Vendredi 6 juillet 2012

11 3 3
                                    


Je n'ai pas réussi à trouver le sommeil cette nuit, je cogitais, j'étais épuisé, mes yeux me piquaient, je n'avais qu'un besoin, dormir, mais je n'y arrivais pas, je me forçais à dormir, je voulais éviter de penser à ce mal qui me ronge, à ce mal inconnu et à Mélanie qui m'a définitivement quitté. Mélanie à qui je me suis surpris à penser alors qu'elle m'a sans doute oublié. Comme souvent quand on veut absolument dormir et que l'on n'y parvient pas, je ne cessais de me retourner d'un côté et de l'autre et bien sûr, plus je me forçais à dormir, moins j'y parvenais.

Je me sens faible.

Et cette douleur sourde qui résonne un peu partout...

Le soir : J'ai à  nouveau avancé au radar toute la journée. J'ai maigri. Je me suis vu dans le miroir et je trouvais quelque chose de bizarre sur mon visage, ma mâchoire avait l'air subtilement allongée. Mes collègues se sont montrés inquiets de mon état, je répondais laconiquement, il m'était vraiment difficile d'entrer en relation. J'étais ailleurs. Je me trouve à présent si éloigné de ces gens en bonne santé...

J'ai l'impression que c'est bientôt la fin, je pense que j'ai une maladie grave. Je n'ai plus la tête à blaguer et je suis tellement exténué que je n'arrive même pas à faire semblant d'être normal. Puis lorsque l'on a l'impression que c'est la fin, il est difficile de paraître normal. Je ne suis plus en phase avec eux. Eux, ils me semblaient bien insouciants, je les enviais. Eux, ils ne sont pas malades, ils ne vont pas mourir bientôt. Contrairement à moi, leurs jours ne sont pas comptés.

Je suis triste et même carrément dépressif, je suis triste parce que je sais, je sens que pour moi c'est la fin. Certes la mort c'est la fin de la souffrance, c'est aussi la fin du monde, la fin de la conscience, la fin des pensées, des émotions et des contemplations. Je regarde mon jardin, une petite mésange charbonnière est en train de chanter. C'est beau. Ce soir ma tristesse est romantique, presque nostalgique. Il y a 2 mois, j'étais très bien, j'étais avec Mélanie, au travail avec les collègues ça se passait bien, j'avais une hygiène de vie plutôt saine, je ne fumais pas, je picolais un peu, mais pas tous les jours, je n'étais pas méchant, je ne me posais pas plus de questions que ça, sauf sur le journal où j'adorais enculer les mouches. Je me contrariais pour des broutilles comme quand on se moquait de moi lorsque j'essayais de parler avec élégance. C'est maintenant que je me rends compte à quel point tout ça était futile. 

Quelle était la probabilité que je tombe malade comme ça à la force de l'âge ? Presque nulle, et pourtant... 

Je ne peux pas m'empêcher de trouver tout ça quand même un peu injuste.

Journal d'un lycanthropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant