Les Clans, Tome 2: Les Amants du Soleil Ardent (𝘖𝘊𝘴 + 𝘔𝘪𝘯𝘴𝘶𝘯𝘨)

Chapitre 11

Le jour du concile, Eunsun avait à peine réussi à manger quoi que ce soit le matin même. Toute la famille, ainsi que Himjae, y avait été convié. La jeune femme redoutait ce moment. C'était là qu'allait se jouer l'avenir du Nord, l'avenir de son Clan, et aussi le sien. En enfilant ses vêtements dans sa chambre, elle avait les mains qui tremblaient. La nervosité crépitait le long de ses doigts. Elle prit d'ailleurs tant de temps à se préparer que quelques coups à sa porte la fit sursauter. Entrain de boutonner un de ses vestons, elle invita la personne à entrer et ne fut nullement surprise de voir son père Minho sur le palier de sa porte.

La mine sombre et les yeux fatigués, il s'approcha d'elle sans hésiter pour l'aider à fixer sa tenue. Eunsun se sentit comme une enfant à laisser son père s'occuper d'elle à ce point, mais elle n'y pouvait rien. Malgré toute sa conviction, elle se sentait les épaules trop frêles pour ce qu'elle s'apprêtait à faire. Le goût rance de la trahison était collé sur sa langue. Elle voulait repartir guider son peuple pour récupérer Seungmin, son frère, et les autres habitants d'Inlandsis à la merci d'Himchan. Ce n'était pas une mauvaise chose.

« Tu as l'air préoccupée. » murmura son père Minho alors qu'il avait finit de boutonner son veston. Son odeur de bois de rose la calmait. « Tout va bien se passer tu sais ? »

« Si je te dis que je veux retourner chercher Eunjin moi-même, qu'est ce que tu répondrais ? »

Parfois, les yeux verts de son père semblaient plus durs et glaciaux que ceux de son père Jisung. Mais là, elle y voyait tout son amour. L'Oméga face à elle l'aimait, aimait ses enfants plus que tout au monde, avait trouvé son âme sœur à travers tout le continent. Il s'était battu pour ce qu'il avait, il avait aussi probablement tué pour y arriver. Et Eunsun voulait simplement qu'il comprenne. Elle se sentait coupable pour ce qui arrivait à Eunjin, elle se sentait aussi coupable de ne jamais avoir trouvé un Alpha qui lui plaisait à Inlandsis... tout aurait été mille fois plus simple. Pourtant son cœur et son Oméga intérieure avait choisi Himjae. Le fils d'un ennemi à sa propre famille. Tout était si compliqué...

« ça ne me ferait pas plaisir. » répondit son père Minho sans la quitter des yeux. « Et je serais mort d'inquiétude de savoir ce que tu risques là-bas. »

Quelque chose dans le regard de son père faisait frémir Eunsun. Elle y voyait ce qu'il avait traversé : les épreuves, son amour interdit avec un Alpha paria, sa famille... tout avait été difficile pour lui. Elle le savait. Et la culpabilité qui la rongeait continuait de gratter son ventre. Ce n'était pas pas pur caprice qu'elle voulait le faire. Haewon lui avait fait comprendre qui elle était et ce qu'elle pouvait réaliser. C'était peut-être présomptueux de sa part, mais en songeant à la réaction du concile lorsque Seungmin avait reçu la missive d'Himchan... beaucoup attendait de voir sa façon de réagir.

« Mais qui suis-je pour t'en empêcher ? » demanda son père avant de glisser sa main dans les cheveux de sa fille. « Tu es une adulte, je t'ai élevé pour que tu sois indépendante et forte. Ça serait injuste de ma part de t'empêcher de faire quoi que ce soit. »

« Pama... » bredouilla t-elle, la gorge nouée.

« Ni moi, ni Papa, ni même Eundae ne serions heureux de te voir partir. Mais je comprends ton envie de te battre. Si je n'étais pas enceint, j'aurais moi-même cherché à aller récupérer mon fils sans hésiter. »

Lorsque son père Minho fit jouer une mèche de cheveux entre ses doigts, Eunsun se sentit frémir. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle ne voulait pas le décevoir. Ni lui, ni le Clan entier. Et l'injustice était flagrante. Quelle peine ce devait être pour lui de savoir que son propre frère menaçait sa vie.

« Quand j'ai quitté les Bois, avant même de savoir que ton père était l'amour de ma vie... » reprit-il avec un sourire nostalgique sur les lèvres. « J'ai bien faillit dire tout le mal que je pensais à ton grand-père : que je le haïssais pour me vendre sans aucune considération que le bien du Clan. Et au final j'ai ravalé ma colère, car j'aurais détesté me dire que c'était les derniers mots que nous aurions échangé. »