LA MARQUE | TOME 1 [DARK ROMANCE]

Tome 1 | Chapitre 6 : Première mission

(Réécrit et corrigé)

Bonnie

♩ Paint It, Black, The Rolling Stones

Je me prends la tête entre les mains, l'agacement montant en moi. Mon cerveau est en ébullition à force de trop cogiter. Malgré les faibles températures, je me suis réfugiée sur mon minuscule balcon, espérant garder que l'air frais m'aiderait à garder la tête froide. Mais rien n'y fait. Les mots de Marcus tournent en boucle dans mon esprit. Les mégots de cigarettes s'amoncellent dans mon cendrier de fortune : une vieille boîte de conserve. Je n'ai jamais autant fumé. Enfin... si. Le jour où ma mère est morte.

— Fais chier, soufflé-je avant de mordre nerveusement ma lèvre.

Le temps file, me rapprochant inexorablement de minuit. Je ne peux pas accepter sa proposition. Ma mère me tuerait si elle était encore là. L'une des raisons pour lesquelles elle avait fui en m'emmenant avec elle, c'était pour échapper définitivement à l'emprise de mon père et à toutes ses magouilles. J'avais treize ans à l'époque, mais ça faisait déjà plusieurs années que je ne le voyais plus. Ma mère lui avait interdit de venir me rendre visite. Bien sûr, il avait enfreint cette règle à plusieurs reprises, mais mes souvenirs de lui sont vagues, presque effacés, comme si mon subconscient avait décidé de le rayer de ma mémoire. C'est un sentiment étrange... Comment peut-on oublier son propre père ?

Plus tard, j'avais posé des questions à ma mère et compris à quel point il l'avait détruite. À quel point il était toxique. Dès cet instant, j'avais choisi de le rayer définitivement de ma vie. Pourtant, depuis la disparition de ma mère, je me surprends parfois à penser à lui. Où est-il ? Quel genre d'homme est-il devenu ? Si je le croisais un jour dans la rue, serais-je capable de le reconnaître ?

La vieille sonnette de mon appartement résonne soudain, me sortant brutalement de mes pensées. Je fronce les sourcils et hésite pendant plusieurs secondes avant de me décider à aller ouvrir. Lorsque j'aperçois le visage d'Ava dans l'encadrement de la porte, je suis prise par la surprise.

— Ava, qu'est-ce que tu...

— Je me suis dit que j'avais envie de te voir, me coupe-t-elle tout sourire avant d'entrer dans mon petit salon.

L'étonnement passé, je referme la porte derrière elle et me tourne pour l'observer.

— Tu as l'air d'aller mieux.

— Ça va mieux oui, même si ce n'est pas encore la super forme ! Je ne te dérange pas ? demande-t-elle en retirant son manteau couleur moutarde pour le déposer sur le dossier du canapé.

— Non pas du tout. Tu veux boire quelque chose ?

— Un verre de vin si tu en as, ça pourrait me requinquer !

J'esquisse un léger sourire et m'éclipse quelques minutes dans la petite cuisine adjacente au salon. Elle ne paye pas de mine avec son mobilier usé par le temps, mais elle est fonctionnelle et j'apprécie la faible lumière diffusée par le vieux plafonnier. Elle doit dater des années 60, mais avec le petit budget que j'ai, je n'ai pas vraiment eu le choix. Une fois les verres de vin servis, je retrouve Ava dans le canapé, mon chat noir sur ses genoux qui quémande des caresses.

— Il s'appelle comment ? demande-t-elle tout en le caressant.

— Berny, réponds-je en prenant place sur le fauteuil, face à elle.

— Ça lui va bien, dit-elle en souriant.

Je lui tends son verre et porte le mien à mes lèvres.

— Juliet m'a dit que Marcus était passé pour te voir au Thirsty Cat, lâche-t-elle subitement.