Jusqu'au fond

26 2 5
                                    


— DARREN

QUATRE ANS PLUS TÔT

C'est la troisième fois qu'on frappe.

Enfin, frapper... J'ai plus l'impression que quelqu'un a confondu ma porte avec un tambour, tant les coups sont répétés et puissants. J'essaie de me concentrer sur le bouquin que j'ai en main, mais de nouveaux coups retentissent. Les mots se flouent, en perdent même leurs sens. Putain. Je me masse les tempes pendant quelques secondes avant de me décider à aller ouvrir.

Je ne suis pas choqué en découvrant Saska le poing levé, prête à reprendre ses assauts. Je soupire. Ça fait une semaine qu'elle me suit partout, rendant ma tâche encore plus complexe.

Ne rien laisser transparaître.

Sans même me consulter, elle me contourne pour entrer dans ma chambre. Elle s'allonge aussitôt sur le bord de mon lit, et je me fige sur le pas de la porte. La voir comme ça, son corps à peine vêtu enroulé entre les draps, ça suffit pour me désorienter. Je dois lutter pour ne pas laisser mon esprit errer.

Reprends-toi.

Je suis tenté de retourner m'asseoir sur mon lit et reprendre mon livre. L'ignorer. Cependant, à la place, je referme la porte et m'adosse contre. Je ne me fais pas confiance sur le fait d'être dans le même lit que Saska, même si c'est complètement innocent. Son corps est le rêve de n'importe quelle personne censée. Ses tresses blondes, assez longues pour traîner sur ses hanches, forment un magnifique halo autour de sa tête. Les courbes de ses hanches ne sont cachées que par un minuscule short. Je peux même déceler un bout de ses colliers de hanches, un entrelacs séduisant de perles dorées et de chaînes. Fidèle à sa dynastie, Saska a de l'or partout sur son corps ; dans les minces anneaux de ses cheveux, dans son piercing au nez, mais surtout dans l'immense quantité de bagues qui orne toujours ses phalanges.

En la regardant au premier abord, elle ressemble à une adolescente un peu excentrique. Seulement, rien qui ne touche sa peau n'est en toc. Vu la manière dont son père la gâte, je suis sur que quiconque déroberait la totalité de ses bijoux à l'instant finirait millionaire.

Saska est beaucoup trop luxueuse pour son propre bien.

Même son corps a l'air d'un luxe. Mes yeux errent sur sa bouche pulpeuse, ses yeux boudeurs et déterminés qui pourraient avoir n'importe quoi. Sa peau est d'un noir si brillant, si soyeux que j'ai envie de passer les mains dessus. Envie d'embrasser chaque centimètre d'elle.

A cet instant, j'en suis convaincu ; je n'en aurai jamais assez.

Quand je trouve le courage de quitter son corps des yeux, les siens sont déjà sur moi. Il y a quelque chose dans ses yeux, une détermination qui me coupe le souffle. Mon palpitant s'affole. Je suis tout d'un coup monstrueusement conscient de la situation.

Saska. Dans ma chambre. Rien que nous deux.

Si je tentais quoique ce soit, ce ne serait certainement pas elle qui m'arrêterait...

Ce serait si facile de craquer.

Comme si Saska entendait mes pensées, elle s'allonge plus largement. Ça n'a jamais été son truc, la gêne. Ne parlons même pas de la notion d'espace vital.

Elle ne lâche pas mon regard, pas même l'espace d'une seconde. Elle n'a même pas encore dit un mot, mais ses yeux remplis de désir et de luxure... c'est une incitation au péché, auquel même le plus pieux ne saurait résister.

Je me demande même par quel miracle je n'ai pas encore cédé. À chaque seconde qui passe, la tension s'alourdit, comme un poids contre ma trachée. Nous nous jaugeons en silence, imaginons ce qui pourrait arriver si nous nous débarrassions de nos inhibitions. Le sourire moqueur qui ornait ses lèvres fond, remplacé par une expression de désir béat qui me donne envie d'arrêter de me battre.

RUSSIAN ROULETTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant