Chapitre 2

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Depuis mes dix-huit ans, j'enchaînais les petits boulots, après avoir passé mon permis. De façon totalement volontaire, je ne signais jamais pour des longues durées, je voulais expérimenter plusieurs domaines afin de trouver ma voie.

Je regrettais parfois d'avoir été contrainte de stopper mes études, et de ne jamais avoir repris. Mais j'essayais de me ressaisir, de me rappeler les raisons de tout cela, et de ne jamais oublier ce que j'avais traversé. Je m'étais promis d'être fière de moi quoi qu'il arrive.

Nous vivions à quelques kilomètres de Londres, et malgré mon manque de diplôme, je n'avais aucun mal à être embauchée. De plus, les posts à pourvoir de la ville ne se faisaient pas rare, et évidemment lors de mes entretiens, je ne manquais pas de dire que j'étais la fille de Trisha et Yaser Malik.

J'aimais la polyvalence, avoir la possibilité de tester plusieurs choses afin de comprendre ce qui était fait pour moi ou non. Il est vrai que sans qualification, je n'ai pas pu essayer tout ce que je voulais, mais je me contentais de ça. C'était déjà énorme.

J'aimais aussi le fait de pouvoir bosser un mois ou deux dans une entreprise, stopper, et reprendre quelques mois plus tard dans une autre. Je me le permettais étant donné que je travaillais pour le besoin de découverte, de dépense mentale et l'envie de me sentir utile, et non car j'en avais besoin pour vivre.

La vérité, c'est que je ne me sentais pas capable d'avoir un travail à temps plein, un travail où je me lèverais tous les jours de la semaine avec pratiquement pas de repos, et ce pendant toute ma vie. Je savais que c'était ce que faisait tout le monde, mais personnellement pour le moment, j'avais besoin de temps de répit, et ma façon de procéder  me le permettait. Il était certain que c'était une phase passagère, mais pas moins nécessaire.

J'avais d'ailleurs trouvé un job en tant que vendeuse quelques semaines auparavant. Il s'agissait d'une boutique de vêtements de seconde main et mon contrat se terminait, ce jour-là. Mon patron avait été étonné de voir que je voulais travailler chez lui, je lui avais simplement répondu qu'être riche ne voulait pas dire que je refuserais de travailler dans des boutiques à prix modéré. Au contraire, je me sentais utile aux autres de cette façon, ça me plaisait.

C'était bientôt la fin de la journée et j'avais hâte de rentrer chez moi, un repas était prévu avec mon frère et ma mère ce soir là, on ne la voyait pas souvent alors c'était quelque chose de très attendu.

J'étais en train de réfléchir à tout ça, lorsque quelque chose, ou plutôt quelqu'un, attira mon attention.

C'était un jeune homme qui venait d'entrer dans la boutique. Il portait des habits dans les tons marron, et avait un style ancien basé sur une chemise blanche, des bretelles beiges et un pantalon brun légèrement trop grand pour lui. Ça faisait très vintage, mais j'aimais beaucoup.

Je me souviens qu'il fascina mon regard instantanément. Depuis ma caisse, je le contemplai, c'était assez facile étant donné que mon comptoir donnait sur toute la petite boutique.

Il scrutait chaque habit susceptible de lui plaire, et je ne saurais expliquer ça, mais de là où j'étais, je percevais son calme que j'imaginais naturel, et sa concentration imperturbable sur ce qu'il faisait. Rien ne pouvait le déconcentrer, ni l'enfant qui courrait autour de lui en criant, ni les deux filles qui le regardaient avec insistance, il n'y prêtait pas du tout attention en vérité, et ni ce garçon qui semblait se moquer de lui pour une raison qui m'échappait.

Je restai là plusieurs minutes à observer ce qu'il faisait, essayant un peu plus de capter les informations à son sujet que je pouvais comprendre de moi-même. Une aura vraiment spéciale émanait de lui, quelque chose de doux, et de rassurant.

A fleur de ton âme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant