La mélodie du coeur

chapitre 3

Luka lâcha le bras d'Adrien avec la même délicatesse qu'il a eu en l'aggripant. Un peu abasourdi par sa remarque, le jeune collégien aux cheveux dorés cligna deux fois des yeux avant de répondre nerveusement à sa question.

"N-non. Tout va bien. Je t'assure, Luka."

Il carresse sa nuque ,détourne le regard et baisse la tête. Il n'était vraiment pas doué pour les mensonges. C'était une première pour lui; être percé à jour dans son jeu d'acteur. Le grand frère de Juleka n'était pas du tout convaincu par sa réponse, pas le moins du monde mais voyant son expression il décida de se dispenser de commentaires. Une lueur de tristesse se vit dans les yeux du rocker due à son impuissance mais cela n'a duré qu'une fraction de seconde. Il se doutait que cela devait être grave pour qu'il fasse semblant d'aller bien alors que ce n'était pas le cas. Mais s'il ne voulait pas en parler, le guitariste ne le forcerait pas à le faire. Il lui demanda de relever la tête. Adrien s'exécuta et Luka lui offrit un sourire réconfortant. C'était tout ce qu'il pouvait faire.

"Si tu le dis, Adrien. Mais si quelque chose ne va pas, ne garde pas tout pour toi. Tu peux venir m'en parler si tu en sens le besoin."

Le jeune mannequin le fixa un moment. Le musicien lui a dit quelque chose de similaire quand il était en Chat noir. Luka était l'une des plus belles personnes qu'il n'a jamais rencontré après sa mère: gentil, attentionné et généreux mais surtout perspicace. Il était doué pour deviner les sentiments des gens et il n'hésitait pas à demander mais, le plus important, à aider, à écouter. Le véritable ange dans Paris, ce serait sûrement lui bien que son look ne correspondait pas vraiment à cette image. Adrien avait ouvert la bouche pour parler mais quelqu'un l'a devancé. C'était Rose, la copine de Juleka et la chanteuse des Kitty section. Elle était impatiente de répéter la nouvelle chanson de leur groupe. Elle invita Adrien à les regarder jouer mais il refusa poliment son invitation disant qu'il avait un emploi du temps chargé. Sur ce, le blond s'en alla vers sa voiture.

Tout se déroulait comme prévu. Après le collège, la séance photo pour promouvoir le nouveau parfum de son père "Adrien, le parfum", séance d'escrime avec sa redoutable partenaire d'entraînement Kagami et enfin son cours de chinois avec son professeur plus ou moins vieux jeu. Mais pendant toutes ses activités, Adrien ne pouvait s'empêcher de penser aux paroles blessantes de Ladybug. Elles tournaient en boucle dans sa tête. Cela l'empêchait d'essayer de passer une "bonne journée". Elle l'avait encore brisé le cœur après tout. Qu'espèrait-il? Arrivé chez lui, il dîna seul comme chaque soir avant de monter dans sa chambre pour se laisser tomber sur la chaise de son bureau et enfuit son visage entre ses mains. Il lâcha un long soupir de fatigue dû à ses longues cogitations sur l'héroïne masquée et sa journée éreintée.

Une phrase l'avait particulièrement touché :"Si tu étais vraiment amoureux de moi, tu me laisserais tomber pour que je puisse être avec cette personne ", laisser partir la seule personne dont il n'est jamais tombé amoureux ? En était-il capable ? Pour la rendre heureuse mais dans les bras d'un autre? À cette idée, il est de nouveau pris d'une affreuse migraine et décida d'aller prendre l'air. Il fit place à Chat noir et sortit par la fenêtre pour une balade sur les toits de Paris.

Il était perdu dans ses pensées quand il entendit une mélodie familière. Il aperçu l'origine assise seule sur le rebord d'un navire. C'était le rocker habillé de bleu azure. Sa fidèle guitare à la main, ses doigts experts glissent sur les cordes de l'instrument. Chat noir fut emporté par la musique et ,comme hypnotisé, une fois que le guitariste finit la chanson, il apparut devant lui dans un bond. Le guitariste eut un petit sursaut et ouvrit de grands yeux surpris avant de reconnaître celui qui venait de se montrer. Toujours sa guitare à la main, le visage de Luka se fondit dans une expression chaleureuse de bienvenue et le salua. Chat noir fit de même puis un silence gênant s'installa entre eux. Qu'est-ce qui lui a pris de se montrer?? Et maintenant quoi? Il était tendu.

