Riley

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Je m'appelle Caleb, j'ai trente et un ans. Je ne suis pas fils unique, mais j'ai un frère jumeau qui nie mon existence. Je suis né le jour où mon père a quitté ma mère, le jour où il a fui mon domicile. Jusqu'ici, j'étais en sommeil. J'observais, je ruminais. Je voyais tout, j'entendais tout, rien ne m'était épargné. La violence des mots, la violence des coups. Je me suis forgé une carapace, je me suis endurci. Je suis devenu Caleb. Riley est le fils à maman, son préféré, celui qui se terrait gamin sous ses jupes et pleure sa mort. Je suis l'héritier de mon père, son successeur, j'ai pris le pire de  lui pour en faire un concentré de haine et de colère.

La frustration. Voilà ce qui m'attise. Je prends feu instantanément. Et je vrille. Lorsque Matt, mon collègue, m'a annoncé la nouvelle, mon salon saccagé, je n'ai pas eu besoin de lutter pour me faire une place. Riley m'a cédé le premier rang. Il sait que je vais tout régler, il n'y a que moi pour affronter cette merde. Fini les amourettes, la séduction. Cassie n'existe plus, seule la vengeance compte.

En face de moi, Cassie commence à paniquer. Elle sent que je vrille, mais sans aucune idée de sa démesure. C'est à cause de moi ce merdier. C'est moi qui ait suggéré de draguer Cassie et de lui faire cette proposition. Riley, lui, préférait rester discret, à penser à Ava. C'est moi qui ait proposer de rendre Dean jaloux. C'est moi qui voulait lui casser la gueule à cette soirée. Et je l'ai sous-estimé.

Cela fait longtemps que je n'ai pas pu exprimé ce que je ressens. La présence de mon père m'a donné une opportunité, un exécutoire. Dean lui, ouvre carrément la boîte de Pandore.

- Riley, calme toi, cela ne sers à rien de t'énerver.

Je lâche un rire cynique, amer. Elle est sérieuse ? Elle veut que je réagisse comment ? Son ex vient de bousiller mon outil de travail, ce pour quoi je me lève tous les matins, et dont je suis le plus fier ! Et pourquoi ? Pour une question d'égo, pour une fille dont il s'en fout en théorie et que je n'ai même pas toucher !

- File moi son adresse Cassie, lui ordonne-je.

Mon ton monte d'un cran. Je ne tiens plus en place. Cassie se tient droite mais n'obtempère pas, ce qui a le don de m'agacer légèrement. Pourquoi elle ne coopère pas bon sang !

- Ne me dis pas que tu le protèges Cassie !

Elle recule, je sens que je lui fais peur, mais je n'arrive pas à redescendre.

-Je ne le protège pas Riley ! Je te protège toi, je nous protège nous ! Que comptes-tu faire avec cette adresse ?

La réponse est évidente pour moi.

- Me venger. Ce type pense qu'il peut tout faire, si je ne réagis pas, il continuera !

- Si tu réagis, il continuera aussi, c'est certain. Jusqu'où ça ira vous deux ? Il faut un mort pour que ça cesse ? Je ne veux pas que tu ailles en prison pour un connard comme Dean. Tu ne mérites pas ça, on ne mérite pas ça !

- Et tu veux quoi ? Qu'on laisse pisser ? Faire comme si de rien n'était ?

- Tu peux aller au poste de police porter plainte. Justice sera faite .

- La justice ? Tu as d'autres idées aussi intelligente ?

Son visage se ferme aussitôt. Riley me signifie de me taire, mais je ne peux m'arrêter, je suis lancé.

- Tu l'aimes encore c'est ça ?

Cassie ne répond plus. J'ai touché un point sensible. Lorsque je m'avance dans sa direction, elle recule ostensiblement, et je crois percevoir une larme perler à ses yeux. Mon ton se radoucit un peu à sa vue, mais pas mes objectifs.

- Donne moi son adresse, je t'en prie.

Lorsqu'elle ose enfin me regarder dans le yeux, je vacille. je suis en train de foutre en l'air, je le sais. Avant ce coup de fil, on commençait à peine à s'apprécier. A se chercher. A se désirer.

- Je ne peux pas Riley. Ne compte pas sur moi.

Je serre les poings. En temps normal, j'aurais hurlé. Crié. Frappé. Mais c'est Cassie. Et une part de moi tiens à elle. Même si cela devient de moins en moins réciproque.

- Très bien. Je vais me débrouiller seul !

Je ramasse mon portable que j'ai envoyé valser tout à l'heure et tourne les talons, sans un regard dans sa direction.

- Et ne t'avise pas de le prévenir, ni de l'appeler !

Je claque la porte en sortant. Première dispute. Première entaille dans notre"relation". 

My Rebound GuyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant