Il y a ce court moment au réveil, cette brève lueur d'oubli, cet instant où tout s'évapore. J'aime ce moment de grâce, une demi-seconde de paix avant que la réalité ne me rattrape.
Le tintement de mon réveil me sort de ma rêverie thérapeutique. La vie, impitoyable, m'appelle. Un soupir échappe de mes lèvres alors que je me force à sortir du lit, chaque mouvement pesant comme une tonne.
La pièce est enveloppée d'une lumière chaude, avec un fin rayon filtrant sous le rideau occultant de la fenêtre. Au loin, j'entends la machine à café qui se met en marche. Mes yeux peinent à rester ouverts, si bien que je manque de me cogner contre le cadre de la porte, m'arrachant un sourire malgré tout. Ce petit moment de distraction me donne un répit bienvenu, aussi éphémère soit-il.
Face au miroir, je contemple l'étendue des dégâts. Une large trace d'oreiller parcourt ma joue pâle, parsemée de quelques taches de rousseur. Mais ce ne sont pas les marques sur mon visage qui attirent mon attention. Mon regard est attiré inexorablement par la cicatrice sur mon cou, un rappel constant de cette nuit d'horreur. Une douleur sourde monte en moi, mélange de tristesse et de colère. Je laisse l'eau chaude de la douche réveiller mes sens engourdis. Les gouttes ruissellent le long de ma peau, apportant un peu de vie à ce corps endormi.
En sortant de la douche, je m'enveloppe dans une serviette et regagne ma chambre pour enfiler un jean bleu et une chemise blanche. Je m'observe une dernière fois dans le miroir, ajoutant un peu de mascara pour faire ressortir mes yeux verts. Quelques mèches de mes cheveux bruns ondulent le long de mes épaules, camouflant au passage une partie de cette cicatrice.
Je rejoins le salon où Ezio, mon frère, est déjà attablé, sirotant sa tasse de café les yeux rivés sur son téléphone. Il a ce charisme naturel qui attire tous les regards dès qu'il entre dans une pièce. En sa présence, le monde semble tourner autour de lui.
— Tu ne veux toujours pas aller à la convention demain ? me demande-t-il.
— Bonjour Ezio, moi aussi j'ai bien dormi, merci.
— Gna gna gna, grimace-t-il.
— Et non, je ne vois pas l'intérêt de ton truc là.
— Décors magnifiques, cosplays époustouflants, créateurs talentueux, musique entraînante, rencontre avec des acteurs... Moi ce que je ne comprends pas c'est que tu ne veuilles même pas essayer. Franchement c'est génial. Tu devrais essayer rien qu'une fois au lieu de faire ta râleuse qui n'aime rien.
— Tout ce que j'entends c'est : Il y aura du monde et de la foule en cosplay.
— Mais tu ne verras même plus la foule... Vraiment, essaie. Alex et Millie y vont ! Accompagne les, je te file un billet. T'as rien à perdre, si t'aimes pas, tu te barres, et c'est tout. Le truc cool, c'est que je bosse là, donc tu entres sans payer.
— Franchement... Ça ne me tente pas.
— Râleuse, doublée de têtue.
Ezio a beau être léger dans ses paroles, il sait ce que je traverse et cherche toujours à me protéger, à me faire sortir de ma coquille. Son insistance attise ma curiosité, decouvrir cet univers que même mes amis adorent., mais l'idée d'affronter une foule m'angoisse trop.
Après avoir pris un petit déjeuner ensemble, mon frère me fait un signe de tête, cherchant à savoir si je suis prête. Il a pris l'habitude de m'accompagner au travail avant de rejoindre le sien. Nous dévalons les quelques escaliers de l'immeuble et parcourons les derniers mètres qui nous séparent de la bouche de métro. C'est sans doute un des pires moyens de transport. Bien que rapide, l'odeur désagréable de sueur, mélangée à des quantités astronomiques de parfums différents et de ce bruit assourdissant, n'est clairement pas l'idéal pour un début de journée. Sans compter le manque d'espace personnel.
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Night
Lãng mạnEmma, une femme marquée par un passé amoureux traumatisant, trouve un nouveau souffle lors d'un week-end de convention geek organisé par ses amis. Peu enthousiaste au départ, elle y rencontre par hasard Tom, une célébrité mondiale invitée à l'événem...