Chap 21 : Un sursis de deux mois

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Je soulevai le drap d'un geste vif, de peur que le courage ne me quitte si je m'octroyais ne serait-ce qu'une seconde de réflexion de plus. Le visage de ma mère apparut et je fus instantanément frappé par la singulière sérénité qui s'en dégageait. Elle semblait dormir d'un sommeil paisible comme jamais je ne lui en avais vu. C'était... très inhabituel de la voir comme ça, même pour moi. Très intime. Je clignais des yeux chassant les larmes qui montaient. Ce n'était pas le moment, mais par la Déesse, comment la simple vue de ma propre mère pouvait-elle me paraitre si étrangère ? Comment ma génitrice pouvait elle ressembler à une parfaite inconnue en ayant juste les yeux fermés et une expression détendue sur le visage ? Mais le pire dans tous cela, c'était que de prime abord, tout laissé penser qu'elle était dans les bras de Morphée. Son corps n'arborait aucune cicatrice, aucun indice sur le pourquoi de son état hormis sa jambe tordue. Et pourtant, quand mes yeux c'étaient posé sur elle ce matin, j'avais instantanément su que toute vie l'avait quitté. Car avec la vie, venait inévitablement la magie. Et plus une goutte n'en émanait de son être. Je devais me faire à l'idée, ma mère était morte et son âme était en chemin pour rejoindre la Déesse.

Je finis de rabattre le drap immaculé à ses pieds, avant de laisser mes doigts courir sur la peau nue de ses bras à la recherche de la moindre information sur ce qui l'avait conduit à se retrouver ici. J'allais même jusqu'à vérifier que ses chaussettes étaient bien les siennes. Toutefois, malgré tous mes efforts, je ne découvris pas le moindre signe tangible pour étayer une quelconque hypothèse. Ma mère semblait s'être comme éteinte dans son sommeil. A la différence que quelqu'un l'avait volontairement déposé devant l'unique représentation de la divinité des sorcières à Saint Maxime. Et qu'il avait pris soin, de manière volontaire ou non, à tourner son visage vers la statue. Sans oublier que... ces vêtements étaient curieusement propre alors même qu'elle portait une chemise blanche et une jupe crayon qui, elle me l'avait dit, l'empêcher de se mouvoir librement et qu'elle craquait dès qu'elle écartait ses jambes de plus de 5 cm l'une de l'autre. Bref, ce n'était en rien une tenue que ma mère aurait volontairement porté pour fuir cette école. Tout ça n'avait vraiment aucun sens.

Je fronçais les sourcils. Le coupable en question pensait-il sincèrement que j'étais assez crédule pour penser que ma mère avait naturellement quitté ce monde ? Et pourquoi avait-il pris aussi soin de cacher ce qu'il lui avait fait tout en mettant sa mort en scène de manière aussi théâtrale ? De toute façon peu importé, car il était hors de question que je le laisse gagner. Je devais trouver quelque chose. J'allais trouver quelque chose. Comme disait si bien ma mère, la magie laissait toujours une trace, aussi infime soit elle. Il fallait juste savoir être attentive. Je fis glisser mes mains jusqu'à ses longs cheveux noirs avant de doucement poser mes doigts sur ses tempes et de fermer les yeux. Au début, je n'envoyais qu'une timide vague d'énergie, histoire de m'assurer lentement mais surement que personne n'avait scellé son esprit. J'en doutais car ce genre de sorts demandaient un certain temps pour être mis en place. Toutefois, je devais redoubler de prudence. Surtout si le coupable en question avait réussi à prendre le dessus sur maman.

Sans réponse suite à la première vague de magie, j'en envoyais une seconde un peu plus fort qui me revint partiellement. Mon corps se crispa à la violence de la découverte que je fis et je faillis laisser échapper un sanglot qui se mua en une unique larme silencieuse. Ma mère s'était littéralement fait grillé le cerveau. Et je connaissais le sort qui avait été utilisé sur elle pour ça. Il s'agissait de l'ancien enchantement qui répondait au nom du « viol de l'âme ». Je l'avais étudié quand elle m'avait fait travailler les sorts de tortures que notre communauté avait utilisé lors de la Grande Guerre. Et j'étais sûre d'une chose, c'était que s'il n'était plus enseigné au jour d'aujourd'hui ni même implicitement cité, c'était bien pour une raison. Maman avait certes fait des choses horribles et compter un nombre d'ennemis ahurissant tout au long de son existence. Cependant jamais elle n'avait pris plaisir à torturer quelqu'un. Quand elle tuait c'était toujours brutal, oui, mais surtout rapide.

Surnaturelle, tome 2: POUVOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant