Chapitre 7

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Il se réveilla lentement. Combien de temps avait-il dormi ? Une seconde ? Un siècle ?

L'odeur d'acétone avait complètement disparu ; à la place, c'était l'élégant parfum d'Alice qui venait flatter ses narines. Il était au lit et elle était à ses côtés.

« Quel idiot » pensa-t-il.

Toute cette histoire n'avait finalement été qu'un cauchemar. Il se mit à ricaner et à se moquer de lui-même. Comment avait-il réellement pu croire que le manoir Rochelune abritait un sous-sol caché où on se livrait à des expériences macabres ? C'était vraiment ridicule. À tel point qu'il n'osait même pas raconter à Alice un rêve aussi idiot.

« Désolé, j'espère que mon sommeil n'était pas trop agité ?... »

Il voulut se tourner vers elle et la prendre tendrement dans ses bras. Mais son corps refusa de bouger. Son torse et ses poignets lui faisaient mal, comme s'ils étaient étroitement serrés par quelque chose.

En baissant la tête, il se rendit compte que c'était le cas. Son corps dénudé était attaché par de grosses sangles en cuir qui lui rappelaient les hôpitaux psychiatriques de cinéma. Pourtant, il n'était pas fou. En revanche, il commençait à comprendre que ce qu'il n'avait vu n'était pas un cauchemar.

Il avait espéré une dernière chose : qu'Alice ne soit pas au courant de ce qui se passait dans le sous-sol du manoir Rochelune. Mais en la voyant ainsi penchée sur son corps sanglé, il comprenait à présent qu'elle était parfaitement au courant.

Qu'elle était complètement folle.

Dans quelques instants peut-être, il allait à nouveau descendre dans le laboratoire souterrain, mais cette fois nu et ligoté, et pour n'en ressortir que sous la forme d'un mannequin de plastique. Elle le savait aussi bien que lui, et pourtant elle souriait comme d'habitude, comme s'il ne s'était absolument rien passé.

« Qu'as-tu fait... dit-elle. Tu es allé dans les sous-sols sans me le dire. C'est vraiment très imprudent...

– Alice... je ne sais pas de quoi tu parles, je te le jure... J'y suis bien allé, mais... il n'y avait pas de lumière... Je n'ai rien vu !...

– Ce n'est pas ce que dit le docteur... »

Marcus releva la tête et vit qu'en effet, le médecin qu'il avait vu au chevet de June était aussi dans la pièce. Il y était probablement depuis le début. Ce devait même être lui qui avait enfoncé cette aiguille dans sa nuque...

Son épaisse moustache continuait de lui donner un air débonnaire, mais qui était à présent démenti par ses yeux gris perçants, bien plus visibles sans ses grosses lunettes. Marcus crut le reconnaître ainsi, sans savoir où il l'avait vu.

« Alice, laisse-moi partir. Je ne dirai rien de ce que j'ai vu. Je ferai tout ce que tu voudras... Tout, je te le jure... Je lâcherai les Black Bears et je resterai toujours avec toi si tu veux, mais... libère-moi... »

Des souvenirs revinrent alors à son esprit. C'était un de ces reportages que son père adorait regarder, sur les affaires criminelles non résolues, et de préférence particulièrement glauques pour faire plus d'audience. Il se souvint que l'histoire parlait d'un médecin qui avait été accusé de voler des cadavres dans l'hôpital où il travaillait, mais qui n'avait pas été inquiété faute de preuves. L'auteur du reportage avait trouvé très malin de montrer des images de morceaux de corps retrouvés dans les poubelles de l'hôpital, ce qui avait donné des cauchemars à Marcus pendant plusieurs nuits. Il y avait aussi la photo du médecin suspect. Il ne se souvenait plus de son nom, mais sans la moustache, et avec une bonne dizaine d'années de plus...

Poupée Psychotique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant