Supernova

Act. 24

— Un gala de charité avec Sacha ? me demande Déborah. Toi, tu te fous vraiment de la gueule du monde.

Je lui lance un regard noir seulement pour la forme, car la vérité, c'est qu'elle n'a pas tort.

— Loris et Yann sont au courant ?

Non, je n'ai pas tenu au courant mes meilleurs amis. De toute évidence, si je leur cache la vérité, c'est que je fais quelque chose que je ne devrais pas faire...

Mais en même temps, ils ne peuvent pas comprendre. À quoi bon leur parler de Sacha alors que je sais qu'ils seront réticents à l'idée que je lui rende ce service.

— Si ça pouvait rester entre toi et moi, ça serait cool.

— Si tu leur cache...

— Non, ce n'est pas parce que Sacha passait par la fenêtre. C'est juste parce qu'ils ne l'apprécient pas particulièrement.

— Pourtant, il a passé la soirée ici l'autre soir. S'ils ne l'aimaient vraiment pas, tu ne l'aurais pas invité.

— Écoute, je lui rends juste un service. Je n'ai pas envie que Loris et Yann soient au courant pour le moment parce que je n'ai pas envie de crouler sous d'autres questions. Tu en poses déjà assez.

Je viens tout juste de terminer de me maquiller. Quand je me retourne vers Déborah, elle lève son pouce en l'air pour valider mon maquillage. J'ai habillé mes yeux avec du noir, ils sont soulignés d'un trait épais qui donne un effet de fumée. Comme un smokey-eyes, en fin de compte. J'ai choisi de ne pas toucher mes lèvres, de peur que ça fasse trop, et j'ai lissé mes cheveux.

— Un jour, je te volerai toutes tes robes.

Elle me l'a toujours promis, au même titre que j'ai toujours adoré les belles robes. Je ne les porte pas souvent, mais je suis contente de les avoir quand une occasion se présente. Comme un gala de charité assez chic - par exemple.

— Tu sais ce que tu vas porter ?

Évidemment, j'ai déjà choisi ma tenue depuis plusieurs heures maintenant. C'est un peu provocateur, je l'admets. Mais ça tombe bien, car je n'ai pas envie d'être sage ce soir.

Je prends le cintre et la sors de mon armoire. Quand je la montre à Déborah, sa mâchoire tombe légèrement.

— Quoi ? C'est ça que tu as prévu de mettre ?

Je ris.

— Tu l'as depuis quand ?

— Pas très longtemps...

— T'es sûre que c'est un gala de charité ?

J'acquiesce.

— Sacha ne va jamais s'en remettre.

Et à l'instant où elle me dit ça, je me dis que, peut-être, c'est ce que j'attends.

ꕥ

C'est ma mère qui me conduit à notre lieu de rendez-vous. Le gala de charité se déroule dans un lieu que je ne connais pas au cœur de Manhattan. À vrai dire, je ne me suis pas vraiment intéressée à autre chose si ce n'est au fait de jouer la copine de Sacha. Nous sommes supposés nous retrouver devant.

Sur la route, je n'ai pas caché à ma mère que je rendais un service à Sacha, ce à quoi elle a décidé de ne pas répondre, non sans avoir un léger sourire aux lèvres. Quant à mon père, il était une nouvelle fois ravi d'apprendre que je passais la soirée avec son fils de substitution.

Ma mère me souhaite une bonne soirée une fois que nous sommes arrivées sur les lieux. Elle me dit de faire attention et de ne pas rentrer seule. Je lui promets d'être prudente et je sors de la voiture, perchée sur mes Louboutin que Loris et Yann ont décidé de m'offrir pour mes vingt-ans. Ils se sont ruinés pour des talons que je peine à mettre. D'abord parce qu'ils me font mal, mais aussi parce que ce n'est pas tous les jours qu'on peut porter des escarpins aussi classes.