My Rebound Guy

Trou noir

C'est une brise fraîche sur mon visage qui me réveille ce matin. La sensation est agréable sur le coup, j'ai l'impression d'être libre et d'avoir passé la nuit dehors. Lorsque j'ouvre les yeux, un sentiment de panique m'envahit. J'ai vraiment passé la nuit dehors. Je ne suis pas dans ma chambre, je ne suis pas dans mon lit, je n'ai pas laissé la fenêtre ouverte. Je gis à même le sol devant un immeuble.

Je tente de me redresser, mais j'ai mal partout, mes articulations sont douloureuses. C'est tout le confort du sol. Je pue l'alcool à plein nez et mes phalanges sont rouges. Je commence doucement à me mettre la pression.

Je n'ai aucun souvenir de la veille. Je ne me souviens de rien, aucun évènement qui m'a fait atterrir ici. ça craint. C'est le trou noir, le néant. Plus j'essaie de réfléchir, plus mon mal de crâne m'en dissuade. ok, respire. Le passé est passé, cela ne sert à rien d'y penser. Concentre toi sur le présent.

La seule chose positive, si l'on peut dire, c'est que les lieux me sont familiers. C'est l'ancien immeuble où vivait ma mère avant qu'elle ne séjourne à l'hôpital. Mon errance m'a conduit à un endroit familier. Je n'ai pas d'amis, je n'ai personne chez qui me réfugier en cas de déprime. Ma vie craint.

J'entends des pas à mes côtés, et aperçois un visage familier. C'est Léon, le gardien de l'immeuble. J'aime bien ce type. Il représentait pour moi une figure paternelle avec ses tempes grissonantes, son ventre bedonnant et surtout ses conseils avisés. Il se rapproche de moi, l'air inquiet :

- ça va petit ? me demande-t-il. Tu as passé la nuit ici ? ça fait longtemps que je ne t'ai pas vu dans le coin.

Je me redresse, peu fier.

- Oui, il faut croire, lui répondis-je hésitant.

En réalité, je n'en ai aucune idée. Il se met à me parler de sa vie, comme à chaque fois que je le croisais, mais mon esprit est ailleurs. Je tâte sans relâche mon blouson à la recherche de...

- C'est ce que tu recherches ? me demande-t-il en me montrant le portable par terre à quelques mètres.

Sans prendre la peine de le remercier, je me jette dessus. Dix appels en absence et autant de messages de Cassie.

Cassie. Je n'ose pas l'appeler. Je ne me souviens de rien, mais je suis convaincu que j'ai encore merdé. Je revois notre dispute, je revis encore la colère en moi. Tout ça à cause de...

Dean. Est-ce que je l'ai retrouvé ? J'ai quitté Cassie pour partir à sa recherche. Est-ce que je me suis battu avec lui ? Ou du moins est-ce que Caleb s'est battu avec ? L'état de mes phalanges n'augurent rien de bon. Je crains le pire.

Je me rappelle que Caleb a pris le dessus face à la situation. Mais ce matin, en me levant, je me sens apaisé. Comme si.. Comme si Caleb a disparu. J'espère qu'il n'a pas fui. Mon portable vibre à nouveau

Où es-tu ?

C'est Cassie. Je ne peux pas la laisser sans nouvelle.

J'ai dormi à l'hôtel. Tu es où ?

A l'hôpital

A l'hôpital. Mon sang ne fait qu'un tour. Est-ce que Dean s'en est pris à elle ? Qu'est-ce qu'elle fout là bas ? L'idée de remettre les pieds dans un hôpital ne m'enchante guère, mais je le dois à Cassie. Je me fous du magasin au fond, tout ce que j'espère, tout ce que je veux c'est la retrouver. Et reprendre là où on s'est arrêté avant que je ne reçoive le message de Matt. Ce n'est que du matériel après tout.

Je te rejoins. Tu vas bien ?

Moi oui. Mais pas Dean....

Et merde. Mon mauvais pressentiment se confirme. Il est arrivé quelque chose à Dean. Mais qui en est responsable ? Est-ce que je l'ai croisé ? Est-ce que Caleb lui a fait du mal ? Cassie ne me le pardonnera jamais... Mais comment a-t-elle su pour lui ? Est-ce qu'elle l'a contacté malgré tout malgré ma mise en garde ? Je ne suis pas rassuré, je deviens jaloux, parano, à mesure que les questions qui affluent dans ma tête restent sans réponse.