MOUVEMENT N°24

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𝐋𝐄𝐒𝐋𝐘𝐄

Nous sommes allongés sur son lit depuis dix bonnes minutes. Il joue avec mes doigts alors que j'observe attentivement sa chambre. Elle est dans les mêmes tons que la mienne mais fait plus ados. Des posters de Spider-Man sont accrochés au mur et sur une étagère se trouvent au moins cinq anciennes caméras. Je lui demande à quoi elles lui servent, il me répond qu'avec ses amis, ils ont décidé de réaliser un court métrage. Instantanément, je souris, fière, sans savoir pourquoi, de lui. Je n'ai jamais rencontré tous ses amis et j'en suis déçue. Une fois, j'ai pris connaissance de Mao lors de notre cours de hip-hop, mais c'est tout. Nous n'avons pas plus parlé de nos amis respectifs.

— Qui sont ceux qui partagent ta vie, Germain ?

— Pardon ? demande-t-il en se redressant et passant son bras derrière mon cou.

— Dis-moi qui sont tes amis.

Il reprend sa respiration et récupère un de mes mèches de cheveux qui était tombée de son emprise.

— Il y a d'abord Mao. Mao, je pense que c'est mon meilleur ami, même si les autres sont aussi légitimes de l'être. Dans notre groupe, on ne fait pas de préférence. À part Iris avec Clément.

— Comment ça ? m'interrompt-elle.

— On pense qu'ils sont, en cachette, ensemble, même si sous leurs airs de bons amis, il y a bien plus. Ils ne sont vraiment pas discrets.

Je rigole, lui laissant l'occasion d'en dire plus sur ce Mao.

— Mao, comme nous tous, fait du hip-hop depuis quelques années maintenant. Il est d'origine Japonaise, et est né là-bas. C'est le mec le plus drôle que je connaisse. Il a toujours un petit truc à dire et quelque chose à reprocher à quelqu'un. Si j'ai besoin d'un combattant, je sais sur qui compter. Et pourtant, ce n'est pas un défaut, car il sait s'en servir, non pas contre lui, mais à son avantage.

Je hoche la tête. La manière dont il le décrit me fait l'aimer sans même le connaitre.

— Puis, il y a Théo. Si tu ne tombes pas sous le charme de son talent, je te conseille d'aller chez l'ophtalmo. Ce gars a des milliers de vies et chacune d'elle a son film. Il a toujours une caméra sur lui, et si non, son téléphone est dans ses mains en cas de besoin. C'est grâce à lui qu'on a eu l'idée de ce court métrage. Je suis littéralement fan de ce qu'il fait et de ce qu'il compte faire. Par exemple, les figures qu'il peut réaliser en skate sont bien plus impressionnantes que celles qu'on voit dans tous les skate-parks du monde. Et je ne dis pas ça parce que c'est mon pote. C'est la pure et simple réalité. Mais, fais-moi la promesse, de ne jamais le lui dire. Nous connaissons déjà tous sa réponse, à chaque compliment qu'on lui fait.

— Il vous répond quoi ?

— Que le talent, c'est relatif. Que ceux qu'il a, des milliers de personnes l'ont. Patati patata.

— Alors, tu lui diras que non. S'il a ces talents, c'est pour une raison. Pas seulement car il manquait une personne à Angers qui sache faire ce qu'il fait.

Nous nous sourions. C'est ce que mes pères me répètent quand je fais la modeste en disant que je ne me trouve pas talentueuse et que je ne suis pas satisfaite de ce que j'entreprends. J'ai, plusieurs fois, voulu arrêter de danser. Mais les souvenirs de tous les rêves que la petite Leslye voulait réaliser me reviennent toujours en tête. Quand je pense que j'en ai réalisé la plupart, je me dis que je peux être heureuse et fière, même un petit peu, de mon parcours. J'aimerais lui crier, à cette gamine de dix ans, qu'il ne faut jamais renoncer aux portes qui peuvent s'ouvrir, seulement parce qu'on n'a pas la bonne clé. Elle sera trouvée plus tard, et ce temps passé à la chercher aura permis à s'améliorer et se remettre en question. Et ce pour le mieux.

À l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant