7 . Ma dote

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Hier soir...

Quand mes parents sont rentrés très tard, j'ai tout de suite senti que quelque chose n'allait pas. Une dispute a éclaté entre eux, une de plus. J'avais beau enfouir ma tête sous ma couverture, plaquer mes mains contre mes oreilles, rien n'y faisait. Le ton montait, les insultes fusaient, les cris transperçaient le silence de la nuit. 

Puis, la porte de ma chambre a volé en éclats. 

Mon cœur s'est arrêté une seconde. Je savais ce qui allait suivre. 

Mon père est entré, furieux. Son regard était noir, ses poings serrés. J'ai voulu reculer, me fondre dans mon lit, disparaître. Mais c'était trop tard. 

Le premier coup m'a coupé le souffle. 

Les suivants ont été encore pires. 

Il frappait avec une telle force que le bois de mon lit a fini par céder sous moi. Mon corps n'était plus qu'une masse douloureuse, mais je ne criais pas. Pas cette fois. 

Quand il en a eu assez, il m'a regardée avec mépris et m'a craché dessus. 

Puis il est sorti, refermant la porte comme si de rien n'était. 

Je suis restée allongée, fixant le plafond fissuré de ma chambre. Je n'ai pas pleuré. Je me suis promis de ne plus jamais pleurer pour ça. 

.. ... .
... ..
...

Quand j'ai ouvert les yeux, mon premier réflexe a été de me lever et de me diriger vers le miroir. 

Mon visage... intact. 

Heureusement. 

Mais mon ventre et ma poitrine, c'était autre chose. Des bleus violacés s'étendaient sur ma peau, témoins muets de la veille. Jusqu'à quand je vais vivre ça ? 

J'ai inspiré profondément, essayant d'ignorer la douleur. 

La voix sèche de ma sœur Sahra m'a ramenée à la réalité : 

Sahra : Sors de la chambre, y'a des gens pour toi. Commence pas à faire la princesse. 

J'ai simplement répondu : 

- Ok. 

Quand je suis arrivée dans le salon, l'agitation était à son comble. Des femmes s'affairaient à décorer la pièce avec des tissus colorés et des fleurs. Un groupe de filles m'attendait près d'une table où était posée une chaise. 

C'était pour moi. 

Mes sœurs me fixaient avec une expression de mépris à peine dissimulée. Si elles voulaient être à ma place, elles n'avaient qu'à le dire. 

Les coiffeuses et maquilleuses se sont mises au travail. 

Quand elles ont eu fini, j'ai levé les yeux vers mon reflet

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Quand elles ont eu fini, j'ai levé les yeux vers mon reflet. 

Je ne m'étais jamais vue comme ça. 

Mais ça ne me faisait rien. 

Aucune émotion. 

Ce jour-là, dans la vie d'une fille, ça devrait être un événement heureux. J'aurais voulu le vivre autrement. Avec un homme que j'aurais choisi. Avec de la joie, de l'excitation. 

Mais il n'y avait rien. 

Mes sœurs se sont approchées, prêtes à gâcher ce moment. 

Kadi : T'as mis un peu de peinture et maintenant tu te trouves belle ? avec un sourire moqueur. 

Faida En plus, même avec ça, ça te rend pas mieux

Kadi :  Je sais même pas comment on peut être sœurs

À qui tu le dis...

Faida s'est approchée un peu plus et a murmuré

Faida : T'as de la chance qu'aujourd'hui, ta "belle famille" arrive. Sinon, on se serait bien occupées de toi. 

Kadi : On aura l'occasion , avec un sourire mauvais. 

Elles sont parties, me laissant avec un goût amer en bouche. 

Quelques minutes plus tard, Fatima est arrivée. 

Son visage était plus doux, plus compréhensif. 

Fatima 3 Ça va, toi ? 

J'ai haussé les épaules. 

- Ça peut. 

Elle a souri légèrement. 

Fatima Détends-toi, ça va aller. Je sais qu'il y a beaucoup de monde, mais bon... 

Elle m'a aidé à enfiler la robe et J'ai inspiré. Je voulais juste que cette journée se termine. 

Le salon avait été transformé pour l'occasion. Sur la grande table, des plats traditionnels avaient été disposés avec soin. Des pagnes colorés étaient accrochés aux murs, et les femmes de la famille s'activaient en riant et en parlant fort. 

La cérémonie de la dot était une étape importante. Selon la tradition ivoirienne et ghanéenne, c'était le moment où la famille du marié venait officiellement demander ma main. 

Tout commençait avec l'arrivée des représentants de la famille d'Issac. Ils entraient en chantant et en apportant des cadeaux soigneusement emballés : des bouteilles de liqueur, des pagnes, de l'argent, et même des bijoux en or. 

L'aîné de sa famille prenait la parole pour expliquer les raisons de leur venue. De mon côté, un porte-parole répondait en posant des questions, en jouant un peu le jeu de la négociation. 

C'était un rituel, un échange symbolique entre deux familles qui s'unissaient. 

Puis venait la remise de la dot. 

Dans certaines traditions, le marié devait offrir une somme d'argent à ma famille pour montrer son engagement , cette somme variait en fonction du statut de la famille et des négociations faites avant la cérémonie. 

Ensuite, un moment crucial arrivait : celui où l'on me demandait si j'acceptais ce mariage. 

Tout le monde attendait ma réponse. 

Je devais dire "oui" d'une voix claire et distincte. 

Alors j'ai ouvert la bouche... 

Et j'ai menti. 

- Oui. 

À ce moment-là, ma vie ne m'appartenait plus.

Orlia . ᵐᵒⁿ ᵐᵃʳⁱᵃᵍᵉ ᶠᵒʳᶜᵉ [Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant