Chapitre 11

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Les deux semaines qui ont suivi ont consisté à me faire tout petit, auprès de mes parents mais également au lycée afin de faire descendre la pression. Difficile de se faire petit quand on dépasse tout le monde. Chaque jour, je sens encore les regards des Leaders braqués sur moi. Bizarrement, Emy aussi a été très sage. J'aurais voulu commencer tout de suite ce que j'avais envisagé de faire, mais je devais rentrer chaque jour à la maison juste après les cours. Cependant, comme elle était calme, j'ai finalement pas eu à faire grand-chose. Elle n'était pas allée voir son groupe de camés et elle assistait à tous ses cours. C'est l'impression que j'avais, après, j'ignorais si elle allait en soirée tous les soirs.

Mes parents m'ont fait encore la gueule pendant quelques jours, je leur en voulais pas et j'ai tout fait pour me faire pardonner. J'ai même laissé mon père m'accompagner pour mes entraînements de baseball. En réalité, j'ai horreur de ça. Déjà, parce que j'ai largement passé l'âge pour être accompagné et surveillé par mon père mais aussi parce qu'il passe toujours son temps à hurler des conseils comme si on était en plein match, puis à la fin, il entame une interminable discussion avec Marshall. Néanmoins, ces efforts ont fini par porter ses fruits car mon père était plus détendu et content de moi, il avait l'air de me faire confiance à nouveau.


Je suis également soulagé lorsque Kearns me rend ma copie faite en retenue :

"C'est beaucoup mieux Simon, je vous reconnais bien plus, dit-il.

Il m'a mis un B.

- Malheureusement, je peux pas retirer la note précédente, je considère que cela vous a servi de leçon.

- Oui, absolument, ai-je répondu. Ça n'arrivera plus.

Mais lorsqu'il rend la copie d'Emy, mon soulagement est de courte durée.

- Je suis désolé, Emy, j'ai essayé de noter large... C'est beaucoup trop juste.

Elle a eu un F.

- Je pense que vous avez simplement besoin de vous remettre à niveau. C'est compréhensible avec ce qui vous est arrivé.

- Ce qui m'est arrivé ? Répète Emy irritée.

Je serre les poings retenant mon souffle.

"Ça va pas recommencer" ai-je pensé.

- Votre retard de 2 ans, précise Kearns toujours sur un ton impeccablement calme face à celui de Emy. Moi aussi, si je travaillais pas ma matière pendant un certain temps je serais un peu... rouillé. Mais ça se travaille, justement. Je peux vous conseiller un cours de soutien que j'organise pour un groupe en fin d'après-midi.

Aucun autre prof n'avait jamais fait une telle proposition à Emy. Ils la laissaient se débrouiller avec son retard et ses difficultés sans se soucier d'elle.

- Je vais y réfléchir, articule-t-elle.

Kearns termine son cours en nous donnant le prochain livre à lire, le dernier du trimestre. Elle part la première du cours. Je tente de la rattraper.

- Tu dois accepter sa proposition, lui ai-je glissé.

- Quoi ?

- Le cours de soutien, c'est une super idée, tu devrais y aller.

- Te mêle pas de ça, me coupe-t-elle.

Je suis déstabilisé.

- Mais... Emy, le prend pas comme ça, c'est pas quelque chose de négatif au contraire.

- Laisse tomber j'ai dit.

On avait pas réellement reparlé depuis ce lendemain de soirée. Quelque part, ça m'avait arrangé, cela me permettait de pas trop penser à elle ni à lavoir, même si mon esprit et mon corps me hurlaient de la rejoindre, tout le temps. J'ai pu prendre du recul sur comment j'allais lui adresser la parole dorénavant. J'avais terriblement envie de lui parler, de lui proposer plein de sorties, de passer du temps avec elle. Sauf que ce n'était pas possible, plus comme avant. J'ai un rôle à tenir maintenant et il commence aujourd'hui.

La vie est belleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant