MOUVEMENT N°17

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𝐆𝐄𝐑𝐌𝐀𝐈𝐍

Je la regarde dans les yeux, comme je pense que je ne l'ai jamais fait. Leur couleur bleutée me donne mal à la tête. Je l'oblige à ne pas faire de même, car je sais où ça pourrait nous mener. Je n'ai pas envie de l'y amener, sachant que dans si peu de temps je ne serais plus là. Elle m'en voudra très certainement plus que je ne le pense mais elle n'y peut rien de plus que moi. 

Il n'y rien de plus dur à ce jour, que de me dire que je peux, à tout moment la quitter. Ou que ça soit elle qui le fasse. Je commence à les connaitre, elle et son caractère de merde. Elle peut très bien le monter contre moi et faire qu'il ne veuille plus de moi, comme moi j'ai envie d'elle.

Sans rien lui dire, je passe mon bras autour de ses épaules et sa tête se niche dans mon cou. La mienne se loge au-dessus de son crane après lui avoir embrassé les cheveux. Jamais je n'ai autant aimé partager un moment banal avec une personne.

— C'est quoi ton plus grand rêve ?

J'hésite quelques secondes. Il y a quelques années, j'aurai sans hésitation dit de faire le tour du monde ou de rencontrer mon joueur préféré, comme chaque petit garçon. Mais depuis ça, j'ai découvert la raison de ce qui me maintient en vie jusqu'à présent, même malgré la maladie. Je ne souhaite pas vivre le plus longtemps possible, mais d'aimer danser jusqu'à ma dernière seconde sur Terre.

— De danser. Jusqu'à la fin de mes jours, je lui confie.

— T'as encore du temps, rigole-t-elle, ne se rendant pas compte de ce qu'elle dit.

J'aime la Leslye innocente, qui ne sait pas ce qu'elle dit. Encore quelque mois auparavant, l'ancien Germain aurait eu cette même réaction, s'il était devant nous. Mais depuis, il sait aussi très bien qu'il ne peut pas prendre le risque. Son genou et son cœur souffrent. 

Mais ce dernier, veut battre à l'unisson avec un autre cœur. Il veut, avant de s'éteindre, aimer pour de vrai, battre. Je veux, qu'il batte. Une fois contre toutes celles que j'ai eues. Toutes ces fois qui n'étaient rien contre ce moment ou ce futur moment. 

À quel moment tout a changé ?

— Je te promets de te faire danser, jusqu'à ce que tes jambes te disent « stop ».

— Je te promets de ne jamais m'arrêter de te laisser m'entrainer dans ta danse.

On se sourit et je replace l'une de ses mèches derrière son oreille, comme tout à l'heure, quand l'on dansait. Son chignon s'est un peu détendu et même si ce n'est pas fait exprès, j'adore le rendu. Elle n'est presque pas maquillée, un peu de mascara, de blush rose pailleté, de fard à paupières dans les tons d'orange-jaune et de gloss à part, son visage est quasi naturel. Elle est magnifique. Et je m'en veux de seulement m'en rendre compte maintenant. 

Leslye porte une robe dans les mêmes tons que son maquillage et a ajouté un petit blazer pour combler le froid. J'aime sa façon de s'habiller et Thaïs dirait la même chose que moi si elle la voyait maintenant. 

Je lui prends la main et on descend du bus après avoir adressé un « au revoir, merci » au chauffeur. La légère brise de fin de soirée fait trembler Leslye alors je lui passe ma veste en jean. Je vois au loin un banc libre. On s'y assoit calmement et je la colle le plus possible à moi, pour la réchauffer le plus que je peux. Elle replie ses bras sur elle-même et pose sa tête sur mon torse. 

Et enfin, je sens nos cœurs qui battent à l'unisson, contre nos bras. Son pou est tout aussi intense que le mien, du fait de notre proximité mais aussi de l'attraction qui commence à nous unir. Un léger souffle de ma part, qui signifie bien plus que je ne l'aurais pensé. Il veut dire ce que je me cache depuis longtemps. Il veut dire que Leslye fait maintenant partie de mon cœur blessé qui se contracte à mesure qu'il bat. 

À l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant