LA MARQUE | TOME 1 [DARK ROMANCE]

Tome 1 | Chapitre 20 : Rancœur

(Réécrit et corrigé)

Bonnie

♩ Moral of the Story, Ashe

J'ai cessé de compter les jours depuis le début de cette cohabitation forcée. On dit que le temps guérit toutes les blessures, mais pas pour Marcus Bayles. Un silence oppressant s'est installé, lourd et persistant. On ne se croise presque jamais, et quand cela arrive, pas un mot, pas même un regard. J'ai tenté d'attirer son attention, de briser cette barrière glaciale, mais seule sa froideur m'a répondu. Heureusement, ce quotidien morose et pesant est ponctué par les visites de Raj, Ava, et Danny, qui apportent un peu de vie dans ce désert de silence.

J'ai pu échanger plusieurs fois avec ce dernier. Il me fait un peu penser à Raj : c'est facile de lui parler. La bienveillance dans ses yeux a quelque chose d'hypnotique. Ses compétences en informatique ne cessent de m'impressionner, même s'il n'a pas encore réussi à remonter la trace de Diego. J'ignore où il se cache et parfois, j'ai la sensation d'être observée. Est-ce simplement mon imagination ? J'aime passer du temps avec Danny. Il ne me juge pas : je n'ai pas encore eu l'occasion de le blesser, ça rend les choses beaucoup plus faciles.

Même si Raj et Ava semblent m'avoir définitivement accordé leur pardon, je vois bien cette lueur dans leur yeux, elle est fugace, mais elle est bien présente : la rancœur, la méfiance. Mais je crois que le temps la fera disparaître. Je l'espère de tout mon cœur. Ce n'est pas ça que je lis dans les yeux de Marcus. Il m'en veut à mort et il n'en démordra pas, mais comment pourrais-je lui en vouloir ? Est-ce que j'ai réussi à me pardonner moi-même ? Non, pas encore. Je ne suis pas certaine que ce soit un jour possible, mais je crois que je peux l'encaisser et apprendre à vivre avec. Comme j'ai appris à vivre avec la mort de ma mère sur la conscience. La culpabilité est devenue une amie fidèle et si familière.

— Tu vois, ça ? m'interpelle Danny qui a les yeux rivés sur l'écran de l'ordinateur.

Assise à côté de lui, j'acquiesce d'un hochement de tête.

— C'est un logiciel de traçage et de localisation. Avec ça, je peux suivre en temps réel la localisation d'un téléphone ou d'un ordinateur. Soit grâce au suivi GPS, soit grâce à l'adresse IP. Par-exemple, je sais que ma sœur est en ce moment même chez son petit ami.

J'esquisse un léger sourire et relève la tête vers lui.

— Est-ce que c'est un bon petit ami ? demandé-je en posant ma tête dans la paume de ma main.

— Il prépare le meilleur chili qui soit et il aime cuisiner pour elle...alors, oui, c'est plutôt un bon gars, me confie-t-il avec un sourire en coin.

Je souris à nouveau puis reporte mon attention sur l'écran. Toutes ces lignes de codage me donnent le tournis. Le bruit sourd d'un trousseau de clés qu'on jette dans un plat en céramique me fait froncer les sourcils et déclenche des maux de tête plus intenses. Danny et moi relevons la tête en même temps pour découvrir un Marcus au visage fermé et au regard noir. Nos iris se croisent quelques secondes, pourtant, je peux y lire toute sa rancœur et sa colère. Sa désapprobation aussi. Désormais à nouveau capable de soutenir son regard, j'essaye de lui dire : s'il-te-plaît Marcus, pardonne-moi, mais pour seule réponse, il détourne son attention pour la porter sur Danny.

— Est-ce que tu as pu le localiser ? demande-t-il sèchement.

Excédée par son comportement, mais illégitime de dire quoi que ce soit, je me contente de me lever pour les laisser entre eux et regagner le premier étage.

— À demain, Danny, lancé-je à l'intéressé en lui adressant un léger sourire.

— Dors bien, Bonnie, répond-il avec un sourire franc.