Jeudi 7 juin 2012

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Minuit et 20 minutes : Je me lève parce qu'il me vient une idée intéressante et que je souhaite l'écrire. Il est 0h20', il est fort probable qu'en ce moment personne ne pense à moi. Et même sans parler de penser longuement à moi, sans doute que je ne traverse aucun esprit ! Je n'existe donc pour personne ! C'est un moment d'éternité, c'est fabuleux, je suis libre ! Je n'existe que pour moi, si tant est que ce moi existe. Je suis seul dans l'univers, sans partage, sans rien, mais libre. Je serais dans un stade de 70000 personnes que le ressenti pourrait être similaire, c'est vraiment fascinant !

Le matin : Un drôle de rêve cette nuit, je ne me souviens que de la fin. Ça se passait dans ma chambre, je venais de tuer Mélanie et je me voyais lui couper les pieds et la tête que je souhaitais garder comme trophée avec l'intention de me débarrasser le reste du corps. Je me suis ensuite mis à éjaculer puis me suis réveillé. Ce qui me semblait le plus troublant c'est que je ne peux absolument pas qualifier ce rêve de cauchemar, j'y éprouvais en effet du plaisir et même ensuite réveillé je n'étais pas inquiet, je me disais que ça n'était qu'un rêve, que j'avais pris du plaisir,mais que je n'avais fait de mal à personne et surtout, que personne à part moi ne sera de toute façon au courant de cela.

C'est maintenant que je commence à me poser des questions. Je n'ai jamais eu de fantasmes violents et pourquoi n'ai-je pas été horrifié par ce rêve ? Ça n'est pas rien, même en rêve de découper en morceau sa future ex-petite amie ! Certes Mélanie m'attire, mais c'est vivante qu'elle m'attire, pas morte ! En fait en y repensant, je me dis que c'était comme une vengeance, Mélanie ne m'aime plus, je le sais, je le sens et à travers le rêve je mettais en scène une sorte de vengeance.

Le soir : Je ne sais pas ce qui m'arrive, je me suis senti nul en présence des autres, j'avais l'impression d'être un imposteur. Comme si je n'étais pas vraiment comme eux, comme si j'étais autre chose.

Ce soir, je m'en rends compte je ne suis bien qu'avec moi-même. Je me suis senti pataud avec les gens, notamment avec les femmes, je me suis senti vraiment gauche. Comme si quelque chose chez elles me mettait mal à l'aise.

Franchement, je me suis senti très nul, sans consistance, sans intérêt, j'avais l'impression de jouer un rôle, je n'avais pas l'impression d'être moi. C'était la première fois que ça m'arrivait, mais j'avais l'impression d'être faux, de sonner faux et je pense que ça se voyait. Il n'y a que ce soir, juste avec moi, que je me sens moi, il n'y a qu'avec moi où je me sens bien. Seul, j'ai l'impression de me retrouver, oui, c'est cela, je me retrouve. Je suis Moi ! Le Moi de ce présent !

Plus tard : Finalement, je reviens sur l'enthousiasme que je croyais ressentir à être seul. Même seul, je me sens nul. Comme hier soir l'envie de crever est réapparue. Je pense que je bascule dans une sorte de dépression.

Et je repense à cette agression que je me suis inventée à la forêt. D'accord, je pense que je me suis fait des idées, il ne s'est rien passé, d'accord, mais malgré tout c'est comme si un truc s'était cassé en moi. Je ne savais pas qu'un rêve, même un cauchemar pouvait être aussi puissant pour générer un stress post-traumatique. Je ne vais vraiment pas bien. Je suis en train de débloquer, je dois me ressaisir pendant qu'il est encore temps.

Plus tard : Ce que j'ai écrit plus tôt est fondamental : JE DOIS ME RESSAISIR !!!

Un journal intime peut devenir la pire des plaies si je ne fais que m'y plaindre, ce serait alors le meilleur moyen pour que chaque jour je m'enfonce davantage. Or je sais que je ne peux lâcher mes écritures, ça m'apaise considérablement d'écrire. Donc justement le journal intime peut aussi devenir le meilleur des coachs s'il me permet d'aller de l'avant, de m'encourager et parfois de me donner un bon gros coup de pied au cul pour continuer à avancer.


Journal d'un lycanthropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant