Chapitre 1

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D'aussi loin qu'il se souvienne, Stiles avait toujours considéré Scott comme un frère et trouvé Jackson horriblement arrogant. Détestable lui semblait d'ailleurs être le terme le plus approprié pour désigner ce sportif de bas étage qui se pensait plus fort que tout le monde. On pouvait même dire que ce côté de lui avait empiré avec son entrée fracassante dans le monde surnaturelle en tant que kanima. Quoiqu'il fallait bien avouer qu'il aidait ceux qui en avaient besoin, peu importe qu'il les apprécie ou pas. Il l'avait d'ailleurs déjà sorti, lui, Stiles Stilinski, de situations bien fâcheuses. Mais il ne l'appréciait pas pour autant.

Et Scott, de son côté, commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Stiles, dans un geste agacé, chassa à nouveau cette main qu'il qualifierait de baladeuse de sa cuisse. Non pas qu'il n'était pas friand de contacts – il adorait ça. Mais ceux qu'il considérait comme intimes... Non, juste non. Scott avait depuis un moment déjà, quelques jours, cette attitude on ne peut plus irritante qui avait le don de l'énerver tout autant qu'elle le mettait mal à l'aise.

Parce que Scott était son frère, hein. Pas plus. Il ne serait jamais plus.

Stiles perçut un léger ricanement sur le côté et lança un regard noir à Jackson qui semblait s'amuser de la situation... Sans doute parce qu'il ne la comprenait pas. L'hyperactif l'imaginait fort bien penser que les deux meilleurs amis de toujours avaient une relation et cherchaient à la cacher – ce qui n'était absolument pas le cas. Rien que songer à cette possibilité le répugna. Ainsi, il grimaça et se détourna de Jackson pour... A nouveau éloigner la main de Scott qui, définitivement, l'agaçait. Stiles ne savait pas ce qu'il lui prenait, mais c'était dans ce genre de moments qu'il maudissait son meilleur ami. Et après, c'était lui, Stiles Stilinski, qu'on trouvait bizarre ? Désireux de pouvoir suivre sereinement son cours et de ne pas avoir à faire attention à ses cuisses toutes les trente secondes, l'hyperactif déchira discrètement un bout de sa feuille et lui écrivit ses quatre vérités – de manière à la fois douce et crue. Disons qu'il ne tenait pas à le blesser, mais qu'il ne se laissait pas faire non plus.

Scott le laissa ensuite tranquille tout le reste du cours et Stiles put enfin souffler un coup. S'il y avait bien quelque chose qui l'énervait chez Scott, c'était le fait qu'il arguait le connaître mieux que personne, alors que s'il le connaissait réellement, il n'aurait pas eu ces gestes déplacés – et pas seulement parce qu'ils étaient indécents. Stiles détestait les contacts de ce type, parce qu'il complexait. Il adorait qu'on lui touche l'épaule, le bras, le dos... Parce qu'il s'agissait de gestes normaux, amicaux. Mais il y avait des parties de son corps qui lui donnaient la nausée, au point qu'il était incapable d'envisager se sentir à l'aise avec quelqu'un un jour. Ainsi, il s'évertuait à limiter le peu de relations qu'il avait eues à quelque chose d'extrêmement platonique. Et d'ailleurs, Scott devrait aussi savoir que lorsqu'il disait non à quelque chose, c'était non, point barre. Le latino avait toujours eu ce défaut et ça, Stiles avait beau le lui rappeler, il ne semblait pas en faire cas. Pour preuve, il ne s'excusa pas de son comportement, ne chercha pas non plus à lui parler et tant mieux, parce que Stiles n'était pas d'humeur. Et même si Scott prenait la peine – quel effort ! – de s'excuser, l'hyperactif n'était même pas certain qu'il serait sincère. Un autre défaut du beau et gentil True Alpha ? Son déni. Il avait tendance à penser qu'il faisait toujours tout bien et que ses décisions étaient forcément les bonnes. Si Stiles le trouvait souvent égoïste à ce sujet, il ne le disait pas. Parce qu'à côté, Scott avait de grandes qualités et... Le châtain trouverait inconvenant de le critiquer alors qu'il n'était lui-même pas tout blanc. Pire encore : sa personne était tout autant constellée de défauts que de grains de beauté.

Même s'il ne le critiquait pas ouvertement, Stiles ne cautionnait pas ces gestes un peu trop poussés, dont il lui reparlerait. Evidemment, il connaissait la rengaine : Scott irait lui dire qu'il n'avait aucune arrière-pensée, qu'il se sentait juste parfaitement à l'aise avec lui et que ce n'était pas grave parce qu'ils se connaissaient presque depuis le berceau. C'était un peu comme ces moments-là, dans les vestiaires. Malgré ses nombreux complexes par rapport à son corps, l'hyperactif se douchait en même temps que les autres. Et, forcément, il s'agissait de douches à l'italienne, tout le monde se voyait. S'il faisait l'effort, c'était pour se forcer à travailler sur lui-même. Il n'aimait pas celui qu'il était, tout comme il n'aimait pas la manière dont il se pourrissait la vie avec ses angoisses et complexes. Ainsi, il faisait au mieux pour s'imposer des situations inconfortables pour s'y habituer – sans se rendre compte du fait qu'il ne s'y prenait pas forcément de la bonne manière.

L'union des corps (Stackson)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant