La Tombe (réécrit)

25 3 0
                                    


Quand la porte de l'établissement a claqué derrière moi, j'ai voulu tout laisser sortir. La haine contre Sophie, la rancœur envers mon père, le regret pour Jules, la jalousie face à cette fille, la détresse pour Chester, l'exaspération pour les demi-dieux, la tristesse pour de grand-maman,tout. Tout ce qui faisait que ma vie est aussi merdique qu'elle en a l'aire. 

J'auraistellement aimée. Alden m'a dit un jour que craquer, laisser le trop plein desentiments sortir pour enfin être en accord avec eux faisait un bien fou. Ilimplose souvent. Je l'envie. Moi je n'implose pas, j'explose.

C'est pour ça que je me suis toujours interdite les sentiments négatifs, depuis que j'ai su ce qu'ils faisaient. Ça n'apporte que la destruction, le massacre, le vide. Je l'ai compris très tôt, après que mon père soit arrivé avec un nouveau-né, un soir de novembre. Ma sœur. C'est ce qu'il prétendait. Il avait revu ma mère sans penser à me la présenter. Elle ne voulait pas du bébé. Comme elle n'a pas voulu de moi. 

Et j'ai été oublié. Ignoré face à l'enfant miracle. Qu'avait-il de "miraculeux", ce foutu avorton ? Ma famille ne me parlait plus, mes demi-frères et demi-sœurs ne me prêtaient plus attention, mon père ne se souciait plus de moi.  A sept ans, on m'a laissé me démerder seule, comme si j'étais déjàadulte, à croire qu'ils ne savaient rien sur la manière d'élever une gosse. 

Quand j'ai commencé à réclamer un peu d'attention à mon père, comme tout enfant, environ un an après la venue de ma sœur, il a pris la décision de me jerter. Je n'étais -à ses yeux du moins- « pas sa fille », il a refusé et devant mon insistance, m'a foutu à la porte. 

J'étais une gamine d'à peine huit ans, à la rue, sans un rond, sans famille, sans destinations et avec pour seule certitude celle de crever dans d'atroce souffrance. Je savais pas ce qu'était un orphelinat. Je me voyais déjà être attaqué par des monstres et mourir seule, dans une ruelle délabrée empestant la pisse. Mais émotions ont pris le dessus. 

Et c'est là que ça a commencé. Et je me suis promis d'éviter de tout évacuer une seconde fois. Je mesuis rendu chez mes demi-frères et demi-sœurs, les uns après les autres, ilsm'ont tous dégagé. J'ai fini par craquer en plein milieu de la rue. je me suis promis d'éviter de tout évacuer une seconde fois. Spencer était là, il avait tout vu.

Il a vu l'état de l'avenue, des habitations, de tout. Il a tout faitpour cacher ce qu'il s'était passé. Avant que je réalise quoi que ce soit, iln'y avait plus rien autour de moi. Avant que je réalise quoi que ce soit,j'étais dans les bras de mon frère en train de fuir. Le gérant devait savoirquelque chose que j'ignore, encore maintenant.

Aujourd'hui, j'ai envie de recommencer. Si c'était possible, sans risquer d'en arriver à des extrêmes.

Je déambule sous le soleil de juin, les étés sont chauds ici. L'astre tape sur ma peau, semblant me brûler comme le bacon de ce matin.

La rue est calme, à cette heure, tout le monde travail. Et le temps ne donne pas envie de risquer un pied dehors. De rares courageux se promènent, passent avec leurs chiens, récupèrent leurs enfants, sous les bruits de moteur des quelques véhicules. 

Le Mythic's n'est pas dans une rue très agitée. Mais il est proche de plusieurs établissements scolaires, ce qui est indispensable pour la sécurité des demi-dieux.

Un jeune garçon passe avec sa mère, énergique, il court et saute tout autour d'elle. Il me regarde, sourit et lève sa petite main potelée pour me saluer. Je l'imite. L'enfant prend peur, appelle sa mère, se blotti dans ses bras, ils partent en quatrième vitesse.

J'ai montré ma main blessée, comme une idiote. C'est toujours la même réaction, mon sang effraie les mortels, cause les rires des sang-mêlé et attire le dégoût des dieux. Je n'ai pas ma place dans ce monde. Le mien, est mieux.

L'As De SongesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant