Chapitre 11 - Alerte (bis)

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- Yoko, dépêche-toi ! L'intrus est peut-être déjà là ! 

Je courus en quatrième vitesse derrière Chanya, le visage en sueur. Comment cela avait-il pu se passer ? C'était la première fois que l'alarme de l'intrusion se déclenchait. Et honnêtement, j'avais un peu peur. 

- Où est-ce qu'on va ? 

- J'essaye de trouver le point de rassemblement ! S'écria-t-elle en virant à gauche, dans un des couloirs que je ne connaissais que trop bien. 

Je déglutis lentement. J'espérais recevoir une aide quelconque... Tout en savant pertinemment que tout le monde était déjà allé quelque part en sécurité, et qu'il ne saurait pas que nous sommes piégées. 

- Chanya ? 

- Hmm ? Fit-elle en accélérant, stressée. 

- Tu penses que les profs ont changé l'endroit ? 

Il y eut un silence où nous marchâmes, trop essoufflées pour ne serait-ce qu'émettre un son. Après cela, elle put finalement répondre à ma question. 

- Je ne pense pas, sinon, il nous l'aurait dit en cours. 

Elle me regarda en souriant et je la lui rendis tout en commençant à percevoir des pas qui s'approchaient de nous. Mince... 

- Qui es-ce ? 

Un grand homme habillé de noir et cagoulé apparut dans mon champ de vision. J'étais sur le qui-vive, mais l'anxiété m'empêchait de placer ne serait-ce qu'un mot. Je le vis s'approcher et je sentis la présence de ma meilleure amie se mouvoir. Je pivotai vers elle et me stoppai ; le désarroi se lisait dans ses yeux, et cela se remarquait à plusieurs mètres. Comment allions-nous faire ? 

- Yoko est-elle présente ? Dit-il soudain d'une voix trop grave pour mes pauvres oreilles. 

- Ou-

- Non ! 

L'espoir commença à m'envahir progressivement en percevant sa voix. Minghao était là ! 

Je courus vers lui, des larmes coulant doucement le long de mes joues. Il m'enlaça tout en observant l'homme cagoulé, et me sourit. 

- Tout va bien ? 

Je hochai la tête et me retournai vers Chanya, le sourire aux lèvres. Les siennes étaient pincées mais en la scrutant, je voyais bien qu'elle lui était (légèrement) "reconnaissante". L'asiatique sécha les perles tombées sur mon visage de ses doigts et défia l'intrus du regard. Il y eut un échange puis Minghao s'avança vers lui et lui asséna un coup dans le ventre. 

Le duel commença alors. 

Les deux hommes, l'un gentil, l'autre méchant, engagèrent et se donnèrent tous deux des impacts qui sonnèrent mal à mes oreilles. Ils reculèrent, sous la force du choc, se remirent cependant bien vite et le combat poursuivit, sous nos yeux. Je n'avais jamais vu Minghao se battre, et cela me consternait. Il semblait si... Confiant dans ce qu'il faisait. Comme si violenter quelqu'un avait toujours été une partie de sa vie. Il enchaînait coup après coup, l'expression de son visage se transformant au fur et à mesure en une rage incontrôlable. Ma tête pivota, coudoyant le regard pusillanime de ma seule et meilleure amie. L'échange dura à peu près une bonne seconde, ce qui était relativement court, mais l'instant était si profond, si lourd de sens, que nous avions le sentiment qu'il s'éternisait. 

Le dernier choc, puissant et significatif, coupa notre communication et nos pupilles se posèrent sur la scène : l'homme cagoulé était au sol, l'asiatique le surpassant. Ce dernier courut vers nous et nous rassura vainement. Néanmoins, j'étais extrêmement reconnaissante de l'avoir rencontré, qu'il nous ait sauvé, et d'être amie avec lui. Une étreinte nous lia, Minghao et moi, puis nous vîmes le type s'en aller rapidement, après avoir recouvert ses esprits. Nous allâmes, tous les trois, vers le "nouveau" point de rassemblement, qui était derrière la cafétéria. 

Une foule nous attendait, en panique, suivi des professeurs, qui essayaient de garder leur calme, mais c'était sûrement difficile. En nous apercevant, un bon nombre d'entre eux furent soulagés, et cela se vit à leur expression. 

- Chanya, Yoko, Minghao ! Vous êtes là ! 

C'était la voix chevrotante de l'enseignant de physiques, originairement aigri et froid. Mais à présent, il était nerveux. 

- Professeur, un homme cagoulé est entré dans l'enceinte de l'établissement... Je l'ai fais fuir, il devrait sans doute être parti. 

- Je vous remercie, monsieur Xu. 

Ils se serrèrent tous deux la main, et le physicien porta son attention sur nous, mon amie et moi. 

- Vous allez bien, mesdemoiselles ? 

- Oui, professeur, un peu troublées, mais ça va, répondit Chanya en souriant. 

Nous nous mîmes ensuite à l'écart des étudiants, car celle-ci souhaitait discuter à propos de quelque chose. 

- Ça concerne Hao ? L'interrogeai-je en fronçant les sourcils, curieuse. 

- Évidemment. 

Elle se gratta le front, remit son col correctement, et me regarda dans les yeux. 

- Yoko... Tu ne crois pas que tout ça est une vraie coïncidence ? Je veux dire, l'alarme a retenti, nous avons couru, puis rencontré l'homme. Quelques secondes après, ton ami était déjà sur place. Comment a-t-il pu arriver si vite ? 

- Il a couru, comme nous, répliquai-je. 

- Mais comment savait-il que nous étions là ? Il devait faire le tour de l'université. Cependant, le bâtiment est gigantesque, et le temps d'arriver, le cagoulé nous aurait déjà frappé. 

Elle mettait en doute ma foi en Minghao. Pourtant, toutes ses paroles déclaraient des faits véridiques, et je savais qu'elle avait raison. Mais encore une fois, je la contredis. 

- Tu trouves toujours des excuses pour accuser Hao, Chanya ! En fait, tu n'acceptes pas ma relation avec lui, c'est ça ? Je te pensais plus compréhensive. 

Ses traits se déchirèrent en un visage coupable. 

- Écoute... Commença-t-elle d'une voix suppliante. 

Je la stoppai d'un geste, ne voulant pas poursuivre cette conversation qui débutait comme une querelle, puis posai ma main sur son épaule. 

- Désolée. On en reparlera plus tard, lorsque je serais calmée. Je n'ai pas envie de parler avec toi en sachant que je peux formuler des phrases... Insultantes. 

Elle sourit doucement et nous repartîmes voir le chinois qui était en pleine observation d'une fenêtre tricolore. Il avait gagné ma confiance, et celle de Chanya, j'espérais. Toutefois, elle paraissait plus soulagée que redevable. 

Qui es-tu ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant