Mardi 7 août 2012

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Matin très tôt !!!!

Une moto qui passait à toute allure sur la route vient de me réveiller. J'étais à ce moment en train de faire un rêve particulièrement troublant. Je m'empresse de l'écrire afin d'en préserver le souvenir. 

Cela me renvoyait à la nuit du 3 au 4 juillet, dans ce rêve, je me vois écrire les mêmes mots bizarres : « malécrire doulheurs là sai pa quoi fair. Sai pu crire ; pas bouyrré maistout com !!! senmauvais, poils sur doi ; tete bizar mall HELPP..... » puis ensuite je me mets à hurler en me prenant la tête entre les mains. Ensuite un animal lape de l'eau dans une mare, c'est très étrange, l'animal n'apparaît qu'à travers le reflet d'une mare. Je n'y vois que le haut et la tête. La bête semble paisible, sa tête très allongée me fait penser à un mélange de cheval et de chien, mais l'eau déforme peut-être.... Je ne sais comment l'expliquer, j'en suis certain, dans ce rêve j'étais cette bête. Je voyais son reflet dans l'eau, c'est moi qui était en train de boire. 

Dans le rêve, je buvais cette eau, j'étais un animal et je ne savais pas que le reflet me correspondait. C'est une fois réveillé, maintenant, que je fais le rapprochement. C'est difficile à retranscrire par écrit : J'étais cette bête que j'observais dans le reflet ! Il y a à peine 5 minutes que je faisais ce rêve, c'est très frais, c'est incroyable, la bête, c'était moi !

Pendant ce "rêve", je ne percutais pas que c'était moi, l'homme, j'étais la bête qui buvait sans se poser de question. Qui au juste rêvait ? la Bête ou moi ? Écrire "j'étais une bête" est-il d'ailleurs correct ? Qui est ce "Je " ?

Tout devient limpide à présent ! Il s'agit ici davantage d'un rêve que d'un cauchemar puisque dans cette scène onirique tout semble normal, et calme. Je ne suis pas effrayé, je suis simplement une bête qui certes voit un reflet mais pour autant ne se pose aucune question. Je bois simplement de l'eau, je me désaltère, je suis une bête poilue, je ne pense pas, je suis juste en train de laper. 

La mare, le lieu, je les reconnais également, c'est à 800 m de chez-moi, dans un champ. Ça ne semblait pas être un vrai rêve, il s'agissait d'événements qui me revenaient en mémoire. Certes, je pourrais me dire avoir inventé tout ça, sauf que j'avais heureusement pris soin de tout dater, retranscrire et témoigner sur ce journal :  les douleurs, les angoisses et même les mots bizarres... cette étrange phrase plein de fautes... 

Une autre hypothèse me vient à l'esprit, une hypothèse plus folle encore que celle me référant aux extraterrestres... et si je m'étais transformé en loup-garou ?Je sais c'est complètement insensé ; comment est-ce physiquement possible ? Mais pourtant ces douleurs atroces, cette impression de m'étirer à certains endroits du corps et de me rétracter à d'autres endroits. Puis ces visions sensiblement différentes, ainsi que cette force herculéenne. Et ce sang sur ma bouche, ces poils incrustés dans mes ongles après mes virées nocturnes ?

Le soir : Je n'ai pas cessé aujourd'hui de repenser à ce rêve. Je sais que cette bête c'était moi, mais d'un autre côté ça n'était pas moi, c'était autre chose. D'où ma question de ce matin : qui est ce "Je" ? J'étais dans ce corps animal, je buvais, je me voyais vaguement dans le reflet de l'eau, mais je ne semblais pas penser avec des mots, je ne paraissais pas voir le monde en humain ! J'ai l'impression de me répéter, c'est très difficile à décrire, et à écrire,  je paraissais fonctionner à l'instinct. Je percevais la nature qui m'entourait, mais en moi, rien ne réfléchissait ! Ça n'était pas comme si j'étais possédé par une quelconque entité ou à l'inverse comme si j'avais les commandes dans un corps autre, j'étais vraiment cet animal. 

Pour tenter de répondre à cette troublante question "qui est ce Je ?" : Le «je » et le « moi » n'avaient vraiment aucun sens pour cette bête. J'étais cet animal, mais JE n'était pas MOI !! Soit JE était un autre (mais alors encore beaucoup plus autre que l'autre rimbaldien), soit JE n'existait carrément pas. L'animal ne pensait pas en terme de subjectivité, il pensait en images, en sons et surtout en odeurs, mais ce n'était que l'effet des sens et d'un inexprimable instinct.

En y repensant la scène était presque belle, je me souviens de la vue, la lune se reflétait sur la mare, il y avait comme des reflets bleus, c'était très beau, il venait de pleuvoir, l'herbe humide sentait merveilleusement bon, mais tout cela ne résonnait pas en moi. Les effets des sens, si beaux après coup (une fois réveillé), ne stimulaient pourtant sur le moment aucun sentiment, aucune émotion, aucune réflexivité. Je, ou plutôt, ce n'était qu'une bête ! Une bête dont les sens n'étaient que des outils ! Ça n'était pas un cauchemar. Je ne me sentais ni fort, ni puissant, je vivais, je respirais et je lapais l'eau, mais au sein de cette bête, rien ne semblait réfléchir !

Journal d'un lycanthropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant