Chapitre 2 : Convention

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Deux ou trois minutes plus tard, Millie quitte la file pour me rejoindre, son sourire toujours éclatant. Je vois Alex à son tour s'avancer vers l'acteur, l'excitation palpable dans l'air. Il serre la main de Chris, sourit et le remercie pour l'autographe. Contrairement à Millie, mon meilleur ami a tenté de garder son sang-froid tout au long de sa rencontre avec le blond, afin de paraître le plus naturel possible. Il ne voulait pas ressembler à tous les autres fans hystériques. Malgré tout, je perçois un léger tremblement dans ses mains, trahissant son enthousiasme. Il nous rejoint en sautillant, un large sourire sur le visage.

— Tu as vu, tu as vu ? Je lui ai serré la main ! s'exclame-t-il en se déhanchant, arborant fièrement son autographe dans la main.

Son bonheur est contagieux, mais une part de moi se sent étrangement déconnectée, comme si cette joie simple m'était désormais étrangère.

— Et il m'a regardé, tu as vu comment il m'a regardé en souriant ? Peut-être qu'il m'a reconnue ! ajoute Millie avant de prendre Alex par les mains pour une petite danse de la joie, aussi amusante que ridicule.

Je tente de sourire, mais une pointe de mélancolie perce mon masque. Mon esprit divague, imaginant ce que serait ma vie sans les ombres qui la hantent.

— Je ne pense pas qu'il puisse se souvenir, vous imaginez le nombre de personnes qu'il croise ou à qui il parle chaque jour ? Ça doit être fatigant, dis-je, essayant de m'ancrer dans l'instant présent.

— Je pense qu'il a l'habitude, répond Alex en ricanant chaleureusement.

— Je ne sais pas si on peut s'habituer à ce genre de chose. D'après ce que je vois, il est considéré comme le Graal ou je ne sais quel trophée. C'est comme un concours de qui pourra le toucher le plus longtemps. Ça doit être un peu déstabilisant de perdre son statut d'humain, dis-je en marmonnant, craignant de passer pour la rabat-joie.

À chaque mot, je sens un léger poids se soulever de ma poitrine, comme si exprimer ces pensées me libérait un peu de ma propre désillusion.

— Un quoi ? Un humain ? Non, Emma, il y a plein d'humains aujourd'hui, mais Chris Andrews n'est pas un humain, dit Alex, presque outré par mes paroles.

Je souffle du nez, amusée malgré moi par son indignation.

— Et c'est quoi alors ? Dis-je à Alex en haussant les sourcils, les bras croisés, dans l'attente d'une réponse argumentée.

— Un dieu, ce mec sait absolument tout faire, il sait danser, chanter, jouer de la guitare, du piano, jouer pour le cinéma, jouer au golf, il milite pour des associations... Il énumère ses talents, pendant de longues secondes, en comptant sur ses doigts d'un air agacé.

Je roule des yeux et hausse les épaules en lui répondant :

— Tu sais jouer de la guitare, tu fais les meilleures pâtes au pesto de la galaxie et tu imites terriblement bien le T-rex. Pourtant, personne ne te hurle dessus quand tu sors en public.

Un petit sourire se dessine sur mes lèvres en repensant à toutes les fois où Alex m'a fait rire avec ses talents d'imitateur. Des moments simples, mais précieux, qui m'aident à tenir le coup.

— Ha, ha, ha, arrête, tu as très bien compris de quoi je parle. Et je suis sûr qu'il excelle dans plein d'autres domaines, continue Alex d'un ton salace, accompagné d'un clin d'œil.

Après avoir dégusté plusieurs spécialités japonaises du salon, nous explorons les différentes boutiques, en tentant de freiner les ardeurs dépensières d'Alex à chaque stand. Plus loin, un vendeur de vinyles attire mon attention. J'ai toujours adoré le son d'un 33 tours. C'est tellement plus pur comme son. Je passe de longues minutes à explorer les différents albums, me perdant dans les souvenirs que chaque mélodie éveille en moi. Le temps passe à une vitesse folle, et je me sens presque paisible, comme si la musique apaisait mes tourments.

NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant