Chapitre 7

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La jeune femme était restée secouée par son échange avec le néerlandais. Elle avait l'impression de s'être faite prendre au piège par le jeune homme et elle n'aimait pas ça. Habituellement, c'est elle qui menait la danse, encore plus lorsqu'elle préparait tous ses coups à l'avance. Maniaque du contrôle depuis sa plus tendre enfance, elle ne pouvait pas se permettre d'être débordée par le pilote. Or, ce coup là, elle n'avait pas pu le prévoir. Cela lui prouvait qu'elle devait être encore plus sur ses gardes. Elle n'avait pas le droit à l'erreur. Le néerlandais était tout aussi imprévisible et prévoyant qu'elle.

Alors qu'elle rentrait sur le paddock, elle se rendit compte que le pilote numéro un de son écurie était en pleine interview un peu plus loin. Elle le voyait, assis dos à la mer. Elle écouta d'une oreille attentive ce qu'il se disait. Ils lui posèrent forcément des questions sur son père. La jeune femme grimaça à l'entente de la question, redoutant les réponses de Verstappen. Max semblait y répondre comme si de rien n'était et elle en était plutôt surprise. La dernière fois elle l'avait attaqué la dessus et il avait démarré au quart de tours. Elle était étonnée qu'il n'envoie pas balader les journalistes. Après tout, il était sûrement habitué avec eux.

Elle riait jaune quand il parlait de son enfance. C'était comme si, sur le moment, le jeune homme ne se rendait pas compte que ce que son père lui faisait subir n'était pas normal. Il avait assimilé beaucoup de choses comme étant normales alors que c'était tout le contraire. La britannique grimaça lorsqu'elle se rendit compte qu'ils n'étaient pas si différent. Elle n'était pas forcément en accord avec ce qu'il disait, mais elle ne pouvait pas démentir une chose : il avait le talent et la détermination pour accomplir de grandes choses.

Hera croisa son regard et lui sourit amicalement et surtout faussement avant de continuer son chemin. En arrivant au garage elle comprit bien vite qu'aujourd'hui pourrait être une bonne journée. Les bruits courraient déjà que Leclerc pourrait être forfait; laissant Verstappen seul sur la première ligne. Cette information se confirma bien vite lors du tours de formation lorsque la Ferrari rentra au stand et éteignit son moteur. Max Verstappen était bel et bien seul devant. Toute l'équipe était déjà enjouée et se motivait encore plus pour réussir cette course.

De son départ à la fin du grand prix, il avait piloter comme il la fallait : impérialement. Il était au dessus de tous à ce moment là, jamais inquiéter par son rival qui était perdu quelques places derrières lui. Il était loin devant et s'il ferait alors sa première victoire sur les terres monégasques.

Elle trouva le temps d'aller voir Lewis avant que le néerlandais ne revienne. Elle savait qu'elle devait être présente pour l'équipe, mais elle avait besoin d'aller prendre des nouvelles du septuple champion du monde. Elle avait besoin d'être rassurée par la champion du monde en titre. Ce denier l'accueillit avec le sourire et la prit dans ses bras. Elle se rendit immédiatement mais ne laissa rien paraître. Il ne faut pas inquiéter son entourage avec ses soucis se disait-elle.

« C'est frustrant, mais pas inquiétant, répond-il.

- Ça ira mieux après.

- Exactement »

Contre toutes attentes, il la prit dans ses bras une nouvelle fois et surtout en la remerciant doucement. La britannique ne savait que faire face à ce geste inattendu de la part de son compatriote. Elle ne supportait pas ce contact, il lui brulait la peau, comme avec Daniel. Alors elle se défit rapidement sous le regard surpris du pilote Mercedes. Une fois pouvait passer, pas deux en l'espace de cinq minutes. Elle en profita ensuite pour fuir et rejoindre son équipe.

Max était là, trempé de champagne. Il la regardait avec un sourire en coin avant de lui proposer un verre. Elle accepta volontiers et s'approcha de lui pour le récupérer. C'est à ce moment là qu'il choisit son moment pour lui souffler à l'oreille.

« Tu vois dans quel camps tu dois être maintenant ?

- Je pense que oui, sourit-elle. »

Il lui rendit avant de l'abandonner. Elle en profita pour observer l'équipe qui fêtait cette victoire. La première victoire du néerlandais sur ce circuit mythique. Ce qu'elle ignorait et qu'elle découvrit au même moment que son père, c'est que le néerlandais prenait la tête du championnat pour la première fois depuis le début de la saison. Lui semblait bien au courant puisque son sourire en coin ne bougea pas. Elle avait du mal à s'en réjouir car cela n'arrangerait pas les affaires de Mercedes.

Alors qu'elle prit le chemin du parking pour rentrer tôt à l'hôtel, elle fut stopper par un bras. Elle rencontra le regard sévère du patron des flèches d'argent. Les bras croisés, appuyés contre le dossier de sa chaise de bureau, il la toisait du regard: cherchant la moindre faiblesse et la moindre faille de la jeune femme. Elle déglutit difficilement tout en le suivant.

« Hera, comment ça avance ?

- Je le cerne de plus en plus.

- Mais encore ?

- Il semble plutôt réceptif ? »

Même là elle n'était pas sûre de ce qu'elle avançait. Le patron d'écurie était tendu et elle le sentait. Elle était totalement intimidé par lui. La britannique était effrayée de dire quelque chose qui mettrait le feu au poudre, même si la mèche semblait déjà bien allumée et attendrait le point de non retour à un moment ou à un autre. Elle se revoyait face à d'autres hommes à l'époque où elle était bien plus faible mentalement. Elle refusait de se laisser impressionner de nouveau par un homme. Elle n'avait pas le choix que d'attaquer constamment pour ne pas se montrer faible.

« Tu n'avances pas assez vite. Il vient de prendre la tête du championnat et-

- Toto, commence-t-elle en reprenant contenance, estimez-vous déjà chanceux que j'accepte cette petite magouille, vous n'allez pas non plus me mettre la pression ? Si je me souviens bien, Lewis à rater ses qualifications, ce n'est pas de ma faute non ? »

Le ton condescendant qu'utilisait la jeune femme avait le don d'irriter Toto plus qu'il ne l'était déjà. Il avait envie de descendre cette gamine pourrie gâter pour qu'elle arrête de se sentir autant supérieure. Il connaissait bien son père et il ne pouvait que penser qu'elle était sa digne fille. Il s'avança, décollant son dos du dossier de la chaise, et posa ses deux mains sur son bureau avant de la regarder droit dans les yeux. Il allait répliquer, il savait déjà comment l'attaquer, mais la gamine devant lui eut une nouvelle fois l'audace de lui couper l'herbe sous le pied.

« Mettez-moi la pression et vous pourrez oublier notre accord.

- Tu oublies bien vite la place de pilote pour ton frère.

- Ça fait bien longtemps qu'il n'espère plus. »

Elle quitta le bureau avant même d'avoir une réponse. Satisfaite de ce qu'elle venait de dire. Elle marcha fièrement jusqu'au parking où l'attendait son taxis. Elle prit la route jusqu'à l'hôtel et se surprit à envoyer un message au néerlandais. Finalement, elle avait peut-être envie de passer à la vitesse supérieure et de se laisser aller. Elle en avait assez qu'on lui dicte constamment ce qu'elle devait faire de sa vie.

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