IX. Peur

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Un dernier souffle.

Juste un dernier souffle. Voilà comment sonnait sa respiration. Comme si elle cherchait juste à éviter le dernier souffle.

Son cœur à l'agonie rythmait mes pensées. Je ne savais quoi faire. Et dorénavant le mien accompagna cette mélodie. Le sang qui se déversait de mes genoux à cause du verre ne me faisait pas le plus grand bien non plus.

Mais étrangement, j'avais le sentiment que le liquide qui s'y échappait en rejoignait un autre.

Je comprenais le pressentiment de Lucas, et je décidai donc de rebrousser rapidement chemin pour l'inciter à rentrer. Il me suivit, et étonnamment il pensa à faire une chose sensée auquel je n'avais pas songé. Simplement allumer la lumière.

Mais je pense que j'aurais préféré que l'obscurité reste.

Elle avait le bras gauche ensanglanté, le visage baissé sûrement preuve d'une inconscience. Et me voilà désormais incapable de réfléchir, de bouger ni même de voir. Je sentais mes jambes se dérober à cette vision.

J'allais la perdre, mais cette fois à jamais.

Je couru vers elle, ignorant mes genoux douloureux et mon corps encore sous le choc.

Je plaçai mon doigts sous ses narines pour essayer de sentir un quelconque souffle, et il n'avait pas changé, toujours en train de chercher à se réguler.

J'hurlais à Lucas de prévenir les secours, mais je craignais qu'ils arrivent trop tard avec le monde dans les rues.
Pourtant je sais pertinemment qu'il ne faut pas que je la bouge... Mais là...

J'étais secrètement en train de paniquer, Lizzie venait d'arriver, je l'avais entendu à son cri d'effroi étouffé en entrant. Mais pourtant, elle avait repris ses esprits plus rapidement que moi.

- « Scarlett, on ne peut pas la laisser là. Les secours sont overbookés, Lucas me l'a dit dès que j'ai su me calmer, alors je pense que si ici c'est son commerce, au dessus c'est logiquement son appartement. Alors je vais prendre de l'avance pour vérifier ça via les boîtes au lettres, pendant ce temps là tu te reprends Scar' et avec Lucas vous l'amenez chez elle. On s'en occupera là bas. »

Je n'ai pas eu le temps de répondre qu'elle appliquait déjà ses paroles.

Je trouvais ça tellement inconscient de faire ça. Mais que pouvions nous faire d'autre ?

Overbookés ou non, pourquoi ils n'interviennent pas ? Pourquoi ne me suis-je pas concentré que l'appel de Lucas plutôt ?
Si ils sont surchargés, c'est sûrement dû au monde dans les rues. Ses plaies ne sont que superficielles. Et on ne va pas provoquer un « fifty one fifty » tout de même. Je sais que ça provoquerait un internement sûrement immédiat, et je la perdrais. Elle doit voir que je peux prendre soin d'elle et apaiser son corps au lieu de le crisper. Elle doit voir qu'elle peut me redonner sa confiance, et ça ne passera pas par la case de l'hôpital psy.

~

J'avais un mal de chien, pas pour mes coupures que je ne sentais plus si douloureuse, mais plutôt au niveau du cœur. Je sais que c'est son odeur. Comment j'aurais pu l'oublier alors que je portais ses sweats à longueur de journée ?
La savoir si proche, c'est enivrant.

Mais pourtant je crois la détester. Je crois ?

Peut-être plutôt je croîs. Je pensais la détester et c'est ce sentiment qui m'a fait croître, grandir.

Sa main peut guérir toutes les blessures, elle le pouvait en tous cas. Alors peut-être peut-elle refermer les lésions qu'elle a causé ?

Ma vision était sombre, froide, mais pourtant des contacts d'amis me réchauffaient. On change d'endroit, mais je me laissa bercer. Ils me sauveront.

It was forever, would it ever be again ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant