I. Quelle vie de merde

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La nuit s'offrait à moi alors que je recevais un énième message de Liz'. Elle, qui ne semblait pas connaître le décalage horaire, n'a pas l'air d'avoir compris non plus que je ne répondrais pas. J'ai besoin de me créer une nouvelle vie, et si ce n'est pas possible, je la conduirais tranquillement vers sa fin.

J'ai du me séparer de ma femme. De ma folle d'ex-femme plutôt.
J'ai toujours le sentiment de sentir sa main sur ma joue encore traumatisée. Je n'aurais jamais pensé que ce geste aurait été possible de sa part. Et jamais la raison qu'elle aurait pu me donner aurait été valable.

Mais il y a surtout quelque chose que je ne comprends pas. Pourquoi je me retrouve là, presque un an après à me refaire une énième fois la scène. Comme si je n'avais pas guéri.

En même temps comment pourrais-je guérir avec une meilleure amie qui me tiens constamment au courant de la vie de Scarlett sans le vouloir ?
Et je me doute qu'elle faisait la même chose avant que je ne parte pour Londres.

J'ai complètement changé de vie mais je n'ai pas l'impression que c'est quelque chose de nouveau qui s'offre à moi.
Nouveau métier, nouvel appartement, nouvel entourage. Mais à la fois non.

Mon travail est scénariste, les livres que j'ai écrit les années passées vont être adaptés au cinéma. Un producteur m'a donc proposé de co-réaliser son film et d'ensuite continuer à travailler ensemble en écrivant ses futurs scénarios.

Mon appartement possède le même style que celui que nous avions ensemble. J'ai acheté des meubles similaires, l'agencement est pareil, la vue est aussi précieuse que l'ancienne. C'est comme si rien n'avait changé, comme si c'était elle qui était parti et pas l'inverse.

Il n'y a pas de nouvel entourage, je ne connais personne à l'exception de mes nouveaux collègues. Je n'ai fait que fuir l'ancien.

Comme j'ai toujours su fuir.

La brise calme et fraîche de la nuit m'apaise. J'ai constamment le besoin de me sentir respirer depuis le divorce. Comme si ses poumons avait été les miens et que maintenant ils manquaient. J'ai aussi un manque de calme dans mon esprit. La discussion tourne en boucle dans mon inconscient, et lorsque j'en prends conscience, mon coeur s'emballe, se tord et sort de mon thorax. Du moins c'est le sentiment que j'en ai. Et ceci me provoque crise sur crise.

Ça m'a changé pour toujours. Je ne suis plus la même femme. J'ai cessé de l'être au moment ou sa main a percuté mon âme elle-même.

L'amour n'est pas une chose d'âme-soeur. Ni quoi que ce soit. L'amour n'est pas la paix de l'âme qu'on décrit. Ou alors cette paix n'est qu'une guerre déguisée, qui ne demande qu'à éclater. Deux âmes ne dansent pas ensemble dans un couple, elles s'entrechoquent, à la manière des étoiles devenant des supernova.

Je décide enfin de rentrer dans mon appartement pour aller dans les bras de Morphée, mais c'est au moment où j'étais le plus proche de m'endormir que mon téléphone vibre.

Je pris la décision de ne pas regarder supposant que c'était Liz' mais je fus obligée de le faire puisque je reçu un appel.

- "Bonsoir, vous avez vu l'heure ?"

- "Madame, il est 20h. Personne ne dort à 20h à New York, c'est bien connu."

Les joies d'un forfait à l'international...

- "J'habite à Londres, très cher monsieur..." dis-je sur un ton sarcastique.

- "Alors cela va poser problème. Votre fille est à l'hôpital et nous sommes incapable de joindre votre conjointe."

- "La blague est d'assez mauvais goût, je n'ai aucune fille sous ma garde et je suis divorcé depuis bientôt un an. Trouvez un autre soi-disant tuteur légal et laissez moi dormir."