Sentant le malaise prendre de l'ampleur à chaque seconde qui passait ,Luka commença à jouer comme il l'a fait la veille. Chat noir resta debout un instant à l'écouter et Luka lui fit un signe de tête pour l'inviter à s'asseoir puis, plus détendu, le justicier se résigna à s'installer à côté du musicien. Les dernières notes ne tardèrent pas à se faire entendre et restèrent en suspens dans l'air. Les nuages se dispersèrent faisant place à la lune qui leur permettait de mieux voir le visage de l'autre. Remarquant que son invité surprise soit plus à l'aise pour discuter, le guitariste se tourna vers lui pour lui demander le sujet de sa venue. Le héro habillé de noir ne répondit pas immédiatement, fixa le sol et s'interrogea lui-même sur la raison pour laquelle il avait décidé de l'approcher. Il leva la tête vers le musicien en se remémorant sa journée. C'était horrible de se torturer l'esprit de cette manière tout ce temps. Il regarda son interlocuteur se perdant un instant dans ses yeux bleus aussi profond que l'océan tout en se rappelant ce qu'il lui avait dit la veille au soir et ce matin, et pourtant...

"Je suis parti prendre un peu l'air et je t'ai vu donc je suis passé dire bonsoir."

Chat noir prononça ces mots avec la même intonation de désinvolture qui le rendait si énergique. Cependant, le guitariste le regarda d'un air perplexe et pencha légèrement la tête.

"Tu es sûr que c'est juste pour ça que tu m'as approché ce soir?"

Le matou se mura dans le silence une fois de plus ne sachant pas vraiment la réponse à cette question non plus. À quoi pensait-il en faisant cela? Mais qu'est-ce qu'il lui est passé par la tête? Mais qu'avait il a y perdre à se confier si cela pouvait le soulager ne serait-ce qu'un instant? Rien du tout. Il n'avait rien à perdre.

"Hier soir, Ladybug m'a recalé. Ce n'est pas la première fois mais cette nuit là, elle m'a fait comprendre que j'étais juste trop collant, trop... persistant. Elle m'a dit de la laisser partir pour de bon car elle aimait un autre garçon."

À la fin de sa phrase, il sentit son cœur s'alléger un peu ainsi que ses épaules. Qui aurait pensé que se confier à quelqu'un procurerait un tel sentiment de légèreté? Ephémère certes, mais quand même. Luka se retourna, s'assit en tailleur pour lui faire face et reprit son activité tout en lui disant qu'être obstiné n'était pas forcément une mauvaise chose mais qu'à un moment il fallait repenser à toute la situation avec tous les éléments en considération. Il lui demanda ce qu'il comptait donc faire. Il répondu ne pas savoir et que c'était la cause de son désarroi.

"Et si tu te laissait du temps pour y réfléchir ? Tu n'es pas dans l'obligation de prendre une décision maintenant. Tente d'abord de calmer la cacophonie qui résonne dans ta tête et de donner du repos à ton cœur qui a déjà beaucoup subit. Quand tu seras en pleine possession de tes moyens, tu pourras prendre ta décision. "

Chat noir réfléchit un instant. Ce n'était pas une si mauvaise idée. Il remercia son confident pour son conseil mais surtout pour l'avoir écouter. Ils continuèrent de discuter quelques minutes. Le justicier se rendait compte qu'il n'a jamais vraiment eu de conversation avec Luka. Celui-ci s'avère être une très bonne compagnie. Il ne jugeait pas, parlait avec tacte et franchise. Il écoutait avec attention jusqu'à la fin sans jamais interrompre. De plus, il était très bon musicien. Quand le justicier masqué remarqua l'heure, il décida de clore cette conversation et de rentrer.

“Merci de m'avoir écouter, Luka.”

“Il n'y a pas de soucis. Tu peux revenir quand tu veux. ”

C'est sur un énième sourire envoutant dont il avait le secret que Luka termina sa phrase. Une brise fit valser ses mèches bleutées sous la lumière des guirlandes qui brillaient sur le pont du navire. Chat noir resta figé un instant devant cette scène puis reprend ses esprits. Qu'est ce qui lui prenait de l'admirer ainsi? Le justicier fronça les sourcils dubitatif avant de s'élever dans le ciel en direction de sa demeure.