Chapitre 26

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Quand je rentre à la maison en portant mon sac comme un cadavre, je trouve mes parents sur le palier du salon, les bras croisés et un air fort réprobateur sur le visage. Apparemment, ils n'ont pas beaucoup apprécié ma petite disparition, même fort brève et parfaitement justifiée. Certes, je n'ai pas pu démasquer une vampire, mais ce n'est pas faute d'avoir essayé.

— Bonsoir bonsoir, j'essaie de clamer d'un ton joyeux.

Mais ma voix est beaucoup plus aiguë que de coutume et je dois m'y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à retirer mes chaussures. La faute à mon cerveau trop actif, sans doute.

Ni mon père ni ma mère n'ont prononcé le moindre mot ni décroisé les bras lorsque je me dirige vers l'escalier. Je frissonne en gravissant les marches deux par deux. On dirait qu'ils se sont transformés en statues. Je me demande si je n'aurais pas préféré qu'ils me crient dessus. Ils le feront peut-être au dîner. Ils rechargent sans doute leurs cordes vocales en prévision d'une explosion.

J’entre dans ma chambre, soulagé de pouvoir m’y réfugier. Je remarque aussitôt un détail fort bizarre : un sac de voyage couvert de badges qui ne m'appartient pas est posé sur mon lit.
Qu'est-ce que c'est encore que ça ? Mes parents veulent me mettre à la porte, après ma fugue ? Non, ce ne sont pas mes affaires…

— Maman ! je crie en direction de la cage d'escalier en oubliant qu'elle me fait la tête. Maman ! Quelqu'un a pris possession de ma chambre !

Je tends l'oreille sans entendre de réponse. Je m'apprête à réitérer mon appel lorsqu'une créature sort soudain de l'ombre. Je ne vois d'abord que des yeux brillants en forme de fente qui me fixent sournoisement. Puis un grondement sourd me parvient.

Je pousse un cri. Le félin se gonfle et feule dans ma direction, prêt à se jeter sur moi toutes griffes dehors.

Je n'ai jamais eu de bons contacts avec les chats. Je sais maintenant que c'est en raison de ma nature de loup-garou que ces bestioles sont apparemment capables de ressentir.

— Maman ! je m'époumone de plus belle. Maman ! Il y a un chat dans ma chambre !

Puis la porte de ma salle de bain privée s'ouvre et je vois sortir… ma cousine Florence ?!

— Qu'est que…, je bredouille, qu'est-ce que tu fais dans ma chambre ?

Elle ne porte en tout et pour tout qu'un peignoir et une serviette nouée autour de sa tête à la manière d'un turban.

— J’ai l’intention de dormir ici, bien sûr, dit-elle avec hauteur, comme si cette explication était largement suffisante.

J'ouvre la bouche, indigné.

— Tu as l'intention de dormir dans ma chambre ? Dans mon lit ?

Elle hausse les épaules et se laisse tomber sur mon matelas sans la moindre gêne. Ses cheveux mouillés se mettent à goutter sur ma couette. De ce que je vois des quelques mèches qui dépassent, elle les a teint en vert. La couleur change à chaque fois que je la vois. La dernière fois, il me semble qu'ils étaient roses, ce qui lui faisait ressembler à une sorte de grosse barbe à papa. Maintenant, on dirait qu’elle s’est recouvert la tête d’algues.

— Ta mère me l'a proposé, comme vous n'avez apparemment pas de chambre d'ami dans cette bicoque. Je crois qu'elle va monter un lit de camp pour toi.

Ma bouche s’ouvre encore plus grande d’indignation.

— Il n’est pas question de partager une chambre. Et pourquoi est-ce que cela ne serait pas toi qui prendrais le lit de camp ?

Le loup et moi 2 [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant