L'enfant qui parlait fourchelangue

chapitre 21

Tom songeait encore aux paroles qu'avait prononcées son ami. C'était tout ce à quoi il parvenait à penser. Il aurait aimé pouvoir aller lui parler, mais celui-ci l'évitait apparemment depuis leur dispute. Soit ça ou il était très malchanceux et le manquait toujours de peu. Il était porté à croire que c'était plutôt la première raison.

Faute de mieux, il s'était installé dans la bibliothèque à une table cachée par les étagères, mais ayant une vue sur l'entrée. Il espérait y voir Harry et, si celui-ci ne le voyait pas, il ne ferait pas demi-tour pour l'éviter. Il pourrait alors le surprendre et l'entrainer à l'écart pour lui parler.

Cependant, après un moment, il ferma le livre qu'il tentait de lire en vain et se leva. Ce qu'il faisait était complètement ridicule. Harry ne se pointerait peut-être même pas ici de la journée et pourtant lui le guettait comme un parfait imbécile. Tant qu'à perdre son temps, il allait le faire ailleurs. Peut-être qu'il réussirait à être productif.

Il ne savait pas pour l'instant s'il comptait envoyer de nouveau le basilic sur l'un des élèves. La discussion qu'il avait eue avec Harry l'avait un peu refroidi. C'était comme si, d'un coup, la colère qu'il ressentait envers les autres s'était retournée contre lui. Il s'en voulait plus que tout pour avoir négligé Harry. Avec du recul, il voyait qu'il avait agi comme un idiot. Peut-être était-il aussi mauvais que son père ? Il avait, après tout, abandonné son meilleur ami en se concentrant uniquement sur ses besoins à lui.

Il orienta quand même ses pas vers la salle de bains des filles au deuxième étage. Il pourrait fouiller encore un peu dans les archives de Salazar. Depuis qu'il avait découvert le sortilège d'oubliette lors de l'une de ses nombreuses expéditions à la bibliothèque, il pouvait se rendre plus souvent à la Chambre sans crainte. Harry ne pourrait pas le fuir éternellement et, après avoir pris conscience de la distance qu'il avait lui-même imposée entre eux, il comprenait le plus jeune d'être furieux contre lui. En attendant, il allait devoir expliquer au basilic pourquoi il ne voulait pas qu'il attaque de nouveau pour l'instant. Il allait sûrement lui faire la tête pour ça.

Harry se passa la main dans les cheveux en regardant l'ouverture de la Chambre se refermer. Il ne savait pas qui était le plus têtu, le basilic ou Tom. Au moins, il avait fini par lui faire comprendre qu'il ne devait plus faire de mal aux élèves de l'école.

Il se retourna, surpris, en entendant la porte de la salle de bain claquer violemment. Une jeune fille aux courts cheveux bruns et aux grosses lunettes déboula dans la pièce, sanglotant bruyamment.

Il se figea, ne sachant pas comment réagir. Il la regarda pendant un moment, mais quand celle-ci se rendit compte de sa présence, il fit mine de s'approcher simplement pour recevoir un regard dur en échange. Il continua pourtant, les mains à vue devant lui, pour montrer qu'il ne lui voulait pas de mal. Elle se contenta de le regarder s'avancer d'un air suspicieux. Le Serpentard posa lentement la main sur son cœur avant de la pointer, tentant de faire passer son message. Il espérait qu'elle comprendrait, car il ne pouvait pas faire mieux pour l'instant. Il ne s'attendait pas à la haine qui allait se déverser sur lui.

–T'as pitié de moi, hein ? C'est ça ? C'est bien ma veine. Je dois bien être la seule assez pathétique pour que même un handicapé ait pitié de moi.

Harry fit un pas en arrière, mais essaya d'ignorer ce mot honni qui semblait le suivre où qu'il aille. Elle avait de la peine. Elle ne le pensait sûrement pas.

–Je suis peut-être pas la plus jolie ni la plus intelligente, mais au moins je suis capable de parler. C'est quand même un minimum, non ? Pourtant, toi, tu es ami avec LE Tom Jedusor, le garçon le plus populaire de l'école ! Qu'est-ce qu'il peut te trouver ? Tu n'es qu'un handicapé. Tu es peut-être connu à cause de tes parents, mais si tu n'es même pas capable de parler… tu n'es rien. Alors pourquoi essaies-tu de m'aider ? C'est toi qui as besoin du plus d'aide entre nous deux !