Chapitre 3 - Danger ou sécurité ?

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Je ris jaune.

- Je... J-je suis... Heureuse de te voir, je finis ma phrase en voyant mes parents arriver.

Ils sourièrent, fiers de ma réponse, tandis que je montai à l'étage. Isao me suivit. Dans ma chambre, je m'affalai sur mon lit, et m'allongeai. Quand est-ce que mon frère était revenu ? Et... Pourquoi ? Allait-il encore me frapper ? À cette seule pensée, je frissonnai. Et... Pire. 

Allais-je réussir à m'endormir, avec lui comme colocataire ?

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PDV YOKO

Le soir même, je me glissai dans mon lit, tremblante, car je savais dorénavant qu'il dormait dans la chambre d'à côté. Je l'entendis se lever, se recoucher, se lever, se recoucher une deuxième fois... J'attrapai une paire de boules Quiès sur ma table de chevet, puis les enfonçai dans mes oreilles. Aaah... Enfin un peu de calme... Je souris faiblement, consciente que cette fois-ci, c'était la bonne. Je pouvais réussir à m'endormir. J'allumai ma lumière, fermai les volets d'un simple appui, puis me rallongeai.

Devais-je éteindre la lumière ? J'avais celle de mon téléphone, elle devait suffire. Soudain, un bruit suscita mon attention, et je me paralysai.

J'avais beau me dire qu'il n'y avait rien, ou que tout allait bien, je savais qu'il y avait quelque chose. Je le savais. Je le sentais. Tous mes sens étaient focalisés là-dessus, je n'y pouvais rien.

Je me levai, et éteignit la lumière. Plongée dans le noir, j'entendis des pas juste à côté. Je commençai à prendre peur. Ces pas étaient lourds, et lents. À présent, mon ouïe était extra fine, et en même temps, je cherchai mon lit en tâtonnant tout ce que je pouvais toucher.

Les mêmes pas se firent réentendre. Ils étaient maintenant dans le couloir. Mais à qui pouvaient bien être ces pas ?

Oh...

Ça y est, je m'en souvenais. C'était les même pas que mon frère avait effectué lorsqu'il m'avait battu...

Je n'eus même pas le temps de me cacher qu'un inconnu m'attira à lui, et me cacha derrière la porte. Celle-ci commença à s'ouvrir dans un grincement inquiétant, et je me crispai. 

- Tout va bien, me chuchota doucement mon sauveur. Je suis là. 

Je me détendis petit à petit tout en regardant mon frère soulever les draps. Il pensait sûrement que je me retrouverais dedans... Il s'arrêta en voyant le lit vide. Il lâcha avec colère la couverture, poussa un juron, dans un air que je n'arrivais pas bien à voir. 

Une fois mon frère parti, l'inconnu me rendit libre même si il m'accompagnais dans mes moindres faits et gestes. Je m'allongeai sur mon lit en amenant la couverture sur moi. Il s'agenouilla à côté. 

- Tu vas bien ? Fit-il. 

Un rayon de lune parvint à transpercer les rideaux, et je rencontrai ses yeux magnifiques. Son visage éclairé était pâle, et il portai un masque, mais j'arrivais tant bien que mal à le scruter. 

Une question jaillit dans ma tête. 

- Dîtes... Pourquoi m'aidez vous ? Je demandai en chuchotant. 

Il s'approcha de mon oreille, et répondit sur le même ton. 

- Mon instinct, sans doute.

Je m'apprêtai à rire, mais il m'en empêcha en plaquant un doigt sur ma bouche. 

- Chut... Me réprimanda-t-il, agacé. Tu vas nous faire repérer. 

Je baissai la tête, la mine boudeuse. 

- C'est de ta faute, tu es drôle. 

Un sourire illumina son visage et j'eus soudainement l'impression d'assister à un arc-en-ciel. 

- Heu... Qui êtes-vous ?

Il esquissa de nouveau son sourire puis s'approcha doucement. 

- Je ne pense pas que ce soit pour maintenant. 

Cerveau en ébullition, je ressassai l'instant précédent, ne me posant pas plus d'interrogations sur ses mots énigmatiques. Il fallait que je remette de l'ordre dans mes pensées. 

Tout d'abord, il m'était inconnu. Il m'avait "sauvée" d'Isao en me cachant et m'avait rassuré. Mais... Comment était-il entré...?

- Heu... Monsieur ?

- Je t'écoute. 

- Comment... Comment as-tu pu entrer ? 

Son cou eut un léger mouvement d'avalement. 

- J'ai... Ton double des clés. 

- Comment ? Fis-je d'un froncement de sourcil réprobateur. 

- Plus tard, répondit-il distraitement en plongeant ses prunelles dans les miens.

Je détournai la tête, éblouie, et feignit d'être épuisée. Un bâillement m'échappa. Peut-être que j'étais réellement fatiguée, en fin de compte... 

- Oh ! Je... Je suis désolé ! Je t'ai fait attendre... S'exclama mon sauveur aux beaux yeux.

Je posai ma tête sur l'oreiller moelleux qui s'offrait à moi, puis je fermai les yeux. Un léger baiser sur le front me les fit ouvrir immédiatement, et je regardai mon héros qui m'accorda un sourire éclatant en guise de réponse. 

- Bonne nuit, déclara-t-il. 

- Bonne nuit. 

Je m'endormis sans encombres, un sourire aux lèvres. 

PDV EXTÉRIEUR 

Aaah, le matin. LE moment marquant de la journée. Le moment où tu décides de si tu te réveilles ou non. Le moment où tu entames ton petit déjeuner.

Et c'est donc à ce moment de la journée que Yoko était. 

- Bien dormi ? Lui demanda Isao d'un air fatigué et morne. 

Elle étouffa un rire. 

- Oui. Au contraire, toi, tu n'as pas l'air d'avoir bien dormi. 

Il lui lança un regard noir, auquel elle répondit sans peur. 

L'inconnu d'hier lui avait remonté le moral. Elle se sentait bien, à présent. 

PDV YOKO 

Je n'en croyais pas mes oreilles. Je venais vraiment... De répondre comme ça à mon frère ? 

Pour cacher ma gêne, j'attaquai mes œufs au plat dorés, et les savourai. Mon frère parti, c'est avec entrain que je débarrassai la table, en pensant à mon sauveur d'hier. 

Ses yeux... Les aurai-je déjà vus quelque part ? 

Je repensai aux chuchotements, et à tout le scénario qui s'était passé hier. Lorsque j'arrivai à l'instant du baiser frontal, une bouffée de chaleur m'envahit et je lâchai mon assiette. Elle se brisa en mille morceaux, qui se dispersèrent aussitôt dans la pièce. 

Mon père accourut, alerté par le bruit. 

 - Tout va bien ? 

- Heu... Ou-Oui, je... J'ai juste laissé tomber une assiette, rien de grave.

Il s'épongea le front, soulagé, et vaqua à ses occupations. Yoko, ne pense plus à ça ! Tu feras tomber nombre d'assiettes dans ta vie, si ça continue...

Qui es-tu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant