Le Dancing (réécrit)

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D'aussi loin que les rouages de ma mémoire puissent remonter, des flashs me remémorent que ma situation n'a pas toujours été la même. Pourtant, il semble que je sois dans la merde jusqu'au cou.Bercée par le bruit des bottes militaires martelant le sol, mes doigts se crispent autour du métal froid d'une clés rouillée, attendant le rendez-vous fatidique qui pourrait bien annoncer ma fin. 

L'air qui s'engouffre dans mes poumons sent la poussière et l'odeur des corps en putréfaction, il n'y a pas d'aération. Un savoureux mélange, donc. Mais je profite de chaque bouffée, elles pourraient être mes dernières. Est-ce qu'il fait encore jour ? Je suis enfermée dans ce sous-sol depuis des heures, j'ai perdu le compte depuis bien longtemps. Il n'y a aucune fenêtre, dans cette usine de la mort. Seulement des néons agressifs. Aucune horloge. Aucun moyen de quantifier le temps qui passe. 

Je dois être partie avant la nuit du 26 juin si je ne veux pas qu'ils se doutent de quelque chose. Est-ce que nous sommes toujours le 24 ? j'ai dormi. Peut-être que nous sommes le matin du 25 ? Il n'y a pas foule dans les couloirs, ça pourrait s'expliquer. Est-ce que je serai encore vivante d'ici jeudi ? Va savoir, ces questions vont me rendre folle. 

Les visages de ceux que je croise dans cet entrepôt se fondent derrière l'uniforme imposé. Des lunettes d'aviateurs teintés cachent les yeux des soldats, un masquenoir recouvre le bas de leur tête, nous n'avons aucun moyen de nous reconnaître si nous venons à nous croiser dans la rue ou n'importe où ailleurs qu'ici. Je ne sais jamais si ceux qui tombent au combat sont des gens que je côtoie. Je ne sais jamais si je suis responsable. Révéler notre identité est passible de mise à mort par nos dirigeants. Des murmures accueillent mon passage au seins des tunnels gris monotone. 

Les autres ne savent pas qui je suis mais ils connaissent mon matricule, le numéro maudit. Le « 212 », voilà ce qu'ils voient, cousu en grand sur la gauche de ma poitrine, au-dessus de mon cœur. Cette règle est vraiment débile... Connaître mes compagnons n'entacherait jamais la loyauté que j'ai pour la Pyria, ça ne nous abaisserait juste pas à de simple numéros. Si j'avais eu le choix, je ne me serais pas engagée. Pourtant, il n'y a plus de retour en arrière possible. Ici, la seule démission acceptée est la mort. Et il se pourrait que ça ne m'arrive plus vite que prévue. Bientôt, je rejoindrai peut-être la pile de corps dans la morgue. Quand je vois mon grand-frère, il m'arrive d'être prise de regret...

Mais c'est ça ou la destruction. Ça ou l'anéantissement de notre peuple. Ça ou la fin de nos idéaux. Ça ou... Je ne préfère même pas y penser. Mon frère comprendrait. Je me suis engagée parce que je refusais que notre royaume tombe dans les mains d'incompétents. Parce que je méritais mieux. 

Parce qu'elle n'est rien d'autre qu'une putain d'hypocrite vindicative. Je n'aime pas les pleureuse. Cette garce, je la veux morte, le cou écraser par ces ignobles bottes qu'on me force à porter. Je serais l'origine de sa chute. Je creuserais sa tombe. Je veux être son pire cauchemar. Je veux être celle qui nous sauvera de cette femme.

J'arrive enfin par trouver la salle où  je suis attendue. Tant mieux. J'aurais tué quelqu'un si j'avais encore eu à entendre ces messes basses. Nos supérieurs ne punissent pas les meurtres. Qu'est-ce que j'en aurait eu à foutre ? Rien. Est-ce que j'aurais eu des regrets ? Définitivement pas. 

Quand j'entre dans la pièce, l'air conditionner m'apporte un léger réconfort inestimable. Je commençais à étouffer. La puanteur est moins forte ici. Ma clés retrouve sa place dans ma poche pendant que je scrute ceux assis autour de la table de réunion, certains abordent fièrement une bandedoré sur le col leur polo noir ébène ; des sergents. Le plus haut grade se tient à ma gauche, trois bandes bleus me décrivent qu'il s'agit d'un lieutenant-colonel. Merde. Cette histoire va mal finir.

L'As De SongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant