MOUVEMENT N°28

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𝐋𝐄𝐒𝐋𝐘𝐄

Une semaine est passée depuis notre après-midi au parc, en compagnie des amis de Germain et de Maely. Et depuis ce moment, je ne cesse de me sentir encore plus proche de lui. Cette semaine m'a permis d'être réellement confrontée à mes sentiments pour lui. Et j'en arrive à la même conclusion : je suis bel et bien amoureuse de Germain. Ce n'est pas seulement un sentiment qui vient et qui risque de partir, non c'est bien plus fort que ça. 

C'est de l'amour pur et simple. 

Mais bien sûr, j'en suis terrifiée, bien plus que les monstres sous les lits ou les cordons bleus de Marius. Non, là, j'ai peur que ce rêve que je prends pour réalité ne me passe entre les doigts ou que sa cruauté ne me frappe en plein visage. Ou simplement que je me sois fait des films et que le Germain que j'ai en face de moi me rit au nez. 

Alors, je n'ose pas lui dire que je l'aime ou que je suis pleinement amoureuse de lui. Il me l'a peut-être dit, mais je ne suis pas encore prête. Certainement que cette attente pourrait lui permettre de s'éloigner, mais non. Il est toujours là, avec une fille qui ne s'aime pas mais qui l'aime. 

Allongés dans l'herbe, ma tête est sur son torse. Ses mains touchent mes cheveux, alors que je lui raconte me plus grands rêves. Avec lui, je me sens capable de parler de tout ce qui me passe par la tête, même les choses les plus bêtes. Quand il me regarde intensément, comme pour me dire que toute son attention est sur moi et que même une attaque d'extraterrestres ne pourra l'empêcher de continuer, je me sens comme invinssible. La peine du monde ne sera jamais aussi grande que l'amour que je lui porte. Elle ne pourra jamais venir en travers de nous et de ce que nous sommes. 

Nous sommes jeunes et avons la vie devant nous, oui. Mais quand notre cœur bat à l'unisson avec celui dont nous rêvons depuis des semaines, mois, années, nous savons que si elle venait à s'arrêter maintenant, elle aura été la plus belle. La plus courte mais la plus intense.

⎯  Je rêve de danser à l'Opéra Garnier, de créer ma propre chorégraphie, d'être reconnue pour mon talent, même si je ne me l'avouerai jamais à moi-même...

...mais par-dessus tout, m'aimer et être aimée.

Sauf que ceci, je ne lui dis pas, même si je sais qu'il ne me jugera jamais. Je préfère encore avoir honte que de me plaindre une fois de plus. Mais il me connait trop bien, et même si je ne l'ai pas avoué à cet instant, je l'ai déjà fait. Et ces paroles que je trouvais sans sens ont en trouvé un grâce à lui. Grâce à sa manière de les recevoir et de les écarter le plus loin de nous, quand il sait qu'elles n'ont en rien leur place près de nous. 

C'est lui le plus fort de nous deux, même s'il ne l'avouera jamais.

⎯  Si personne n'est capable de t'aimer à ta juste valeur, je serais l'exception. La personne qui peut être jugée pour aimer mais adorée pour cette même raison. Car tu mérites d'être aimée autant que quiconque ici.

Je lui lance un regard rempli d'interrogation, les sourcils froncés pour la manière. Ces paroles ont beau être belles, jamais je ne pourrai pleinement les accepter. Elles resteront toujours en compagnie de leur inverse. Et dans tous les cas, les plus mauvaises sont toujours plus fortes que les bonnes. Elles seules ont pour le moment la bonne clé pour entrer dans mon esprit. 

Pourtant, je sais qu'il a raison. Je sais que si j'y mettais un peu du mien, je pourrais m'aimer, sans penser à ce qui fait que je suis vivante. Sans penser au viol de ma mère et aux gestes déplacés de Monsieur Mansart. Toutes ces choses qui consument de jour en jour cette âme qui navigue en moi. Elle joue avec moi en s'en allant ou s'installant. 

À l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant