It was forever, would it ever be again ?

XVI. Procès

Voilà déjà une semaine que j'ai confié mon futur à Scarlett. Et depuis une semaine, je retrouve la personne qui m'avait charmée ; une femme aux petits soins. Mais alors que le procès sonnait son entrée, ma vie souffle sa rédemption.
Seule face à ma famille, personne derrière moi, je ne sais même pas ce que l'avocat à mes côtés va bien pouvoir servir. Je veux m'en débarrasser, et profiter du service juridique du pays. Je dilapiderai mes économies pour indemniser ma sœur, alors que l'on devait les dépenser ensemble, avec l'enfant qu'on m'accuse d'avoir conduit à la mort.

Cet endroit froid m'angoisse, ce bois tout autour de nous ne réchauffe en aucun cas l'ambiance de la pièce. Tous les regard sont sur moi, tournés vers l'accusée. On parlait depuis tout à l'heure, sans que je ne me concentre sur les paroles.  C'est simplement leurs couteaux aiguisés qu'ils lançaient qui me sortirent de ma transe anxiogène. Leurs pupilles des plus noires me tuaient. Je mourrais des coupures que cela m'infligeait.

Elle fut la première à prendre la parole, pour m'achever sans vergogne. Mais ses mots ne me parvinrent pas, mon corps était fermé a tous les sons désormais, l'angoisse était montée. On prononçait ce pour quoi nous étions là, ce qui va m'arriver, ce que je vais avoir à payer, mes économies qui vont s'envoler.

Je m'en fou de tout ce qu'on peut me demander, j'ai les économies d'une vie disponible pour me débarrasser de cette histoire empoisonnée. Ce poison, l'enlèvera-t-elle de mon corps lorsque mon heure aura sonnée ?

Ma respiration était saccadée et ma vision devenait de plus en plus obscure, à mes cotés mon avocat parlait en mon nom, de l'autre ce qui était ma sœur me dévisageait. Scarlett arrivait.

Son retard m'arrangeait, car en faisant une entrée si fracassante, elle me sortit de mes chaînes d'anxiété. Son sourire eut l'effet d'une contagion en mon corps. Elle s'assit sur le banc juste derrière moi, une simple barrière de bois haute d'un mètre nous sépare. Pour la première fois depuis de longs mois, je voulais lui courir dans les bras, m'y réfugier et pleurer jusqu'à que les yeux me brulent et que mes larmes m'en manquent.

Au bout d'une heure, mon stresse ne descendait toujours pas, mais j'étais redevenu bien plus attentive depuis l'arrivée de la femme qui m'avait déjà envoyé dans ce genre d'endroit. Deux femmes, que je considérais dans ma famille me trainent dans un lieu d'angoisses et d'injustice de vie. À chaque fois je m'efforce de perdre, celle qui était ma fille, Rose, celui qui était mon neveu, Nicolas, celle qui était ma sœur, tous perdu par ma faute.

La sentence tombe enfin, comme une réelle délivrance alors que cela m'enchaîne au travers d'une vie écourtée. Une lourde amende, une interdiction d'approcher la personne qui m'incombe de ce sort, et un traumatisme impossible à guérir pour moi.

Le juge reconnaît mon innocence sans la reconnaître. Je suis simplement coupable d'avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment, je suis accusé de ma malchance.

Le coup final retentit, la salle se vida progressivement, mais les muscles refusèrent de bouger ; je me sentais morte, molle et incapable.

Le froid m'atteint, la raison me perd. J'étais inconsciente dans la conscience même.

Je me sentis bouger, aidée par elle. Qui d'autre le ferait ?

On était dans une voiture, mais nous ne bougions pas. Je ne savais si les paparazzi et stalkers nous avaient accostés à la sortie. J'entendais rien, comme si mes oreilles étaient inexistantes. Aucun de mes sens n'étaient d'humeur à répondre de leur fonction.

Je suis absente.

Alors qu'Alice semblait dans un autre monde, je le prenais sous mon aile. Jamais autant de monde n'avait couvert un procès dirait-on. Savoir que c'est l'ex de Scarlett Johansson qui est accusée renfloue toutes les théories. Le vaisseau des médias qui était autrefois échoué est désormais de nouveaux sur les mers des rumeurs.

Le monde entier verra sûrement la manière dont j'ai soutenue Alice. Presque je marchais à sa place pour l'amener dans la voiture. Je ne savais si elle était prête à être dans un lieu si clos avec moi, mais il fallait l'éloigner.

La voiture démarre. J'évite le regard avec elle, mais je garde ma main dans la sienne, simplement lui rappeler que je suis là, mais que je la respecte. Ça me rappelle surtout un premier rendez-vous.

On avait quitté une projection, Ça devait faire 3 mois qu'on flirtait ensemble sans jamais rien avouer ; mais je l'avais invité à une avant-première. A vrai dire, me souvenir du film était difficile, tant c'est pas le film que je regardais.

Je jouais dedans, autant admirer une chose que je devais encore apprendre à connaître.

Elle, pourtant, n'avait jamais sentie mon regard, mais lorsqu'elle s'en rendit compte lors des derniers moments, elle me poussa l'épaule pour que je reprenne mes esprits. La voilà qui déjà me regarder pour un comportement dérangeant. En y repensant, c'était pervers de la regarder ainsi pendant autant de temps. Surtout avec sa garde baissée.

Fan de cinéma, une fois le film commencer, c'est rare qu'elle y décroche son intérêt.

Les bâtiments de New York défilaient par la vitre. Enfin, à très faible allure. Presque plus maintenant. La joie de vivre dans la Big Apple, courage et patience pour rentrer chez soi.

Le bruit du moteur latent devenait quelque peu insupportable, et alors que je trainais toujours des yeux à l'extérieur, ma main sentit une pression. Alice était de retour.

Voyant qu'on était loin de pouvoir avancer, elle se détacha et vint dans mes bras. Puérilement, je passais un bout de ma ceinture autour de son corps comme le pouvait, comme si ça la retiendrait de quoi que ce soit. M'enfin, c'était déjà ça j'imagine.

C'est toujours silencieux entre nous, les gestes suffisent aux paroles. Alors que son cœur battait dans la poitrine où se trouvait le mien, nous pouvons enfin reprendre la route normalement.

Elle se replaça donc, le visage fermé, presque vide et blanchâtre.

Je lui parlerais une fois raccompagnée chez elle.