Act. 4

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     J'ai mes ambitions et je suis extrêmement motivée quand il s'agit d'accomplir mes rêves. Mais le vice qui entoure cette ambition dévorante est probablement la chose la plus dangereuse à mon sujet. Parfois, j'aurais aimé ne pas avoir un rêve, parce que ça implique que je sois extrêmement dure avec moi-même. Car de réussir dans la comédie musicale est la seule chose qui me donne envie de vivre. Pas de rendre fiers mes parents ou mes amies, mais de me rendre fière moi. Je dois réussir, je ne ferais pas autre chose. Je ne perdrais pas mon temps à faire des études que les trois quarts des êtres humains feront.

Je suis assez à cheval sur mon alimentation, bien que je sois une grande fan — pour ne pas dire une malade mentale — des fast-foods. Je fais du sport et je travaille mon endurance, alors que je déteste courir. Central Park me connait bien... même si j'aurais préféré rester affalée sur mon canapé.

Voilà qui je suis. Je me bats pour mes rêves et je me pousse moi-même dans mes retranchements. Je ne cède pas quand il s'agit de mon rêve, je ne laisse rien passer.

Mais Sacha.

Sacha, Sacha, Sacha.

Ce prénom.

Ce fichu prénom.

J'ai ruminé toute la nuit, m'imaginant comment les prochains mois allaient se dérouler. Parce qu'en plus d'être mon plus fidèle rival, Sacha est et restera mon plus profond secret. Je me suis déjà demandé comment les choses se seraient déroulées entre nous s'il ne partageait pas le même rêve que moi. Cette nuit, j'ai repensé au sentiment qui m'habitait lorsque nous étions encore des lycéens. Cette rage insaisissable mélangée à cet amour profond. Dans les couloirs, il m'est déjà arrivé de raser les murs pour éviter le croiser tant je craignais de ressentir ces papillons dans le creux de l'estomac. Quand on se dévisageait trop longtemps, j'étais terrifiée à l'idée qu'il aperçoive cette faille... celle qui lui ferait comprendre que je l'aimais. S'il l'avait su... on aurait pu dire que Sacha détenait une bombe nucléaire dans la paume de sa main.

En dépit du fait que je suis persuadée qu'il ne m'a jamais aimée, je sais qu'il s'en serait servi contre moi. Il en aurait profité pour me faire du mal, pour renforcer ce lien et m'abattre au dernier moment.

Comment je le sais ? Car c'est exactement ce que j'aurais fait.

Mais aujourd'hui, il y a des choses trop enfouies pour être dévoilées, et je crains que Sacha ait le culot de m'en parler. J'espère sincèrement qu'il a oublié certaines choses.

Ma tasse de thé dans la main et mon téléphone dans l'autre, je pénètre dans ma salle préférée. Une chance que mes parents aient tous les deux des âmes d'artistes, car notre famille a toujours baigné dans la musique, le dessin et tout ce qui touchait de près ou de loin à la créativité. Je partage beaucoup avec mon père, car nous aimons précisément le même univers, mais quand j'étais petite et que la comédie musicale était encore hors de portée... j'ai découvert mon instrument préféré.

La harpe.

J'essaie d'en jouer au moins une fois par jour, pour ne jamais oublier le lien que j'entretiens avec les cordes. Je me libère les mains avant de m'installer. Elle trône au beau milieu de cette pièce, là où les murs sont recouverts de tableaux et de peintures. Le sol est recouvert de tapis, comme un peu partout dans l'appartement.

Je prends une inspiration et je dépose mes doigts sur les cordes. Le fantastique son retentit dans la pièce, pour le plus grand plaisir de mes parents. Mais comme bien trop de choses dans cette ville, et dans cet appartement... de jouer me rappelle Sacha.

Je ne l'ai jamais oublié, mais avec le temps les souvenirs se sont estompés. J'ai arrêté de penser à lui, j'ai arrêté d'espérer recevoir un message... jusqu'à hier. Parce que même si je ne l'aime plus, son retour prend une place conséquente dans mon cerveau.

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