Tome 1 | Chapitre 9 : Tourments

509 30 7
                                    

(Réécrit et corrigé)

Bonnie

♩ Have You Ever Seen The Rain, Creedence Clearwater Revival

Issa Zivai. Trois jours que ce nom me hante. Trois jours que j'ai du mal à trouver le sommeil. Trois jours que je ne me rends plus au Thirsty Cat pour faire mes heures. Comment pourrait-il en être autrement ? Les paroles de l'inspecteur tournent en boucle dans mon esprit.

Que s'est-il passé ? Comment est-il mort ? Pourquoi a-t-il tué ma mère ? Quel genre d'homme était-il ?

Bien sûr, elle a été incapable de répondre à toutes ces questions. Et bien sûr, j'ai fait des recherches de mon côté. Des recherches infructueuses. Je n'ai absolument rien trouvé.

Dans mon petit appartement, qui sent l'humidité et dont la décoration est figée dans un autre temps, je tourne en rond. Seule la présence de Berny m'apaise, mais à peine. Le visage de ma mère sans vie me hante, net et brutal dans ma mémoire. Le sang qui coule de son crâne, noyant ses cheveux bruns, identiques aux miens. Les carreaux de ses lunettes brisés à ses côtés. Ses vêtements tachés de boue. Mes oreilles qui sifflent encore sous l'écho des coups de feu. L'odeur de la poudre mêlée à celle de mes larmes salées, s'écrasant sur mes lèvres. 

Tout est si clair, terriblement limpide, sauf l'instant de l'assaut. Je n'ai pas vu l'homme tirer, et ça a tout compliqué quand la police m'a interrogé. J'étais incapable de fournir la moindre information utile. Tout ça, c'est de ma faute. J'aurais dû être plus vigilante. J'aurais dû la protéger. J'aurais dû pouvoir la sauver.

Mon téléphone qui sonne me tire brusquement de mes pensées et un soupir s'échappe de mes lèvres lorsque je vois le nom d'Ava.

— Dieu soit loué, tu réponds enfin ! dit-elle dès lors que je décroche. Je ne crois pas à ton histoire de grippe, que se passe-t-il Bonnie ? Je m'inquiète pour toi.

À nouveau, un soupir s'échappe de mes lèvres. Elle semble réellement alarmée et ça fait plusieurs fois que j'ignore ses appels. Quelle collègue médiocre je fais.

— Je suis désolée, Atkins...est-ce que Dan se doute de quelque chose ? demandé-je en fixant le mur d'origine blanc de mon salon dont la couleur s'est ternie et jaunie au fil des années.

— Non...Dan est encore plus naïf que moi, dit-elle avec plus de légèreté.

— Je sais qu'il est tard, mais...est-ce qu'on peut se voir ?

— Bien sûr, Fowler, répond-elle sans l'ombre d'une hésitation. Je t'envoie une adresse et on se retrouve là-bas dans... Disons une demi-heure, ça te va ?

Je ne sais pas où elle veut m'emmener, mais j'accepte sans réfléchir. Pour la première fois depuis la mort de ma mère, je ressens le besoin irrépressible de me confier à quelqu'un.

Vêtue de mon précieux manteau d'hiver, je rejoins le lieu du rendez-vous à pied. Ce n'est qu'à quinze minutes de marche de mon immeuble. À mesure que j'avance jusqu'à ma destination, les bâtiments se font plus rares et je me rapproche peu à peu de l'eau. J'ai toujours aimé Eastmine pour l'océan à perte de vue et ça, à quelques minutes à peine du centre-ville. J'ignore si ma mère l'avait choisie pour son côté balnéaire ou ses nombreuses mines abandonnées, mais j'aimais cette ville. J'avais oublié à quel point je l'aimais quand nous sommes parties à l'autre bout du monde.

Des éclats de voix étouffées qui semblent provenir d'une rue adjacente s'élèvent dans une cacophonie confuse : une dispute sans doute. Je décide d'emprunter des petites ruelles pour me fondre dans l'obscurité. À l'époque où je vivais encore ici, j'étais trop jeune pour déambuler seule la nuit, mais le taux de criminalité subsistait déjà et je ne crois pas que le temps ait amélioré les choses. Eastmine est une ville d'apparence tranquille, mais comme dans toutes les villes étendues, la délinquance existe. Peu de temps avant de revenir, j'ai fait plusieurs recherches sur internet et je suis tombée sur de nombreux articles.

LA MARQUE | TOME 1 [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant