Act. 33

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Non. Non. Non.

Pas maintenant, pas alors qu'il est supposé me détester. Et moi, qu'est-ce que je suis censée ressentir à son égard ? Encore ce matin, j'éprouvais une telle rancœur que j'aurais pu l'étrangler de mes propres mains.

— Tu as dit que tu m'avais aimé, non ? me demande-t-il.

Je prends une grande inspiration et je me lève de son lit, prête à quitter son appartement.

Mais en même temps, est-ce que j'en ai véritablement envie ?

— J'ai besoin de savoir si c'est la vérité.

— On est repartis avec ça ? Je t'ai déjà dit la vérité.

— Tu m'as aussi dit que tu ne m'avais jamais aimé.

La méchanceté dont j'ai fait preuve à son regard me revient en plein visage. Je semble prendre conscience des atrocités que je lui ai balancé. Je n'ai jamais seulement dit que je ne l'avais jamais aimé, j'ai volontairement laissé sous-entendre que personne ne pouvait l'aimer. J'ai même utilisé sa plus grande faiblesse pour lui faire du mal.

Et j'en vois encore les conséquences. Ses yeux expriment une profonde tristesse alors qu'il me regarde.

— À ton avis, Sacha ?

— Je n'en sais rien, Ivy. Un jour, tu sembles m'adorer. Le lendemain, tu me détestes. Je ne sais pas ce que je dois croire, je n'ai jamais su ce que je devais croire. Tu penses que je t'ai caché mes sentiments par plaisir ? C'était impossible de savoir ce que tu ressentais, j'avais trop peur d'avoir mal interprété nos moments.

Nous avons plus ou moins gardé pour nous nos sentiments pour les mêmes raisons. Je craignais aussi qu'il ne m'aime pas. Mais dans le fond, j'en étais persuadée. Je ne croyais pas Sacha capable de m'aimer, pas une seule seconde.

— Mais je veux savoir si tu m'as aimé et comment. Je veux savoir ce que tu ressentais pour moi, insiste-t-il.

— Pourquoi ? À quoi ça nous mènerait ?

— Parce que si tu ne m'as pas aimé, si tout ce que j'ai ressenti pour toi n'était pas réciproque, alors j'arrêterai de croire en nous.

— Tu... crois en nous ?

La vulnérabilité dont il fait preuve est si forte que je me demande comment il fait pour ne pas partir en courant. Sacha est bien plus courageux que moi. Là où il réussit à parler, une boule se loge dans ma gorge et je me retrouve aussi déstabilisée qu'une enfant qui vivrait sa première véritable déclaration d'amour.

— Je te le redemande, pourquoi tu crois que je t'ai amenée ici ?

Je suis incapable de répondre.

— Tu crois que j'ai remarqué que tu avais arrêté de manger parce que ça m'amuse de faire attention à toi ? Non, Ivy, ça ne m'amuse pas d'être hypnotisé par tes moindres faits et gestes.

Mes moindres faits et gestes...

Je cherchais ton visage dans toutes les filles que je rencontrais. J'espérais qu'elles auraient le même rire que toi, qu'elles auraient ta répartie et ton envie de me pousser à bout. J'espérais quelqu'un d'aussi franc que toi. Pendant quatre ans, je ne pensais qu'à toi. Il n'y a pas une chose que j'ai fait sans avoir envie de t'en parler.

Mon cœur n'a jamais battu aussi vite.

— Il n'y a personne sur cette terre d'aussi unique que toi, Ivy.

Il s'approche doucement de moi.

— Peut-être que je suis le garçon le plus stupide que la terre n'ait jamais porté. Peut-être que j'aurais dû t'ignorer et te laisser chuter sur le sol. Mais la première fois que je t'ai revue, j'ai immédiatement regretté d'avoir essayé de t'oublier. Je n'aurais jamais pu t'oublier, Ivy. Tu m'as tenue dans tes bras quand personne n'était là pour le faire. Tu m'as accordé des nuits longues et réparatrices quand je rêvais de me casser de chez moi. Après quatre ans, il fallait que je rentre à la maison.

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