Chapitre 6

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Le weekend est passé sans encombre. Apparemment, Madison a tenu sa langue auprès de ma mère et de ma soeur. J'ai révisé mes cours avec elle, puis j'ai joué au jeu vidéo préféré de Tyler avec lui car personne d'autre ne veut l'affronter. Je n'ai pas pensé à Emy, sauf le matin où je me suis réveillé en sueur après un cauchemar : J'ai rêvé que les Leaders avaient enlevé Emy et attendaient mon approbation pour qu'elle disparaisse. C'était elle ou moi. Je me suis réveillé avant de pouvoir choisir. Dans la vraie vie, je me demande si j'avais pu choisir. Bien sûr que les Leaders n'auraient pas été jusque là, mais qui sait de quoi ils sont réellement capables ? Je veux pas me l'avouer, mais ils me font peur. D'après Aby, ils avaient déjà ruiné sa vie au lycée. Ils peuvent toujours le refaire et cette fois, ça sera de ma faute, car j'ai insisté pour faire sa connaissance. Ils peuvent aussi tout autant ruiné la mienne.

Cette fois, c'est terminé, je ne lui adresserai plus la parole. Elle se débrouillera en philo.


Ce lundi, je n'ai justement pas philo. Ca me permettra de ne pas la voir. Madison part récupérer des livres qu'elle a réservés à la bibliothèque tandis que Tyler, lui, a commencé sa journée une heure plus tôt. Je les attends tous les deux avant le début du seul cours qu'on avait en commun tous les trois : Science de la vie.

Je suis assis dehors sur le banc devant le bâtiment science, lorsque j'entends des pas s'approcher de moi. Une seconde, je crois que c'est les Leaders qui reviennent à la charge. Mais ce sont des bruits de talons. Ses talons. Je vois ses longues bottes au sol lorsqu'elle s'arrête devant moi. Je m'attendais à tout, sauf à ça.

"Salut, lâche-t-elle après un moment.

Je relève la tête.

Elle porte toujours les mêmes bottes, la même veste, coiffée et maquillée comme à son habitude, une de ses mains sur sa hanche et l'autre porte une sorte de gourde opaque. Son visage ne traduit aucune expression amicale. Qu'est-ce qu'elle fait là ?

- Salut, lui ai-je répondu doucement.

"Elle va encore me gifler" ai-je pensé.

Elle reste là, à me regarder, un petit rictus au coin de la bouche. Elle semble à la fois agacée et gênée. Je n'ose pas la regarder trop longtemps, peur de m'en prendre une. Je ne quitte pas cette gourde des yeux, qui ressemble vaguement à une flasque.

Elle soupire :

- Ca me tue de dire ça... mais je te dois des excuses pour la dernière fois.

C'est comme si elle me gifle mais sans la douleur. C'est une claque, mais de surprise. Je ne sais pas quoi lui répondre.

- Pour t'avoir gifler du moins, ajoute-elle. Même si au fond, tu le méritais quand même.

- Euh je... c'est rien, ai-je lâché.

- Ok, salut.

Elle s'éclipse très rapidement. Je prends une seconde pour réagir.

- Attend ! Euh, pour la dernière fois, pour Abyleen...

- Laisse tomber gamin, on est quitte.

- Je voulais simplement te dire qu'elle n'est pas la raison pour laquelle j'ai voulu te parler.

Elle me toise presque, puis aucune émotion s'affiche sur son visage.

- Je peux vraiment t'aider pour les cours. C'est la seule chose que je voulais te dire.

La sonnerie retentit. Elle commence à faire demi-tour.

- Je peux t'accompagner à ton cours d'histoire, mes cours sont dans mon casier juste à côté, ai-je proposé.

La vie est belleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant