre où il voulait en venir.
- Pour Hector. Il n'avait pas à organiser cette traque. Et surtout pas comme ça, de cette manière et avec toi toute seule comme cible à abattre.
Sa voix était aussitôt devenue beaucoup plus rauque. Apparemment, la seule mention de cet évènement suffisait à raviver sa colère, lui qui d'habitude était si calme.
- Et en quoi vous en êtes responsables au juste ? tentais-je de comprendre.
Donovan qui était alors en train de tourner en rond devant moi, se rapprocha. Je ne pus m'empêcher de noter que ses mains étaient de nouveaux en proie à la rage qui l'habitait et qu'elles ne cessaient de s'ouvrir et de se fermer nerveusement. Pourtant, malgré les éclairs qui dansaient dans ses pupilles noirs, je ne ressentais aucune peur.
- Je le suis pas directement, tenta-t-il de m'expliquer, mais j'aurais dû comprendre en voyant les tueurs de ta classe errés comme des sentinelles dans l'école. Surtout au vu de leur équipement.
Il se remit à tourner en rond en marmonnant dans sa barbe de 3 jours. C'était la première fois que je voyais mon professeur aussi agité.
- J'ai beau vous tenir en haute estime Monsieur De Belloy, je ne vous prends pas non plus pour un oracle si c'est ce qui vous inquiète.
- Qu'importe, me coupa-t-il, ça n'aurait jamais dû arriver.
Il s'arrêta prêt d'un arbre avant d'y donner un gros coup avec le côté du poing.
- Je t'interdis de te mettre de nouveau en danger comme tu la fais. La prochaine fois que tu te trouves dans ce genre de situation je veux que tu viennes me voir tout de suite. C'est compris ? Dans n'importe quelle situation où tu es même légèrement en danger, tu viens me voir ! s'exclama-t-il le souffle court en appuyant fortement sur le mot danger et le verbe venir.
J'étais, pour être totalement transparente, assez interloqué par son petit discours. Comment pouvait-il me faire la morale sur la manière dont j'avais géré l'incident, alors que ma propre mère ne m'en avait même pas piper mot ? Et était-ce vraiment dans cet unique but qu'il nous suivait à la trace, mes amies et moi, depuis plus d'une demi-heure ? Pour me faire la morale. Tout ça parce que n'avait pas demandé d'aide extérieure alors que j'étais clairement consciente que Hector était en train de dépasser les limites ? Quelque chose m'échappait clairement et il était hors de question que je laisse cette incompréhension, comme les dizaines d'autres qui me hantaient nuit et jour, perdurer.
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Surnaturelle, tome 2: POUVOIR
ParanormalToute ma vie, j'ai voulu sortir de l'obscurité. Que les gens me connaissent, qu'ils sachent qui j'étais : mon prénom, mon nom, ma race et surtout ma filiation. Et aujourd'hui, c'est enfin le cas. Sauf que voilà, les derniers événements font que je c...