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Kassady Hartman

— Alors, si je résume le plan, je dois l'amadouer avec de l'argent ? répétai-je en fronçant les sourcils.

Sceptique, je regarde Taylor hocher activement la tête, comme si son merveilleux plan était au summum de l'intelligence. Peut-être que cela a du sens pour elle d'amadouer un millionnaire avec de l'argent, mais pas pour moi. Mon humeur n'est pas au rendez-vous en pensant au programme de Taylor. Il se résume en deux points : lui donner rendez-vous dans un lieu peu éclairé, voire dangereux, comme un parking vide noyé dans l'ombre, puis lui tendre la somme d'argent en hurlant ma requête. Elle dit vouloir mon bien, mais je ne crois pas une seule seconde à son discours. Avec un plan aussi merdique que celui-ci, elle cherche surtout à concrétiser un homicide prémédité.

— Ouais, et je vais même m'ajouter au plan.

— Comment ça ?

— Je te prête une de mes voitures et je me cache dans le coffre pour écouter la discussion.
Elle se frotte déjà les mains, et je suppose qu'une multitude de scénarios explosent dans sa tête.

— Hors de question. Tu veux quoi ? Assister à mon humiliation ?

— Non, je veux assister à ta réussite, me rectifie-t-elle en accrochant son bras au mien. Tu es trop pessimiste alors que tu as juste à poser une question et admirer.

Au milieu du couloir, elle exhale de bonheur à travers la foule d'étudiants cyniques. Tout comme eux, je tire la gueule à l'idée d'écraser ma fierté au nom d'un mensonge que je n'assume plus. Je la sens poser son regard plein d'excitation sur moi. Je pourrais accepter, après tout, je suis déjà la risée du campus, mais sous la peur d'un jugement, je ne veux pas avouer ce que personne ne connaît de moi.

Je n'ai pas le permis.

— Si j'accepte, est-ce que tu me laisses choisir la voiture ?

— Avec grand plaisir ! J'ai des berlines allemandes, une sportive italienne, et même une petite française !

— Est-ce que tu as un tank russe pour que je l'écrase ?

Elle me fait des gros yeux.

— Non, malheureusement tu ne pourras pas écrabouiller ton futur copain.

— Futur faux copain, la rectifiai-je d'un ton sec.

— Ouais... ton copain.

Un gloussement lui échappe. Étonnamment, Taylor n'est pas ce que je pensais d'elle. Je me butais à croire qu'elle était aussi superficielle que les autres filles, mais son authenticité se trouve dans sa capacité à me mettre sur un piédestal. Ici, accrochée à son bras, j'ai le sentiment d'appartenir à quelque chose. Je ne sais pas si je peux appeler ça une amitié, ce que l'on partage elle et moi, mais j'ai envie d'y croire.

C'est fou d'être autant persuadée qu'une fille pipelette et rayonnante comme Taylor puisse bâtir un lien de complicité avec moi, une fille dont l'âme est un peu sombre, écorchée par les aléas de la vie.

— D'ailleurs, ça te dit de venir manger un truc avec moi ce soir pour fêter ta victoire ?

Je sors de mes pensées.

— Pas ce soir, je travaille.

— Demain, à midi ?

— Non plus, j'ai rendez-vous.

— Alors la semaine prochaine ? propose-t-elle une nouvelle fois.

— Je sais pas, faut que je regarde mon planning et que j'en parle avec mon patron.

𝐈 𝐟𝐞𝐥𝐥 𝐢𝐧 𝐥𝐨𝐯𝐞 𝐰𝐢𝐭𝐡 𝐦𝐲 𝐞𝐧𝐞𝐦𝐲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant