L'Arbre

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Buck regarda l'Arbre et posa la main dessus pour transmettre un peu d'énergie.

Il savait qu'il devait redoubler d'efforts dans sa dernière semaine de présence dans le monde d'en haut. L'Arbre avait besoin de plus de son attention pour survivre à six mois sans ses soins.

Il avait trouvé une certaine routine à présent et l'Arbre retrouvait sa grandeur d'autrefois. Sa production était plus que suffisante pour nourrir tous les dieux. Il n'avait presque plus besoin d'utiliser son pouvoir pour le soigner.

L'Arbre vibrait sous sa paume et Buck avait appris à communiquer avec lui.

C'était étrange à expliquer mais il lui semblait que l'Arbre était son seul véritable ami dans le monde d'en haut. Ils communiquaient en se transmettant des flux d'énergie et Buck lui parlait d'Eddie, de Christopher, de leur famille.

L'Arbre semblait se soucier du bien être de sa famille et il lui avait fait cadeau de trois graines qu'il avait rapporté aux enfers, pour cultiver et récolter sa propre ambroisie. Il le faisait pour Christopher et l'Arbre lui demandait des nouvelles à chaque fois qu'il revenait de chez lui.

L'Arbre semblait satisfait de ses réponses et Buck se sentait moins seul.

Christopher est capable de s'occuper de notre arbre en mon absence et il s'en occupe bien, informa-t-il l'arbre par la pensée.

Nos petits grandissent ensemble et prennent soin l'un de l'autre, lui répondit l'Arbre.

Eddie en faisait tout autant, se dit-il à lui-même.

Ses deux amours lui manquaient terriblement et il était pressé d'être au lendemain, de pouvoir les retrouver et de passer les six prochains mois pressés les uns contre les autres, seulement à s'aimer et rattraper le temps perdu.

– Tu fais de l'excellent travail, Perséphon, le félicita soudain sa mère. Il est encore plus beau qu'avant.

Buck lui jeta un œil alors qu'elle avait posé sa main sur le tronc de l'Arbre.

Buck n'aimait pas venir ici. Il n'aimait pas rester six mois loin de sa famille. Il n'aimait pas devoir boire un élixir nauséabond chaque année pour pouvoir survivre dans le monde d'en haut.

Il était heureux que les effets en soient temporaires, ça lui permettait d'avoir un argument de taille pour les contraindre à le laisser rentrer. Il savait qu'Eddie et Christopher devaient être impatients de le revoir.

Cela faisait déjà quatre ans que ce rythme était établi.

Personne ne savait que les enfers avaient à présent leur propre Arbre dans les jardins du palais. Celui-ci avait besoin de beaucoup de soin et du soleil qu'il emmagasinait six mois de l'année en lui pour le faire rejaillir sur l'Arbre, les six mois suivants. Il était confiant, Christopher prenait bien soin de leur arbre.

Eddie et lui étaient les seuls à savoir ce qu'était vraiment leur arbre.

– Merci, souffla-t-il conscient que sa mère attendait une réponse. Pour le compliment et pour m'épargner les larmes cette fois.

Déméter se tourna vers lui avec un sourire.

Buck ne se laissa pas attendrir. Elle était sa mère mais elle était la seule responsable de ce qu'était devenu leur relation. Malgré tout, il aurait aimé qu'elle se repente, au moins un peu, d'avoir essayé de gâcher sa vie.

– Tu sais, je ne te blâme pour rien et je t'aime, tu es ma mère. Mais j'aime aussi Hadès et il me manque. Te voir pleurer au moment où je dois le retrouver, ça assombrit un peu mon bonheur.

– Je sais et je sais que tu l'aimes. Tu as toujours eu un cœur d'or. Tu as tellement de pouvoirs et de puissance et tu es si jeune et naïf encore. Et Hadès est dangereux...

– Mère, la gronda-t-il.

– Justement je suis ta mère, insista-t-elle. Qui d'autre peut t'ouvrir les yeux ?

– Je ne veux pas me disputer avec toi.

– Moi non plus. Perséphon, tu n'es pas obligé d'y retourner. Nous avons trouvé le remède à cette malédiction qui te frappe.

– Tu veux dire que je peux de nouveau me promener ici sans avoir besoin de boire l'élixir qui pue ?

– Tu es parfois si enfantin, se moqua-t-elle tendrement. Mais oui, ton calvaire prend fin.

Buck était heureux dans le monde souterrain mais il devait admettre que le soleil lui manquait terriblement. Il faisait parti de son essence et il était bien plus fort quand il n'était pas privé de sa lumière.

– Mère, je suis heureux, très heureux d'être enfin libre d'aller et venir, lui sourit-il. Il est plus difficile de fertiliser la terre du sous-sol. La gravité me complique grandement la tâche.

– Tu n'auras plus jamais à y retourner, lui affirma-t-elle. Tu es maintenant libéré de la cage dans laquelle t'avait enfermé Hadès.

Buck fronça les sourcils.

Sa mère détestait tellement ardemment son mari sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi. Les a-prioris ne pouvaient pas tout expliquer. Il n'avait même pas envie d'entrer dans cette discussion. Pas encore. Pas quand il allait bientôt rentrer chez lui.

Il prit une inspiration et serra les poings.

– Je suis son mari mère, pas son prisonnier.

Déméter le foudroya du regard.

Elle ne comprenait pas son amour pour Eddie, elle ne pouvait pas comprendre. Elle avait toujours été une femme froide et ne s'était jamais intéressée à l'amour. Sa seule faiblesse était son envie d'enfanter.

Finalement, il la trouvait assez pathétique.

– Il t'a épousé de force, Perséphon, hurla-t-elle.

– Bien sûr que non ! s'énerva-t-il. Je voulais rester avec lui. J'ai ingéré la nourriture des enfers contre son gré pour rester à ses côtés, pour que rien ni personne ne puisse jamais nous séparer et s'il le fallait je recommencerai.

Buck pouvait dire que sa mère était furieuse.

Cependant elle se contenta de croiser les bras sur sa poitrine alors que les deux gardes préférés de Zeus vinrent se poster juste derrière lui.

– Encore faudrait-il que tu puisses y retourner, le nargua-t-elle.

Buck fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'elle venait de dire.

– Vois-tu, mon fils, poursuivit-elle. L'élixir que tu as ingéré voilà six mois était le remède dont je viens de te parler. Mais il a un autre atout. Il te ferme l'accès au monde souterrain pour toujours.

Buck sentit son souffle se couper d'effroi.

– Tu ne pourras plus jamais trouver le chemin des enfers. Ses portes te sont à tout jamais fermées.

Buck cru que ses jambes allaient défaillir. Mais déjà les deux dieux le maintenait sur place, entravant ses mouvements.

– Mère, mais qu'as-tu fais ? cria-t-il.

– Je te sauve mon fils, lâcha-t-elle alors qu'il était emmené loin des jardins. Même si c'est malgré toi.

– Qu'est-ce que tu as fait, mère ? hurla-t-il. Pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi, mère ? Pourquoi ?

9-1-1 - Mon âme-soeur - (AU)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant