À l'unisson

MOUVEMENT N°21

𝐆𝐄𝐑𝐌𝐀𝐈𝐍

Toute la nuit, je n'ai fait que penser incessamment à mon baiser avec Leslye. Il me hante depuis hier, au point que je n'ai pas pu dormir. Alors quand j'arrive en cours de hip-hop, c'est avec des cernes au bord des yeux. Aucun mot ne peut pleinement décrire ce que je ressens. Moi-même, je ne peux poser un sentiment sur cela. Ça a été fort, si fort que je n'ai pas pu le prédire. 

À vrai dire, je ne cherche même pas à expliquer ce qu'il s'est passé. Car si ça a eu lieu, il y a bien une raison. Valable ou pas valable, j'ai dès à présent la mienne, mais ne connais en rien celle de Leslye. Peut-être était-ce juste une consolation pour elle, ou cherchait-elle à savoir comment me rendre fou ? Je le suis bien, si ça peut la rassurer. Et ça ne date pas d'hier, mais plutôt du jour où l'on s'est rencontrés. 

Tout ce qu'il s'est passé, ce jour si fatidique me revient en tête, à mesure que je cesse d'avancer. Tout semble être fait pour que je vive dans le passé et que mon futur soit aussi flou que mon présent.

Elle a croisé mon regard et m'a souri, puis nous ne sommes plus quittés. C'était un jeu, le meilleur que je n'ai jamais joué. Pour moi, ce n'était à la base qu'une simple fille parmi les autres. Une autre fille qui allait me passer à côté sans même me remarquer. Puis j'ai eu la surprise d'apprendre qu'elle allait être ma partenaire pour ce projet. Au début, je n'ai rien vu, pas même sa répartie n'a su attirer réellement mon attention. Rien ne nous unissait, vraiment, tout nous séparait, en réalité. Elle était passionnée par la perfection, alors que je cherchais encore la mienne. 

Les jours ont passé et toujours rien. Mon cœur ne battait pas vite et ça me passait au-dessus. On était là pour collaborer pas pour tomber amoureux. Je crois même que l'amour m'est tombé dessus sans me prévenir. Il s'est dit que c'était le bon jour, sans même demander son accord à mon cœur. Lui seul savait pourtant quoi faire. Aucun de nous n'a été mis au courant et ce pour le bien de mon cerveau. 

Plus tard elle m'a invité chez elle. Ça ne signifiait rien, mais à la fois beaucoup. J'ai été présenté à son père et son frère. Ce dernier a été on ne peut plus accueillant avec moi. Jamais je n'aurais cru qu'en aillant une sœur comme elle, il allait se montrer de la sorte en ma compagnie. Car Leslye a mis un temps fou avant de m'accepter, mais surtout d'accepter le fait que je l'avais accepté. De mon côté, ça a été fait plus vite que je ne l'avais imaginé. Je ne connaissais rien d'elle, en outre de ce qu'elle m'avait dit sur elle, mais depuis cette rencontre, elle faisait partie de ma vie. Je ne pouvais rien contre ça. Alors je l'ai acceptée. 

Et puis, il y a une cette fête. C'est cette dernière qui a tout marqué. C'est grâce à elle que j'ai tout su. J'aime à me dire, que ça a été la même chose de son côté, mais je sais que je me fais des films. Certains regards ont pu être imaginés, je le sais plus que bien. Mais une petite partie de mon être espère plus que tout que ce soit vrai. Car si je dis juste, je suis sûr que mes sentiments sont partagés. Mais encore une fois, les rêves que je fais m'induisent bien trop souvent en erreur. 

Alors, je me passe la main sur le visage et signifie à mon esprit d'arrêter ce qu'il est en train de faire. Tout de suite. Assis par terre, je vais vers un de mes camarades de classe qui danse aussi. Ce dernier me demande comment va mon genou, je lui réponds brièvement, pensant voir au loin celle qui fait battre mon cœur qui va mal depuis quelques temps.

— Ça va faire combien de temps que tu peux redanser maintenant ?

— Au moins trois semaines.

— Tu dois être heureux.

Je me tourne vers lui.

— Je le suis, oui. Mais ça ne risque pas de continuer.

— Oh, pourquoi ça ?