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Kassady

Il me reste exactement 24 jours avant le retour de ma mère.

Un peu moins étant donné qu'il est midi. Ce qui m'angoisse encore plus car je ne sais toujours pas comment régler mon problème. Une semaine d'intense réflexion mêlant insultes et migraine ophtalmique dont la plupart sont encore d'actualité. Comme aujourd'hui.

Je me masse les tempes pour effacer la vague de douleur s'étalant sur mon front. Les lumières de la cafétéria ne m'aident en rien à canaliser cette fichue migraine.

Quand je repense à ma situation, je me demande si je ne mérite pas une médaille pour avoir affronté autant de problèmes en moins de 24h. J'ai glissé dans ma baignoire, frôlant ainsi la commotion cérébrale ; la chaîne de mon vélo a déraillé en pleine descente tandis que j'essayais d'éviter une collision avec un bus scolaire ; j'ai trébuché dans les escaliers en direction de mon cours d'algèbre ; je suis passé au tableau pour résoudre une équation et je l'ai ratée, ce qui a provoqué une houle de ricanements.

En bref, la poisse me colle. J'enfonce ma tête dans mes mains lorsque la brillante idée de ma mère revient polluer mon esprit. Plus le temps passe, et plus je réalise que ma situation est ingérable. Je ne vais jamais m'en sortir avec autant de soucis, et le pire, c'est mon fameux petit ami.

Ma vie sentimentale est plate, si ce n'est inexistante. Je n'ai jamais embrassé personne de ma vie, encore moins conversé avec un garçon plus de quinze minutes. Par contre, j'ai réussi à m'inventer une parfaite vie de couple avec l'homme que je hais en réalité.

Certains peuvent se vanter d'être intelligents, gentils ou diplomates. Je n'ai rien pour moi. Rien de glorieux à citer en mon nom. Je ne suis qu'un amas de problèmes et d'ennui.

Malgré mon caractère, Tobias Remington reste une pourriture. C'est la représentation parfaite de l'emmerdeur. Je déteste la manière qu'il a de me regarder à la cantine avec arrogance, sa façon de jouer au football comme s'il possédait le terrain ou encore son image de coureur de jupons qu'il traîne avec lui depuis le lycée. Il mérite bien son nom de « briseur de cœur ».

Tobias est un adepte des chagrins. Il prend une fille, lui chante la sérénade, puis quand celle-ci tombe dans le piège de ses beaux yeux verts et qu'elle décide de lui offrir l'entièreté de son être, il la jette comme une vulgaire paire de chaussettes ou un vieux mouchoir usé. Il n'a aucune valeur pour les plus faibles que lui et c'est à se demander s'il connaît l'empathie.

Avec de la volonté, nous pouvons changer, mais pas lui.

C'est un cas désespéré, il est irrécupérable. J'en parle en connaissance de cause. Je me le coltine depuis la petite enfance. Nous avons prononcé nos premières insultes ensemble et je me souviens de son coup de pied, et lui de ma gifle à l'école primaire. Je le déteste et c'est réciproque de son côté.

Nous nous vouons une haine mutuelle. Pourquoi ? Parce que je le jalouse. Il a tout ce que je n'ai pas. Des parents aimants et un style de vie pourri-gâté, tandis que je porte la responsabilité d'un violent divorce et de l'absence d'une mère bourrée de défauts. Il est supra, méga riche alors que je tente d'aider mon père à boucler les fins de mois en acceptant l'aigreur de mon manager.

J'ai hâte de gifler cet idiot.

En tout cas, le retour de ma mère à Londres signe la fin de ma supercherie. Et je suis loin de sortir de mon problème en voyant Tobias se lever de table et me fixer, toujours avec cette touche d'impudence que je lui ferais bien manger un jour. Il marche vers moi et je garde ma tête profondément enfouie dans mes bras dans l'espoir de me rendre invisible.

𝐈 𝐟𝐞𝐥𝐥 𝐢𝐧 𝐥𝐨𝐯𝐞 𝐰𝐢𝐭𝐡 𝐦𝐲 𝐞𝐧𝐞𝐦𝐲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant