Se retenir | Romance MxM | Original Characters

6.

Quand Elias passa le pas de la porte, un sourire aux lèvres, il ne s'attendait pas à ce que son père l'attende sagement assis dans le fauteuil, les sourcils froncés. Il ne s'attendait pas non plus à retrouver une valise remplie posée au sol ainsi que son chaton, Blue, couché sur la dernière marche de l'escalier, à l'affût du moindre mouvement.

Il retira son manteau, ses chaussures, puis il se servit un verre d'eau sous les yeux de son père qui soufflait si fort que l'adolescent pouvait l'entendre.

— Elias !

— Hmh ?

Son père leva les yeux au ciel, exaspéré que son fils l'ignore dans sa maison.

— Ça suffit, maintenant. J'aimerais bien que, la prochaine fois, tu me préviennes quand tu sors.

— Ah oui ? Il faut que je te laisse un mot sur le frigo, peut-être ?

Le ton ironique du jeune homme ne plut guère au commissaire de police. Il se releva brusquement et s'approcha de lui, mécontent de son comportement.

— Ne rigole pas avec ça, Elias. Un simple message ça me suffirait.

— Et toi, tu penses être capable de faire la même chose ? demanda l'adolescent, les bras croisés contre son buste.

— Ce n'est pas pareil.

— Oh si, c'est pareil. Je ne sais jamais où t'es et tu n'es jamais là. J'ai l'impression de vivre avec un fantôme ! riposta-t-il.

— Tu m'agaces, jeune homme, souffla Jerry. Je t'attendais parce que je comptais te prévenir de mon absence. Mais encore une fois, tu es parti en furie avant que je termine de parler.

— Pour combien de temps ?

Le ton froid de son fils ne fit pas changer d'avis Jerry, au contraire. Il savait que s'il s'entendait mal avec lui c'était parce qu'il était toujours absent et il commençait à le comprendre. Toutefois, il ne pouvait lui dire pourquoi. Ça lui ferait trop de mal. Et ça, ce n'était pas envisageable.

— Je reviens mercredi.

— Donc, tu me laisses encore tout seul ?

Pour sauver les apparences, le jeune homme tentait par tous les moyens de se retenir d'éclater en sanglots ou bien encore de lui montrer que ses absences étaient insupportables, le plongeant dans une solitude sans merci.

— Je suis sûr que tu ne trouveras pas le temps long, déclara son père en attrapant la poignée

de sa valise.

— Comme toujours, murmura-t-il.

— A mercredi, alors.

Sans un mot de plus, Jerry James traîna sa valise derrière lui, ouvrit la porte d'entrée et la referma derrière. Et encore une fois, le jeune homme se retrouva seul.

Ce fut donc installé confortablement dans son canapé, Blue collé à ses jambes et la télécommande en main, deux heures plus tard, que le jeune homme tâchait tant bien que mal de s'occuper. Il était conscient d'avoir une dissertation à rendre pour Lundi mais il s'en fichait. Réellement. Il n'avait aucune envie de faire ses devoirs, n'y voyant clairement pas l'utilité. Que pouvait-il faire de plus, de toute manière ? Il n'irait pas à l'université. Il avait envie de rien.

Il sursauta si soudainement que son chaton le punit en enfonçant ses greffes dans sa cuisse ce qui provoqua un petit cri grave de la part de l'adolescent. Il récupéra rapidement l'objet qui l'avait déconcentré et remarqua que son cellulaire indiquait l'arrivée d'un nouveau message. Trey. Évidemment.