Chapitre III. Le Marteau des Sorcières (1/2)

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      Un brin d'herbe calé entre les lèvres, Siloé rêvasse, allongée sur un tronc d'arbre tombé depuis bien longtemps, en perdant son regard dans les quelques nuages qui défilent dans le ciel, le visage réchauffé par les doux rayons du soleil. Les trois derniers jours ont été bien plus éprouvants que tout le mois qui vient de passer. Après sa conversation avec Dame Elinor et son départ, ou plutôt la disparition de son double astral, elle s'est sentie curieusement vide, et quelque peu mélancolique. Loin de remettre en question son voyage, elle se demande pourtant si elle ne l'a pas finalement précipité.

      Était-elle vraiment prête ? Après tout, qu'est ce qui l'empêchait d'attendre encore quelques mois, même l'été prochain ? Elle aurait pu rester pour l'anniversaire de son amie Barbora, être présente pour la féliciter lors de son entrée officielle dans la prêtrise d'Altor qui n'était plus qu'une question de semaines. Participer une dernière fois au Festival des Premières Roses, qui avait lieu en ce moment même...

      Peut-être est-elle simplement en train d'y songer car ce nuage lui rappelle le profil et la longue chevelure de son amie, toujours impeccablement coiffée... Et celui-là, juste ici ressemble à une hache à deux mains, ces magnifiques armes que forgent les nains depuis des lustres, et là encore, on aurait dit un lutin ! Et ici eh bien c'est... de la fumée ? Mais oui ! Siloé se redresse, et se lève précipitamment, les yeux fixés sur cette traînée gris-blanc. Il y a bien de la fumée qui se mêle aux nuages. Cela signifie donc qu'à quelques dizaines de mètres seulement se trouve un village, enfin ! Ou bien une ville ! Peut-être même la capitale ! Elle aurait atteint la ville aux cents tours, sans même s'en apercevoir ? Cela paraît invraisemblable, mais qu'importe ! Nom d'un gnome, quelle merveilleuse nouvelle !

      Rassemblant ses affaires, la jeune elfe se précipite sur le sentier, impatiente de découvrir enfin Praskava la merveilleuse ! Elle se sent si heureuse d'être enfin aux portes de cette première étape, il y a tant à voir, tant à découvrir ! Sa première hâte sera de goûter l'une des spécialités de la capitale, le jambon rôti au miel de Praskava, servi avec des marrons chauds et des fèves pimentées ! Se léchant les babines d'avance, son sourire et son euphorie retrouvés, elle se retient difficilement de courir, mais ce n'est vraiment pas le moment de se blesser. Elle ne souhaite pas arriver rouge d'effort et dégoulinante de transpiration aux portes de la capitale, elle tient à faire une bonne impression aux Praskovians ! Les arbres et buissons défilent dans son champ de vision, et la forêt se fait de moins en moins dense alors qu'elle voit se rapprocher les premières habitations.

      Tout d'abord, elle est un peu déçue. Durant les premières minutes, elle découvre des petites maisons en bois qui ressemblent fichtrement à celles qui habillent Karlova Pristav. Plus d'un mois de voyage, pour aucun dépaysement, le coup se révèle dur à encaisser. On lui avait tant vanté la capitale, ses temples, ses tours, ses magnifiques manoirs. Mais allons, ceux-ci doivent se trouver un peu plus loin, après tout la capitale est immense ! Siloé pénètre davantage dans le village et finit par très vite s'apercevoir qu'il ne s'agit certainement pas de Praskava. Elle pense avoir déjà atteint la place principale après avoir descendu une courte rue, et celle-ci n'a rien d'impressionnant, tout est bien trop petit. Là où devrait se trouver un grand fleuve, l'Alba, le centre névralgique de Praskava, voilà une simple petite rivière qui s'écoule paresseusement. Deuxième déception.

      Après s'être remise de cet espoir infondé, elle se sent finalement assez heureuse d'avoir enfin accès à un semblant de civilisation après un mois seule dans la forêt. Les habitants la regardent avec un air curieux et suspicieux, la faute à sa chevelure éclatante et à sa cape chatoyante, mais certains la saluent poliment. Elle n'a aucune idée de l'endroit où elle se trouve. Il semblerait que sa carte ne soit vraiment pas au goût du jour. Elle avance au gré des petites rues et est finalement émerveillée de découvrir cet environnement inconnu. Là, une boutique, Le Cochon Volant, dont s'échappe des odeurs alléchantes de viandes rôties, et juste devant, un homme immense, large d'épaules et muni d'un sourire sincère, le boucher sans doute, discute avec ses clients devant son étalage en leur conseillant un pâté d'oie ou des saucisses de cochons sauvages, délicieuses grillées et accompagnées de pommes de terres.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 08, 2023 ⏰

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Les voyages d'une Barde : le Luth et la SorcièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant