Act. 6

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       Assise devant ma coiffeuse, je tapote le pinceau sur mes joues pour rajouter de la couleur. Quelques secondes plus tard, je prends mon eye-liner pour me tracer un regard de chat. J'ai toujours été coquette, depuis que je suis toute petite. Lors de nos vacances en Caroline du Sud, je piquais toujours du maquillage à ma grand-mère. Je fouillais dans sa trousse et je m'étalais du rouge à lèvres maladroitement sur la bouche. Je suis capable d'y passer des heures, et je n'ai pas honte de porter beaucoup de maquillage quand j'en ai envie. Pour moi, c'est tout un art.

— Tout ça juste pour Sacha ? me lance Déborah en entrant dans ma chambre.

Elle se laisse tomber sur mon lit de tout son poids.

— Tu as de la chance d'aller manger avec un mec aussi canon.

Je pouffe de rire.

— À quoi bon être canon s'il est con ?

— S'il est aussi con, pourquoi tu te maquilles autant ?

Je pivote sur ma chaise de manière à la regarder.

— Parce que selon toi, je ne peux pas me faire belle juste parce que j'en ai envie ? Je sors, je vais manger, j'ai envie de me sentir bien. Ni plus ni moins.

— Mh, fait-elle. Mais du coup, je comprends encore moins pourquoi tu le détestes.

Je termine de tracer mon eye-liner et après avoir vérifié la symétrie, je lui réponds :

— Crois-moi, tu n'as pas envie de le savoir.

Je regarde mes cheveux. J'ai décidé de les laisser boucler pour ce soir. Et en prime, je ne vais rien faire de spécial. Je suis peut-être douée avec le maquillage, mais très peu quand il s'agit de me coiffer. Je ramène une mèche derrière mon oreille, et ma mèche de cheveux blancs se fait remarquer. Quand je la vois, je me dis que Sacha apprécierait de la voir, et je me retrouve à être tentée de la laisser à vue.

— Tu vas porter quoi ?

La voix de ma petite sœur me sort de mes pensées et je cache mes cheveux blancs. Je ne vais sûrement pas faire quelque chose dans le but de plaire à Sacha, et puis quoi encore ?

Je lui désigne le côté du lit, là où j'ai posé ma tenue. Elle prend le haut que j'ai décidé de porter, puis me lance un regard rempli de sous-entendus.

— T'es sûre que c'est pas un date, Ivy ?

Je la dévisage.

— Dehors.

— Mais ! s'exclame-t-elle.

Je me lève pour la tirer par le poignet.

— Je dois m'habiller, allez.

— Je dis juste qu'avec un décolleté comme ça, il va se noyer ! se moque-t-elle.

Je lui envoie une tape sur la tête et je la pousse à l'extérieur de ma chambre. Ça a toujours été comme ça entre Déborah et moi. Ce n'est pas qu'on ne s'entend pas, c'est qu'elle adore m'emmerder et qu'on est particulièrement différentes. Parfois, on se liguait contre elle avec mon frère Jonah, mais je ne peux plus le faire... il n'est plus là. J'aimerais pouvoir tout arranger, mais il me faudrait un miracle pour que mes parents me laissent le faire.

— Quel décolleté ? demande ma mère en passant dans le couloir.

— Celui du haut que va porter Ivy pour son rendez-vous avec Sacha.

— Ce n'est pas un rendez-vous. Il m'a juste forcé la main pour qu'on aille manger, et Papa m'a fait comprendre qu'il préférait qu'il n'y ait pas de scandale, et qu'il valait donc mieux que je m'entende bien avec Sacha jusqu'à la fin de la production de la comédie musicale. Ce n'est pas un rendez-vous, je suis juste prise en otage par le mec que je déteste le plus sur cette terre.

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