Chapitre 4

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Lundi matin. Aujourd'hui, j'ai philo. C'est le moment ou jamais pour parler à Emy. Elle ne peut pas me rejeter en plein cours comme elle l'avait fait devant les casiers.

Lorsqu'elle s'assoit sur sa chaise dans un fracas, j'ose regarder vers elle. Elle a une mine terrible, avec des cernes plus présentes que jamais. Alors que Mr Kearns commence son cours, je m'aperçois que les mains d'Emy tremblent. Elle essaie de le cacher en enfonçant ses ongles dans sa peau. Elle a l'air terriblement stressée. Elle ne tient en place sur sa chaise, bougeant, changeant de position toutes les dix secondes, une vraie pile électrique. Elle tremble sa jambe en faisant taper son talon contre le sol.

" Chut! Siffle Ivy Pierce qui n'arrive pas à entendre complètement Mr Kearns.

Je la comprends, c'est quasiment impossible de se concentrer avec un vacarme pareil.

Emy porte sa main à sa bouche pour se ronger le peu d'ongle qui lui reste. Je m'aperçois alors que sa main est rouge et marquée de ces traces d'ongles, griffés sur sa peau.

Comment peut-on se gratter à ce point ? Ses tremblements ne cessent pas non plus.

Je lui lance désespérément des regards pour essayer de lui faire comprendre.

Ca va mal finir.

- Oh la droguée, c'est pas bientôt fini ce boucan ? Lance un leader.

Trop tard.

- Tu respires comme un porc assoiffé, réplique Emy, tu devrais fermer ta gueule.

La plupart des autres s'écrient.

- Toi ferme-la, on entend que toi avec tes talons de mes deux ! Réplique une autre Leader.

- Je vais te les enfoncer dans ta tronche de rat, tu piqueras certainement moins des yeux après, s'écrie Emy.

- Salope!

Un brouhaha s'ensuit. Je ne sais plus où me mettre ni comment éviter Emy de s'enfoncer encore plus dans le piège évident des Leaders. Mais Mr. Kearns intervient avant.

- Silence!! Mais enfin c'est une façon de se comporter ?! Melle Williams, retenez-vous, la prochaine fois je ne serais pas aussi indulgent.

Je reprends mon souffle. Emy se tait jusqu'à la fin du cours. Elle a du mal à contenir ses tremblements qui ne cessent pas. A la sonnerie, j'en profite pour me lancer avant qu'elle parte.

- C'est vraiment que des cons, ai-je soufflé, il faut pas les écouter.

Contre toute attente, elle se tourne vers moi, elle m'analyse de haut en bas et un sourire au coin de sa bouche se dévoile.

- Ouais, t'as raison et je pense que tu es le meilleur d'entre eux, Frankenstein. Au prochain cours, porte une cagoule pour m'épargner la vue. Et au passage, si tu peux ne pas revenir du tout, c'est encore mieux.

Elle sort de la salle sans que je ne puisse lui répondre, le temps que les mots me montent au cerveau. Finalement, Aby avait raison, cela ne sert à rien d'insister. Puis en pensant à Aby, je repense à ce qu'elle m'avait dit ce weekend :

"Elle pourrait te faire du mal, elle peut être très méchante et blessante" "Elle rejette les gens pour se protéger" "C'est un bouclier qu'elle se forme pour qu'on lui fiche la paix."

Non. Je vais pas laisser tomber. Je vais pas me laisser faire. J'en ai marre de ses remarques.

Je sors de la salle de classe et je la cherche dans le couloir, presque en courant. Elle est là.

- Hé ! Lui ai-je lancé derrière elle en la rattrapant. Tu t'es vu dans le miroir avant de m'appeler Frankenstein ?

Elle se retourne vivement, le regard noir puis en me voyant, elle explose de rire.

La vie est belleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant