Chapitre 7

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PDV : Heather

Ce jour-là, j'avais erré toute l'après-midi, à la dérive, noyant mes tourments dans l'alcool et la drogue. Ces escapades étaient rares, mais lorsqu'elles survenaient, elles m'offraient une sensation intense de vie, une échappatoire. Tout ce qui m'accablait disparaissait momentanément, le temps semblait suspendu, me permettant de m'évader loin de mes soucis et de mes souffrances.

Assise au bord du pont, une bouteille à la main, je laissais mes pieds pendre dans le vide, les cheveux épars dans le vent. Le regard perdu dans le néant, je balançais doucement mes jambes d'un côté à l'autre, absorbée par l'abîme sous mes pieds. L'idée de sauter s'immisça dans mon esprit, une tentation pressante. Alors, d'un mouvement décidé, je me levai, me tenant en équilibre précaire au bord du précipice.

Je fixais intensément le vide qui me séparait du sol, sentant un désir profond et irrépressible de me jeter dans l'inconnu. Ce n'était pas uniquement l'effet des substances qui coulaient dans mes veines, mais une envie viscérale qui m'habitait depuis longtemps. J'avais rêvé de ce moment, où je pourrais enfin échapper à tout, me libérer de mes chaînes invisibles. Chaque instant passé au bord du pont, le cœur battant à tout rompre, renforçait ma conviction. J'étais là, à la croisée des chemins, entre la vie et l'oubli, cherchant désespérément un moyen de retrouver un semblant de paix, ne serait-ce qu'un bref instant de répit.

Jackson : Qu'est-ce que tu fais ?? Ne fais pas la conne putain, s'il te plaît !! Tendant la main vers moi avec urgence.

Surprise par son cri, je sursautai violemment et lâchai la bouteille que je tenais fermement dans ma main. Elle chuta rapidement dans le vide, se brisant en mille morceaux dans un bruit assourdissant en touchant le sol. En me retournant brusquement, mon pied glissa sur le rebord, et en une fraction de seconde, je me retrouvai les deux pieds dans le vide, suspendue au-dessus du gouffre.

Mon cœur battait la chamade et la panique s'empara de moi alors que je sentais le vide m'aspirer. Juste avant de tomber, Jackson réussit à attraper mon bras, me retenant de justesse. Je m'accrochai désespérément à son bras, les yeux remplis de terreur, le suppliant de ne pas me lâcher.

Avec une force et une détermination que je n'aurais jamais cru possibles, Jackson parvint à me hisser lentement mais sûrement vers la sécurité. Chaque seconde semblait durer une éternité, mes doigts s'agrippant à lui comme à une bouée de sauvetage. Enfin, il réussit à me ramener sur la terre ferme. Tandis que je reprends lentement mes esprits après avoir complétement dégrisé. Mes mains se posent instinctivement sur ma tête, cherchant à retrouver un souffle régulier.

Jackson : Ça va ? Putain, tu m'as foutu une de ces frayeurs. T'es idiote ou quoi ? Qu'est-ce que tu fichais debout sur ce foutu pont ? Tu voulais mourir ou quoi ?

Oui, c'est ce que j'allais faire avant que tu me fasses peur, imbécile. C'est ce que j'aurais voulu lui dire, mais à la place, il récolta mon silence.

Jackson : Attends, tu voulais vraiment sauter ?  Me regarde avec un regard indescriptible

Heather : Passe ma main sur mon visage. Laisse tomber, je vais y aller.

Je me lève, mais il m'attrape le poignet et plonge son regard dans le mien, me scrutant de haut en bas.

Jackson : J'ai fait des recherches sur toi, mais il n'y a rien, comme si tu avais disparu. J'ai ton prénom, ton nom, et c'est tout. Tu t'appelles Heather Harrisson, tes parents sont morts dans un accident de voiture où tu étais présente. Tu es la seule survivante, puis plus rien, comme si tu avais disparu des radars. Je sais juste que tu as changé de lycée cinq fois en moins d'une année. Qu'est-ce que tu viens faire ici et pourquoi n'y a-t-il rien sur toi ?  Serre mon poignet et me regarde avec un regard noir.

Je le regarde, déstabilisée, avant d'essayer de me libérer de sa prise, en vain. Je lui demande à plusieurs reprises de me lâcher, mais il maintient sa pression sur mon bras, étrangement sans intention de me faire mal.

Jackson : Et puis, tu es tout bleu sur ton visage. Je n'y crois pas, moi, à ton « je suis maladroite ». Fais-tu partie d'un gang ? Ça expliquerait les déménagements fréquents et ton expression toujours neutre face à la douleur.

S'il savait, je le laisserais croire ce qu'il veut. Je n'ai aucun compte à lui rendre, nous ne nous connaissons pas.

Je finis par réussir à m'en défaire de lui.

Heather : Ne parle pas de ce que tu ne sais pas, et laisse-moi tranquille. Tu ne sais rien, alors arrête de fourrer ton nez là où il ne faut pas, Jackson.

Encore une fois, mon portable vibra dans ma poche. Je l'exhumai, mais la vue de 300 appels manqués de mon oncle en moins d'une heure me figea. Mon visage se vida de sa couleur, sachant que cette fois, je ne pourrais pas en sortir indemne.

Un regard noir vers Jackson, la colère montait. Si seulement il n'était pas intervenu, j'aurais pu sauter, mon corps serait désormais un éclat de chair sur le bitume, loin de cette souffrance physique et psychologique. Le repoussant violemment, je m'enfuis en courant. Chaque seconde de retard signifiait une aggravation de mon calvaire. Mais dès que je franchis le seuil de la porte, une pluie de coups s'abattit sur moi. Je m'effondrai sous la douleur, mais ils continuaient de me frapper, encore et encore, dans le ventre, les côtes.

Traîné par le cou jusqu'à la cave, je fus projeté dans les escaliers, dévalant les marches dans un tourbillon de douleur. Il apparut alors, un fer brûlant à la main, déchirant mes vêtements pour marquer ma peau à plusieurs reprises, bras, ventre, cuisses. Mes hurlements se mêlaient à l'odeur de chair brûlée, la douleur insoutenable m'engloutissant. À chaque cri, il me frappait, sans relâche, dans un cycle infernal. Et pour couronner le tout, il me viola avec une violence inouïe, avant de m'agripper par les cheveux pour m'obliger à cuisiner pour lui.

Chaque pas était une torture, chaque mouvement un supplice. Chaque pas me traversait comme une lame, chaque mouvement arrachant des larmes et des gémissements de douleur. Mais je m'exécutai, parvenant à peine à réaliser sa demande avant de monter et de m'effondrer, épuisée, sur mon lit, sombrant dans un sommeil agité par les démons de cette nuit interminable.

\Éclipse de la nuit/

En ce jour déjà entamé sur la route menant au lycée, je me retrouvais pris de cours, une heure de retard pesant sur mes épaules. Mon réveil avait été vaincu par ma propre inertie, mon corps refusant obstinément de se conformer au réveil matinal. Mon oncle avait pris les devants en contactant l'école, inventant une histoire sur une blessure survenue lors d'une bagarre pour éviter les questions des professeurs.

Chaque pas que je faisais était comme une épreuve, mes jambes peinant à me soutenir. La vision trouble, je me sentais comme transpercé à chaque mouvement. Arrivé devant le lycée, je franchis ses portes, ressentant sur moi le poids des regards curieux des autres élèves. Finalement, je pris place à côté de Jackson, la seule chaise libre dans la salle de classe.

Jackson : Tu es passé sous un train ou quoi ?

Je ne pouvais offrir qu'une réponse silencieuse, posant ma tête sur le bureau, incapable de continuer. Fermant les yeux, je laissai échapper un léger gémissement discret, espérant que personne ne l'entendrait.

Une fois la classe terminée, je n'avais vraiment pas le courage de me lever. Je restai assise, mon corps refusant obstinément de coopérer, épuisé à bout de forces. Pourtant, je trouvai en moi la volonté nécessaire pour me lever. La salle était déjà vide, à l'exception de Jackson.

En me levant, mes pieds cédèrent, mais Jackson me rattrapa maladroitement, donnant involontairement un coup dans mes côtes. Des larmes commencèrent à couler sur mes joues. En me rattrapant, mon pull se souleva, dévoilant mon ventre. J'essayai de le rabaisser, mais il m'attrapa par le poignet. Un cri de douleur m'échappa alors que la brûlure sur celui-ci était encore vive.

Jackson : Mon Dieu, ton ventre et tes côtes ! Es-tu folle d'être venue ? Tu veux mourir ? Je te le redemande, tu es passé sous un train ?

Je ne répondis pas et m'en allai. La journée passa lentement, et une fois terminée, je rentrai chez moi. Et c'était reparti de nouveau pour cette enfer.

\Éclipse de un mois/ 

A Suivre...

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