- "Rose Dorothy Johansson... Votre nom ne sort que de sa bouche quand on lui demande qui d'autre que sa mère pourrait venir."

- "Non mais la blague ! Mais qu'on me foute la paix avec Johansson. NOUS NE SOMMES PLUS MARIÉES ! Alors vous donnerez mes plus humble excuses à sa fille mais je n'ai plus rien a voir avec leur famille."

Et sans me faire prier, j'avais raccroché. Sérieusement, elle ne m'a pas oublié la petite. Pourquoi Scarlett n'a pas inventé un mensonge me disant morte ou je ne sais quoi pour que je sois tranquille.

Quelle vie de merde.

A cause de cet incident ma foi malchanceux, je n'ai pas réussi à fermer l'oeil de la nuit. La colère, la rancune mais aussi l'incompréhension m'en avait empêché. Et ce qui me sorti de mon inconscient c'était un timide rayon de soleil.

Mais en voyant cela je saute de joie. C'est si rare une matinée ensoleillée en ce moment qu'il ne suffit de rien de plus pour que ma "bonne" humeur revienne.

Je souffle un bon coup avant de me rendre à l'intérieur du studio. Je n'aime pas le monde et comme la vie aime m'offrir joie et gaieté, et bien mon nouveau travail m'oblige à côtoyer bon nombre de personnes. Je ne suis que contradiction j'ai l'impression.

Je finis par rentrer et aller saluer mon acolyte. Lucas de prénom est celui avec qui je vais travailler pour un moment. Le fameux scénariste.

- "Alice ! Te voilà, dieu merci sans toi les conversation sont dénuées de sens et d'intérêt."

- "Oh je n'en doute pas Lucas, qu'est-ce que le monde ferait sans moi ?"

Absolument tout. Je ne suis rien dans un monde si grand.

- "Eh bien sache que le monde pourrait s'arrêter de tournée pour beaucoup de monde si tu disparaissais."

- "Quelle beau parleur. Bref de quoi parliez-vous ?"

- "Du casting. On a déniché une perle rare ! Parfaite pour le rôle d'Emy dans ton romain."

- " Je te promets que si tu me sors une célébrité d'Hollywood ça ne va pas le faire."

Pitié j'en connais trop. Eloigne moi de ma vie d'avant.

- "Mais... enfin tu rigoles j'espère, cela ne fera qu'augmenter notre visibilité. Et puis cette actrice est connu pour faire que de très bon film !"

- "Parles-tu de Florence Pugh ? C'est vrai que des films d'auteur elle en a fait pas mal."

- "Non mais je vais essayer de la contacter, car maintenant que tu parles d'elle, le personnage D'Isabella lui irait à merveille."

- "Tu ne penses pas qu'une seule star suffirait ? Et tu veux bien cracher le morceau, je vais finir par t'égorger à force."

- "C'est Scarlett Johansson."

Ok la vie veut que je me tire une balle. Les astres se sont alignés contre moi.

Je ne dis rien, un simple sourire crispé se lit sur mon visage. Alors que Lucas traduit ceci comme une approbation, j'avais l'envie de m'enterrer six pieds sous terre. J'ai le sentiment désagréable qu'on reproduit une course poursuite toxique.

Suis-moi,  je te fuis. Fuis-moi, je te suis. Que c'est merdique et peu romantique. Aucun intérêt. Mais la vie semble être comme ça. Du moins envers moi. J'ai couru après Scarlett au début de notre histoire, maintenant la vie la fait me poursuivre une fois que le livre est fermé.

Je n'ai pas écrit un nouveau chapitre après ce jour là. J'ai posé le point finale et fermé à jamais le romain. Un romain fantastique, qui parle d'un imaginaire que nous avons partagé mais qui n'a jamais été réel.

Je  suis en train d'écrire une nouvelle histoire, mais elle va réussir à y écrire la sienne.

It was forever, would it ever be again ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant